L’état de la Nation : Le silence coupable de la classe politique

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D’après la Charte des partis politiques de notre pays, « les partis politiques sont des organisations de citoyens réunis par une communauté d’idées et de sentiments, prenant la forme d’un projet de société, pour la réalisation duquel ils participent à la vie politique par des voies démocratiques. Ils ont vocation à mobiliser et éduquer leurs adhérents, à participer à la formation de l’opinion, à concourir à l’expression du suffrage, à l’exercice du pouvoir et à encadrer des élus ».

 Il est donc concevable, en toute période, même en vacance gouvernementale, que les formations politiques soient sur la scène publique pour animer des débats concernant l’état de la Nation. Or, on constate depuis un certain temps un silence inquiétant des partis sur les sujets brûlants du pays. C’est vrai que le problème du Nord est sensible. On peut en dire autant pour le code des personnes et de la famille ainsi que celui de l’abolition de la peine de mort. Au demeurant, le Vérificateur général a produit son rapport accablant, mais les hommes politiques ne se sont pas signalés par la sensibilisation de leurs militants et même des citoyens sur ce dossier. Pourtant Sidi Sosso Diarra est  comblé de savoir que le peuple malien a profondément fait sienne l’institution du Vérificateur général, suit ses travaux et veille jalousement sur son indépendance. C’est dire que les populations se sont elles mêmes informées sur le travail du Vérificateur général. Des évènements d’importance capitale, en l’occurrence, les problèmes de l’école, où à la Faculté des sciences économiques et de gestion, le lundi 30 août,  un étudiant a tiré un coup de feu et le lendemain des saccages ont eu lieu et ceux du Fonds mondial dont le Procureur de la République, Sombé Théra était obligé de s’exprimer à la télévision nationale sont des signes qui révèlent que la classe politique est entrée en léthargie, à l’exception de ceux qui se sont régulièrement engagés dans des questions brûlantes de notre pays et dont certains ont produit des mémorandums pour la cause. On peut citer le Sadi, le Parena, le Rds, le Rpm et la Codem, qui malgré sa jeunesse, a fait un vibrant plaidoyer, lors de sa rentrée politique, en direction de l’éducation. Malgré tout, l’insuffisance de débats sur un thème précis avec les populations se fait ressentir. C’est à croire que les calculs politiciens, l’attente d’un remaniement gouvernemental, les positionnements dans les bureaux, sections et sous sections de partis, ont pris le pas sur l’animation populaire et les meetings. Aujourd’hui, la fracture est donc visible entre le peuple et une bonne frange de la classe politique. Pourtant la charte des partis nous rappelle que : « le 26 mars 1991 constitue le couronnement de la résistance de notre peuple contre la volonté de l’asservir, un peuple déterminé plus que jamais à bâtir un Etat de droit et de démocratie pluraliste garantissant le libre choix des dirigeants et le plein épanouissement des droits individuels et collectifs et où seront bannies l’intolérance et la violence politique ».  En revanche, c’est le président de la République, Amadou Toumani Touré et l’ancien président de la République Alpha Oumar Konaré qui se distinguent au niveau sous régional et européen. Sur l’invitation du parlement européen, à Strasbourg, le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré a indiqué, hier : « Le Mali est situé au centre ouest de la Bande Sahélo saharienne , pour une superficie de 650.000 km2, soit 70% du territoire national. Zone de transit, mon pays est aussi otage et victime des menaces transfrontalières qui viennent d’ailleurs et essentiellement destinées à d’autres régions et continents. Ces menaces sont le trafic de cigarettes, les passeurs d’immigrés clandestins vers l’Europe, la drogue venant du continent sud-américain, les groupes salafistes maghrébins. Elles se manifestent par les enlèvements d’otages et les assassinats. Leur caractéristique principale, c’est l’extrême mobilité sur les bandes frontalières d’un pays à l’autre. Aucune des menaces que je viens d’évoquer n’est née chez nous, aucune ne nous est directement destinée. Le Mali est un pays laïc à grande majorité musulmane. L’Islam y est pratiqué depuis le 9ème siècle. Notre pratique de l’islam a toujours été pacifique, respectueuse de la personne humaine. C’est dire notre incompréhension de l’idéologie islamiste prêchée dans la bande sahélo saharienne. Son impact religieux est encore peu significatif, mais pour combien de temps ? » L’ancien président Alpha Oumar Konaré s’est illustré, à la tribune de Malabo,  par cette communication: ‘’ En 2009, nous étions 1 milliard, en 2050 nous serons 2 milliards. Vous aurez de grands pays, vous aurez au moins 4 pays qui auront plus de 100 millions d’habitants. Le Nigeria pourrait avoir plus de 220 millions d’habitants, la RDC près de 180 millions d’habitants, l’Ethiopie près de 170 millions d’habitants, l’Ouganda près de 130 millions d’habitants, l’Egypte près de 120 millions d’habitants. Imaginez-vous ce que cela représente comme défis ? Je prends 3 pays du Sahel : le Mali, le Burkina et le Niger. Ces 3 pays ensemble en 2050 compteront 130 millions d’habitants, c’est-à-dire la population de la France et de l’Allemagne
réunies. Et l’essentiel de cette population vivra dans les villes. Or, nous savons que dans les villes, 60% des habitants vivent dans les bidonvilles. Sur cet effectif aussi, vous ferez le constat avec moi, que 45% auront moins de 15 ans, que 65% auront 25 ans. Voilà un défi auquel nous devons faire face et que nous devons intégrer, dès maintenant, dans nos divers plans ».’ Quelles meilleures interventions pour défendre la cause des populations ! Au grand dam d’une classe politique dont la plupart des programmes restent mal communiqués et des personnalités politiques, comme tétanisées par l’attente d’un remaniement qui tarde à voir le jour, peinent à s’exprimer sur des sujets qu’ils disent sensibles.

Baba Dembele

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