L’ADP au bord de l’implosion : Quatre prétendants pour un perchoir

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L’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP), créée en décembre dernier par une vingtaine de partis politiques pour soutenir le président sortant, Amadou Toumani Touré, à l’élection présidentielle – il a été réélu lors du scrutin de mai dernier – et lui apporter une majorité confortable à l’Assemblée Nationale, est actuellement sécouée par les ambitions de ses principaux animateurs. La pomme de discorde n’est autre que le choix du président de la nouvelle Assemblée Nationale. En effet, les résultats provisoires des législatives ne donnent la majorité parlementaire à aucune formation politique. Cependant, l’ADP, lorsque l’on additionne les sièges obtenus par ses partis-membres, représente une majorité écrasante de 115 députés sur 147. Pour l’instant, c’est le dialogue des sourds qui prévaut entre les membres de cette «mouvance présidentielle». L’ADEMA, avec ses 55 élus, prétend qu’elle est la mieux placée pour présider l’Assemblée Nationale. L’URD ne l’entend pas de cette oreille et a déjà annoncé, par la voix de son président lui-même, qu’une bataille est bien possible entre sa formation politique, qui a 35 élus et le parti de l’abeille. Le CNID, avec seulement six députés, affiche également ses ambitions, tout comme le RND, représenté par Me Kassoum Tapo. C’est dire que l’ADP est actuellement au bord de l’implosion.

La succession de Ibrahim Boubacar Kéïta à la présidence de l’Assemblée nationale est largement ouverte. En effet, depuis la proclamation provisoire des résultats des législatives, à l’issue desquelles le RPM de IBK n’a obtenu que 11 sièges, les appétits se sont aiguisés au sein de l’ADP, considérée comme la mouvance présidentielle. Quatre partis ont déjà affiché leurs ambitions pour briguer la présidence de l’Assemblée nationale : l’ADEMA, l’URD, le CNID et le RND.

Les abeilles mettent en avant leur majorité relative de 55 députés sur 147 pour revendiquer le perchoir. Même si le choix de leur candidat n’est pas encore tranché.

Le président du parti, Dioncounda Traoré et Assarid Ag Imbarcawane mènent en leur sein un duel à fleurets mouchetés.

Donc pour l’instant les rouges et blancs n’ont pas un candidat précis même si son N° 1 paraît être le postulant naturel.

Par contre à l’URD, tout le monde sait que son président Younoussi Touré est partant pour espérer remplacer IBK.

Le parti de Soumaïla Cissé compte sur l’expérience de M. Touré qui a dirigé le premier gouvernement du Mali démocratique et la rigueur intellectuelle et professionnelle dont il a fait montre au cours de sa longue carrière de banquier, notamment à la BCEAO, sans compter son brillant passage à l’UEMOA. Il s’y ajoute que son parti est crédité de 35 élus. Ce qui n’est pas peu dans le contexte actuel.

Le leader du CNID, Me Mountaga Tall, avec six sièges, s’active également pour maximaliser ses chances. Sont-elles réelles ? Il ne faut rien écarter en politique.

L’atout principal de l’élu de Ségou est qu’il fait partie des hommes du président de la République.

En tout cas, c’est ainsi que son entourage le décrit. C’est pourquoi le parti du soleil levant compte beaucoup sur les Indépendants (une vingtaine) réputés être à la solde du locataire de Koulouba. Sans compter les nombreux députés ADEMA et URD qui sont disposés à obéir à ATT au doigt et à l’œil.

Mais, Tall également a de la valeur, qu’on l’aime ou pas, il faut reconnaître qu’il a de la compétence, de la technicité dans l’organisation et l’orientation du travail parlementaire.

Quant au RND, qui entend présenter son unique élu, en l’occurrence Me Kassoum Tapo, il n’a aucune change de réussir le coup de force pour la simple et bonne raison qu’il n’est pas une formation politique de grande envergure. Puis, il n’a aucune légitimité politique pour prétendre à ce fauteuil.

Etre de la même ville que le président de la République ne suffit guère pour diriger une institution comme l’Assemblée nationale.

Cependant, nous ne mettons pas en cause la capacité de Me Tapo qui, depuis Atlanta où il passe ses vacances, est en train de manœuvrer avec comme toile de fond sa proximité avec ATT.

L’ancien Bâtonnier rêvait de ce poste depuis 2002 où il avait annoncé sa candidature contre IBK, le 16 septembre avant qu’il ne soit désapprouvé par son propre groupe parlementaire, l’ACC qui n’avait qu’une douzaine d’élus. Il s’est donc vu contraint de retirer sa candidature.

Voilà ceux qui veulent, au sein de l’ADP, présider notre auguste Assemblée nationale. Au stade où vont les contacts, tout porte à croire qu’il y a des bonnes empoignades en perspective. Ce qui augure d’une implosion de l’ADP.

Chahana TAKIOU

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