« Qui va se négliger », un propos qui qualifie les réalités de la campagne présidentielle du 29 juillet 2018. Depuis le 7 juillet, la capitale du Mali est sous le feu ardent de la campagne présidentielle.
La capitale et les villes régionales ont un nouveau décor : les banderoles parées de différents slogans accrochées dans les rues, les affiches contenant l’image du candidat collées sur les murs et les panneaux publicitaires plantés aux bords des grandes voies. On aperçoit toute sorte de slogans qui incarnent la vision et les objectifs du candidat. Aucun candidat ne semble alors se négliger sur le plan communicationnel même si certains n’existent que par le nom.
Par ailleurs, deux expressions opposées dominent cette campagne. Il s’agit : « Boua Ba Bla » et « Boua Ta Bla » et dans cette mélodie s’ajoutent la mobilisation des artistes et comédiens de toute catégorie.
Parlant de la population, certains ont déjà choisi leur candidat et sont inlassablement impliqués dans la mobilisation des militants. Par contre, d’autres sont toujours en observation pour bien analyser les programmes ou projets de société des candidats avant la prise de toute décision. Ces derniers restent vigilants et ne veulent plus se faire berner par des politiciens véreux dont l’amour du peuple n’a aucun sens à leurs yeux.
Épris par la quête absolue du pouvoir, la plupart des candidats ne laissent aucune piste en marge. Tantôt, ils rendent visite aux notables et chefs religieux de la ville, tantôt, ils se retrouvent parmi les indigents, dans les lieux délabrés où ils n’ont jamais pensé mettre pieds un jour afin de prêcher la prétendue bonne nouvelle.
En vérité, les promesses de restaurer l’espoir, de lutter contre la corruption et autres sont faites par-ci par-là comme les années précédentes. L’achat de consciences et les manipulations de haut niveau sont des stratégies mises en place pour séduire une grande partie de la foule. Tout semble limiter à des manifestations folkloriques dénuées d’une vision fiable.
Aussi, on constate que le peuple qui se dit désormais éveillé en réclamant la justice et dénonçant incessamment la corruption, se bat pour le gain personnel. Pourquoi un peuple conscient se mobiliserait pour un candidat juste pour un pot de vin? Certainement la recherche du gain facile et le manque de patriotisme. Nous sommes loin du changement longtemps aspiré car un changement collectif passe par un changement individuel.
Au-delà de faire la campagne pour son candidat qui reste un droit, nous voyons à longueur de journée les militants de différents bords politiques se lancer des menaces et injures à travers les réseaux sociaux. Nicolas Machiavel avait bien vu quand il disait dans le contexte politique : « la fin justifie les moyens » dans la mesure où cette histoire de campagne est marquée chaque jour par des montages vidéos et d’images, des propos calomnieux pouvant ternir l’image des candidats.
Aujourd’hui, Bamako ne dort plus à cause de la campagne. Mais, une chose est sure, un candidat parmi les 24 sera élu et le peuple malien devra savoir garder raison, porter le Mali au-dessus de tout et accepter honnêtement celui qui sera appelé à diriger.
Quant au gouvernement et à la communauté internationale, il est plus que nécessaire d’organiser des élections transparentes et apaisées pour éviter une crise post-électorale.
Adama Sagara