En déclarant que la candidature de l’Adéma sera interne au parti, le Président Dioncounda Traoré lève certes officiellement le voile, mais embourbe désormais le parti dans une guerre des caniveaux. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la partie est loin d’être gagnée par Dioncounda et ses partisans qui ont mal fait d’oublier l’histoire et les contingences du parti. En fait Dioncounda oublie qu’il n’est pas le maître du jeu. Alors bonjour les dégâts !
A travers la conférence de presse qu’il a bien voulu tenir pour édifier l’opinion nationale et internationale en particulier sur la candidature de l’Adéma à l’élection présidentielle de 2012, Dioncounda Traoré a pris de gros risques. D’abord il dévoile ses propres intentions pour donner l’occasion à ses adversaires d’affûter leurs armes et de mettre en place la stratégie adaptée à cette donne, ensuite il prouve qu’il n’a tiré aucun enseignement des réalités de l’Adéma depuis sa naissance à ce jour. Enfin Dioncounda fait penser que s’il fut bon stratège en sa qualité antérieure de troisième larron, il a perdu de ses qualités de fin calculateur à la tête du parti. Peut-être croit-il fermement que ce qui arrive toujours au parti jusqu’ici, cessera parce que Dioncounda en est devenu le Président. Leurre ou lueur ? Faites vos comptes !
A sa naissance, le parti de l’Adéma a démarré sur une fracture. Celle qui séparait deux entités de l’Association Adéma à savoir la frange US-RDA et la frange non US-RDA (PMT, PMRD, les nouvelles recrues). Bien sûr le Président de l’Association, Feu Abdramane Baba Touré, s’est abstenu d’adhérer au parti, conservant son statut associatif.
Il faut rappeler que l’Adéma a opté pour un engagement bipolaire, à travers une aile dure (les rouges) et une aile blanche (les modérés). Ce qui fut matérialisé par l’illustration que nous voyons tous les jours. Et par aile dure il faut comprendre les communistes dont le chef de file était un certain Mamadou Lamine Traoré, qui, plus tard sera « chassé » du parti suite au combat entre « abeilles et frelons » selon ses propres expressions.
En effet, le parti issu du mouvement démocratique était devenu le point d’atterrissage de multiples responsables du parti combattu et déchu, à savoir l’UDPM, pour ne citer que Assarid Ag Imbacawane, Feu Oumar Samba Diallo, Feu Mahamane Santara. Ensuite le militantisme avait pris par ailleurs des coups face à la puissance financière du clan dit CMDT.
C’est vrai qu’à l’époque les grands hommes de l’Adéma étaient plutôt les Alpha Oumar Konaré, Ali Nouhoun Diallo, Mamadou Lamine Traoré, Feu Boubacar Sada Sy, Ibrahim Boubacar Kéïta, Soumeylou Boubeye Maïga, Younoussi Touré, Feu Kadary Bamba, Mme Sy Kadiatou Sow, Bakary Konimba Traoré, Bacary Téréta, Mamadou Kassa, Mohamedoun Dicko… Mais peut-on dire que Dioncounda, compagnons de lutte de ces camarades, a sitôt oublié ces moments intenses de cette cohabitation entre abeilles, frelons et autres restaurateurs comme ils étaient ainsi étiquetés les uns et les autres ?
La roue de l’histoire tourne. Et les jours se ressemblent à l’Adéma, au sein duquel le militantisme n’a jamais été un facteur essentiel en vue de la promotion du parti. C’est un facteur négligé lorsqu’il s’agi de choisir les candidats pour les joutes électorales et de former le gouvernement. C’est l’argent qui parle d’abord à l’Adéma, ensuite une main invisible, qui n’est nullement Dioncounda, fait toujours le reste.
Pour preuves, chaque fois qu’il s’est agi de choisir les candidats Adéma, ce sont les millions qui placent l’homme qu’il faut, ou qu’il ne faut pas, à la tête de la liste. Ensuite, rappelons qu’à la présidentielle de 2002, lorsqu’il s’est agi de remplacer Alpha, Président sortant, le candidat naturel était IBK, selon les premières déclarations du parti dirigé à l’époque par Ibk lui-même. Ensuite il a été dit qu’il n’y a pas de candidat naturel. Enfin Ibk a été contraint à la démission, suite à certaines de ses « erreurs » dans sa stratégie à se faire admettre comme le candidat du parti à la présidentielle. Les élections primaires sont passées par là. Et l’heureux candidat du parti, Soumaïla Cissé, en deviendra le plus malheureux, trahi et combattu au profit d’un candidat venu non pas de l’Adéma, mais « parachuté » des casernes en sa qualité de Général parachutiste. Qu’est-ce Dioncounda peut démentir dans tout ce qui précède ?
Alors qu’il vienne nous dire que Modibo Sidibé, ou un autre de l’extérieur du parti, ne sera pas le candidat de l’Adéma, alors même qu’il ne connaît pas le candidat du parti, c’est vouloir nous faire croire au père Noël. Cependant, c’est à lui de s’aviser qu’il vient de jeter le parti dans une guerre de positionnement entre les multiples ambitieux de l’intérieur et de l’extérieur. Et il a intérêt à éteindre le feu dès le début du commencement, en prenant conseil auprès de Alpha d’une part, et de Ibk et Soumaïla d’autre part.
A bon entendeur salut !
Mamadou DABO
PRESIDENTIELLE 2012
L’Adéma lève le voile
Les commentaires et les supputations avaient semé le trouble au sein de l’opinion nationale et plus particulièrement au sein des militants du parti de l’abeille solitaire, c’est ce qui a poussé les dirigeants dudit parti, selon eux, à organiser ce samedi 13 Novembre une conférence de presse sous le thème : « l’ADEMA /PASJ, vie du parti et perspectives ».
Animée par le Professeur Dioncounda TRAORE, Président du parti et de l’Assemblée nationale, cette conférence a permis aux nombreux journalistes venus pour la circonstance de s’imprégner des réalités du parti, de ses perspectives pour 2012.
Le professeur TRAORE, visiblement à l’aise, dira que le temps est venu pour lever le voile sur certaines questions. Il a demandé aux journalistes de poser toutes les questions même les plus embarrassantes.
C’est pourquoi la préoccupation des journalistes a porté sur les rapports actuels entre le Premier ministre Modibo SIDIBE et l’ADEMA et l’état actuel de santé de « l’abeille» entre autres.
Le Professeur de mathématique qu’il est, Dioncounda TRAORE n’a pas tari de développement aux préoccupations des journalistes.
« L’ADEMA aura son candidat aux élections présidentielles de 2012 » dit-il.
Quant à leur rapport avec le Premier ministre, il reconnaît que ce sont de bons rapports mais que ce dernier n’est pas militant adémiste.
A la question relative au rapport ADEMA et les partis URD, PARENA, PDES, le conférencier dira que son parti a de bons rapports avec tous ces partis mais que le parti de l’abeille ne fera d’alliance avec un quelconque parti qu’il soit pour coopter une éventuelle candidature en dehors de l’ADEMA en 2012. En clair, le candidat du parti sera « abeille » a précisé Dioncounda.
Qui sera donc le candidat de l’ADEMA ? La réponse à cette question sera connue le 26 Mars 2011.
A la question de savoir si le Président de l’Assemblée nationale qu’il est souhaite briguer le poste de la Présidence de la république, le conférencier ne donne pas de réponse précise. Les journalistes les plus curieux doivent encore patienter pour attendre la levée d’autres voiles.
Qui vivra verra !
Abou BOLOZOGOLA,