La classe politique vouée aux gémonies

7

Selon le dictionnaire Larousse, le mot politique vient de Polis, qui signifie ville. Ainsi, la politique est définie, par les experts en science politique, comme l’art de bâtir la cité. Et ce, à travers des institutions fortes et stables, une économie solide, dont les fruits profitent à tous les citoyens. En Afrique subsaharienne, le Sénégal et le Ghana en sont l’éloquente illustration.

Mais sous nos cieux, la classe politique est discréditée. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Considérés, comme le moyen le plus facile d’accéder au pouvoir ou à des privilèges, les partis politiques foisonnent. On en compte, déjà, plus de 150 dans un pays d’à peine 15 millions d’habitants. Soit un parti politique pour 1000 Maliens.

L’écrasante majorité des partis politiques maliens ne disposent ni de siège, ni de militants. Pour tenir leurs prétendus congrès, ils sont obligés de faire appel à des chômeurs, rétribués au lance-pierre, pour remplir leur salle.

Aussi, 99, 5% de ces partis politiques sont méconnus du citoyen qu’ils  sont censés servir. Ou, au nom duquel ils parlent. Un citoyen qui ne les entend qu’à la veille des élections. Pas pour défendre son droit à l’éducation, aux soins de santé, à la sécurité….Mais pour prendre place autour de la mangeoire nationale.

Ils sont rares, comme la neige à Kidal, ces leaders politiques qui n’ont pas pompé dans la caisse de leur ministère. Ou du service, dont la gestion leur a été confiée. Surfacturations, attribution des marchés publics de gré à gré, détournements, vol et viol du bien public….tout y passe. En toute impunité. Avant de narguer le peuple, les « Miens d’en bas », à bord de leurs luxueuses bagnoles, aux vitres teintées.

Résultat : pour le citoyen lambda, l’homme politique n’est, ni plus, ni moins, qu’un « voleur ». Un « Saigneur » des finances publiques, couvert par une impunité qui ne dit pas son nom. Ils pompent des centaines de millions CFA, voire des milliards, sans avoir à rendre compte, un jour, devant la justice. Pendant ce temps, des voleurs de poule croupissent en prison. Sans espoir d’être jugés un jour.

Autant de comportements, de pratiques, qui expliquent les abstentions-record pendant les élections. Mais aussi, le désintéressement des citoyens vis-à-vis de la chose politique. Conséquence : aucun parti politique n’est, à ce jour, capable de mobiliser ses militants, las des promesses sans lendemain.

C’est pourquoi, nombreux sont les Maliens qui ne veulent plus entendre parler des hommes politiques. A la veille de la formation du gouvernement de transition, près de 90 % des Maliens ont réclamé la mise à l’écart des hommes politiques. Lesquels seraient, selon eux, sont à l’origine de la situation actuelle de notre pays. Un pays, dont les 2/3 du territoire sont occupés par des terroristes, qui massacrent les populations civiles et  violent les femmes, au gré de leur humeur. Pourquoi les partis politiques, surtout ceux représentés à l’Assemblée nationale, n’ont pas exercé leur droit de regard sur la gestion de la cité, durant les deux mandats d’ATT ?, s’interrogent nos concitoyens, tiraillés entre colère et indignation. Pourquoi n’ont-ils obligé ATT à doter nos soldats d’armes adéquates ? Pourquoi nos leaders politiques ont failli à leur mission ? La réponse coule de source : par peur de perdre leurs privilèges.

Aujourd’hui encore, ce sont les mêmes qui donnent de la voix, pour figurer dans le gouvernement d’union nationale. Alors qu’ils trainent leur passé, comme un boulet à leur pied.

Une certitude quasi-absolue : les Maliens, dans leur écrasante majorité, ne se reconnaissent plus dans leur classe politique. Une classe politique, désormais, vouée aux gémonies. Requiem !

Oumar Babi 

Commentaires via Facebook :

7 COMMENTAIRES

  1. Merci babi pour avoir écrit la voie des sans voies. c’est exactement ce que le pauvre citoyen lamda pense et a dans sa tête. maintenant nous devons nous mettre au travail pour que ce pauvre sache comment militer dans un parti politique digne de patriotisme! atelons-nous à cela!

  2. Si on exclu toute la classe politique, aucun gouvernement crédible ne pourra être formé au Mali; personne ne prendra ce gouvernement eu sérieux en tout cas tant il sera folklorique; seuls les hommes politiques constituent les vraies forces vives de ce pays. Sur 10 maliens vous ne trouverez pas 1 malien bien formé et compétent pour comprendre les dossiers en déhors de la classe politique. Car il faut être formé et ambitieux pour faire de la politique. C’est cela la “vraie” vérité.
    Dans tous les pays du monde c’est ainsi: par exemple, en France Juppé est parti et revenu plusieurs fois et à chaquefois qu’il part on le voue aux gémonies, mais il revient toujours par ce que les hommes compétents et d’envergure ne courent pas les rues. Et dans ce pays, la sécurité des revenus se trouve dans le mandat politique: un députés français dispose de revenu minimum substantiel à vie, assorti d’une couverture sociale confortable. Il en est ainsi partout dans le reste du monde. Dans les pays anglo saxons, la reconversion est la règle d’or, elle permet à un ancien homme politique de se faire de l’or en barre dans le consulting et l’administration d’Etat.
    Alors pourquoi voulez-vous les hommes politiques maliens soient l’exception. Au fait vous demandez à ceux qui se battent nuit et jour y compris dans le contexte actuel si difficile, de le faire gratuitement comme si un seul d’entre vous serait prêt à un tel sacrifice.
    N’éxagerons pas, autant il ne faut pas tolérer les détournements de fonds publics, autant il faut mettre à l’abri du besoin un responsable politique durant l’exercice de ses fonctions au service de la nation: c’est IBK qui a porté le traitement du président de l’assemblée nationale de moins de 10 millions à plus de 20 millions par mois. Excusez du peu !
    A moins de prendre ses désirs pour la réalité, Monsieur Babi, les hommes politiques dignes de ce nom ne laisseront jamais la place pour quelqu’un qui ne se bat pas pour la gagner; car certains ont sacrifé leur vie pour conquérir la démocratie, ils n’ont aucun complexe quand la presse martèle à longueur de papier; la corruption, le discrédit de la classe politique. Nous sommes au Mali, puisqu’il n’y a pas mieux dans les autres catégories sociales; alors, les maliens méritent leurs hommes politiques, ils sont à l’image des citoyens que nous sommes.

  3. Chers compatriotes, le Mali n’est et ne sera une sous préfecture de qui que ce soit.
    cependant, il est temps qu’onvoit les choses de façon claire et objective.
    A ce jour, le pays est confronté à deux crises sans precedant: au Nord l’occupation des regions du Nord par les islamistes et au sud par des querelles incensées causée d’une part par le coup de force du 22 mars et d’autre part par des incomprenhesion des partis politiques qui ne souhaitent le bonheur du peuple malien.
    Selon le chef d’Etat major americain, aucun pays seul ne peut venir à bout , les islamistes, donc une force internationale (CEDEAO+ UA appuyées par des puissances occidentales)
    Bon entendeur, salut!!

  4. un tres bon article Mr Babi,vous avez touche le vrai mal du pays.
    moi je propose qu on organise une grande campagne d informations du peuple ,du plus petit hameau a la plus grande ville ,pour que chacun puisse comprendre la trahison de ces politiciens inconscients depuis 20 ans.sutout ADEMA ET FDR .
    par consequent,ils seront tous condamnes a mort et enterres lors des prochaines elections.

    • Tu peux toujours prendre ta vessie pour une lanterne.
      Seuls ceux qui se battent, qui travaillent nuit et jour obtiennent satisfaction. Et au FDR il y a des hommes et des femmes, qui sont de la race des bosseurs, persévérents et constants. Ceux-là seront toujours récompensés, car Dieu aime les travailleurs, Il dépouille ceux qui dorment tout le temps et qui sont dans une logique de plainte et de revanche permanente. Rendez-vous dans peu de temps !

  5. les maliens doivent organiser un soulèvement populaire pour dire non à ces prédateurs. Qu’un seul d’entre eux ne figure dans le gouvernement. C’est nous maliens qui devons nous exprimer pour ou contre l’entrée dans le gouvernemnt de ces gens. Pourquoi ont-ils besoin de la CEDAO pour rentrer dans un gouvernement? Pour servir la CEDEAO? Il faut résister chers comnpatriotes. Il faut qu’on se révolte.

Comments are closed.