L’aveu ahurissant de Dioncounda Traoré : «Je suis coupable, donc je soutiens ATT»

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Si nous n’avions pas soutenu ATT, nous aurions eu l’administration, la justice, la Sécurité d’Etat sur le dos» (dixit Dioncounda Traoré, chef des faux bourdons au cours de l’assemblée générale de la section IV Adema du district de Bamako dimanche dernier). Le sage Amadou Hampaté Bah nous a toujours conseillé de remuer sept fois la langue dans la bouche avant de parler. Apparemment, tel n’est pas le cas de Dioncounda Traoré, qui multiplie les gaffes à mesure qu’approchent les élections. Venant de la bouche même du président d’un grand parti politique, une telle déclaration est tout simplement irresponsable.rn

Chacun peut l’interpréter à sa façon, mais elle a surtout un double sens. Primo, la gestion de l’Adema au temps de Alpha a été une catastrophe et les dirigeants de ce parti ne dorment plus que d’un œil. Désormais, ils auront aux trousses l’administration, la justice et la Sécurité d’Etat. Bref, tout l’appareil répressif du pays.

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La Sécurité d’Etat (police politique comme le KGB) traque les ennemis du régime, la justice les châtie, l’administration les frappe d’ostracisme. Qui se sent morveux se mouche. Alors, mieux vaut avoir la trouille que l’œil de Caïn en faisant son mea culpa au peuple.

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Secundo et corollaire du premier, ATT, c’est Denys l’Ancien tyran de Syracuse, célèbre par sa cruauté et Dioncounda, c’est Damoclès son courtisan. A ce sujet, il faut rappeler que pour montrer à Damoclès la précarité du bonheur, son maître l’invita à un festin et il aperçut au dessus de sa tête une épée suspendue au plafond par un crin de cheval.

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La scène est symptomatique du comportement du dirigeant de la ruche qui, au nom d’une prétendue reconquête du pouvoir en 2012, se précipite comme un loup dans la bergerie pour régler ses comptes avec les contestataires. Dans sa hâte à brader la marchandise au plus offrant et dernier enchérisseur, il oublie même de passer chez le commissaire priseur.

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Le pire étant que Dioncounda dit toujours une chose et son contraire : «si nous décidons de soutenir la candidature d’ATT, cela ne signifie pas que le parti ne dispose pas de candidats présidentiables. Nous avons aujourd’hui des hommes qui, à la tête de ce pays, peuvent faire plus que lui». Puis sans sourciller, il ajoute : «nous avons décidé de façon démocratique de ne pas jeter nos sous par la fenêtre à propos d’une élection présidentielle que nous allons d’office perdre».

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Voilà une vérité toute crue mais il fallait avoir le courage de dire tout de suite aux militants que l’Adema est un parti défaitiste, prêt au collaborationnisme et qui ne veut pas participer à une fête démocratique. Mais le règne du confusionnisme, du double langage, voire de la langue de bois a fini par déboussoler les militants qui ne savent plus où donner de la tête.

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Même au nom de la realpolitik, on ne lâche pas la proie pour l’ombre. Nul ne sait de quoi demain sera fait. Le réveil peut être brutal pour ceux qui espèrent un retour de manivelle de la part d’un homme qui peut dire à tout moment «après moi tirez l’échelle» car le Mali n’est pas une succession dynastique.

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L’Adema avec ATT, ce n’est pas un deal, c’est un marché de dupes. Certes, c’est Alpha qui lui a passé la main mais le pouvoir n’est pas une affaire de reconnaissance pour service rendu et ATT lui-même ne sera jamais content qu’on l’ait traité, à un moment de l’histoire, de tyranneau de village.         

rnMamadou Lamine Doumbia

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