La commission vérité et réconciliation : premiers jours de débat public : La Commission des indemnisations : un château dans le sable ?

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C’est l’ancien Président Joachin Chissamo qui aurait dit un jour : «La gouvernance n’est pas un produit fini». Avec les deux Commissions qu’elle entend mettre en place, on peut dire que c’est maintenant que la Transition a perdu sa virginité politique et que dans la tête de nos concitoyens,  le gouvernement n’a plus droit à un traitement de faveur. Il faudra onc bien qu’il se montre prosaïque.

La question existentielle, si l’on peut dire, est celle-ci : la politique peut-elle être juge de la sincérité ? Ne dit-on pas que les idéalismes blessés sont ensuite les pires des accusateurs ? La Commission Dialogue et Réconciliation (CDR) annoncée est censée faciliter la recherche de voies et moyens susceptibles de sortir le pays de crises récurrentes. Voilà ce que nous dit le communiqué du Conseil des ministres. Sa durée est donnée, on connait ses moyens et elle sera placée auprès (ce qui est différent de sous l’autorité) du Président de la République par intérim. Question : la créature échappera-t-elle à son inventeur ? On ne peut donner des leçons sur le mérite : c’est bien ce qu’on entend dans les termes de recrutement. Ladite Commission) doit avoir une stratégie de boomerang. Elle doit déchiffrer et non consoler. Dans tout récit du passé, on s’accorde sur le fait que tout retour en arrière dans l’histoire (qu’elle soit immédiate ou non) n’est utile que s’il fonctionne comme un boomerang pour comprendre le présent. On ne pourra «identifier et proposer des solutions (autrement) pour des actions renforçant la cohésion et l’unité nationale», comme dit le texte du communiqué. La Commission sera donc un témoin et un symptôme du temps. Enfin, ce sera une Commission, nous rassure-t-on, qui n’a pas encore le pouvoir de droit commun, mais doit seulement servir à la domestication de l’imprévisible. Avec la séquence attendue et programmatique (le gouvernement n’a de date à la bouche que la fin du mois de juillet 2013) électoral, la Commission vient lever un autre masque. Le cœur de tout engagement citoyen se situant désormais dans deux Commissions où on ne deviendra plus un ordinaire professionnel de la politique politicienne qu’en passant par cette case départ.

Les Commissions chercheront à ce que nos coulisses redeviennent la scène principale où nos concitoyens n’auront plus besoin de soupçonner

Dans cette Commission, il manque le mot Vérité. Pourquoi ? Il n’y aura plus qu’à regarder cette Commission des indemnisations comme une tâche de salut public. Question : le projet est-il seulement bancable ? Si elle a lieu, l’entreprise ne doit pas tourner à la pantalonnade. L’époque actuelle n’a rien à voir avec l’après mars 1991. Ce qui a été vu alors comme une vision d’avenir n’a été qu’un désir de plus. Les sirènes politiciennes vont retentir pour savoir qui ferait partie de l’attelage. Si une telle démarche était entreprise aussitôt après la mise en place de la Commission, elle ne sera ni fouillée ni aussi amusante qu’elle pourra l’être. On affleure à peine, comme disait l’autre, l’écheveau de facteurs culinaires et nous ajouterons d’autres subcultures propres à nos regroupements politiques et sociaux. Attention donc à ne pas glisser dans une veine du pittoresque ! Peut-on porter le droit d’inventaire de tout ce qui s’est passé durant ces deux dernières années comme une relique ? Si oui, on passera commande à la terre entière des politiciens ! Et puis, cette Transition voulait tout dire avant de pouvoir tout faire. Or en politique, le dernier mot revient toujours aux actes.

S. Koné

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