Koulouba : Lieu de pouvoirs et des intrigues

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Les états-majors des formations politiques fourbissent leurs armes en vue de se jeter dans la bataille pour la conquête de la Colline de Koulouba qui est au Mali le siège du pouvoir suprême. En effet, c’est à Koulouba  que se prennent les décisions les plus importantes pour le devenir de la Nation.

Tous ceux qui sont attirés par ses fastes et ses lambris dorés, veulent en être le locataire pour un bail de cinq ans et même plus si Koulouba, telle une reine de beauté leur accorde une seconde chance. Cette forteresse paraît inexpugnable pour le locataire résident  qui n’aurait disposé que d’un bail de 5 ans et qui souhaite le renouveler.

Les militaires, sur les 51 années  de gouvernance du Mali indépendant, sont restés 33 ans comme locataires à Koulouba, alors que les civils y ont logé pendant 18 ans. Les hauts fonctionnaires ou tous ceux qui viennent en visite rêvent d’y déposer leurs valises pour contempler à leurs pieds la ville des trois Caïmans. La résidence du Gouverneur Louveau, tout de blanc vêtu,  est devenue le palais du Gouvernement de la République, Palais où les Ambassadeurs accrédités auprès du président viennent y présenter leurs lettres de créance,  marchant sur le tapis rouge de la suprématie qui leur est déroulé à cette occasion.

Comme tout lieu de pouvoir, Koulouba est aussi le lieu des intrigues, celui où tous les faits et gestes  des uns et des autres sont disséqués et transmis au Prince par les membres des services de renseignement omniprésents. Un propos tenu par un acteur majeur de la vie politique ainsi que les états d’âme du peuple remontent  jusqu’au Big Boss. De même, toutes les causeries du Boss sont relayées dans la foule sous forme de rumeurs. Les potins de Koulouba constituent à eux seuls les sujets de conversation du plus humble des citoyens au plus huppé des membres de l’élite nationale. Certaines de ses rumeurs ne sont pas anodines et sont distillées  à dessein pour recueillir les réactions de l’opinion sur telle ou telle décision sensible. C’est aussi le lieu où l’on fait ou défait les carrières des hauts fonctionnaires. On y apprend une disgrâce  annoncée ou une bonne fortune. C’est le centre de production des secrets de polichinelle par excellence.

Comme tout palais ou toute chaumière, ses habitants peuvent être habités par la sagesse ou l’extravagance, être heureux ou malheureux comme le commun des mortels, selon les circonstances. Toutes sirènes mugissantes,   le locataire de Koulouba traverse la ville dans les deux  sens dans des voitures rutilantes. La circulation est arrêtée pour les autres usagers qui, admiratifs, cherchent à identifier lequel des véhicules du cortège transporte le Prince qui, à son tour, satisfait de l’émoi et de l’intérêt des badauds, esquisse un sourire tout en agitant ses mains en guise de salutation.

Le Boss adore ces bains de foule qui lui permettent  de mesurer sa popularité, puisque le regroupement autour  de l’axe routier est spontané. Le Boss traverse la ville en direction des lieux où on inaugure n’importe quel chrysanthème ou en direction de l’Aéroport, abonné qu’il est aux voyages vers toutes les contrées du monde. Le tapis de la suprématie, bordé par les corps constitués, est déroulé à chaque arrivée et départ du Patron et à chaque réception d’un hôte de marque. Le budget des voyages présidentiels est sans doute le premier poste de dépense du Gouvernement, tous voyages confondus. Comparés aux voyages présidentiels des autres présidents, de la sous-région, ATT voyage énormément comme son prédécesseur Alpha Oumar Konaré.  Quelques fois, il est le seul président que l’on retrouve, répondant lui-même aux invitations venant de partout, donnant l’impression qu’il trouve dans ses escapades à l’étranger, le moment de quiétude et de détente  qu’il n’a pas à l’intérieur du pays. A quel prix? Le coût des voyages sur une année représente le prix de 100 Centres de santé entièrement équipés, de 75 lycées  techniques et de 500 forages.

Il y a pourtant des voyages importants qu’il s’est gardé d’effectuer par amitié ou par reconnaissance, s’agissant de la réunion de la CEDEAO sur la Côte d’Ivoire  et de la réunion de l’Union Africaine contre les positions du Guide Kadhafi sur les États Unis d’Afrique.

Dans leur contexte, le citoyen malien aurait été fier que son président participe t à ces rencontres de haut niveau au cours desquelles se jouent la paix et la sécurité de la sous-région d’une part et d’autre part,  des décisions prospectives stratégiques sur l’avenir institutionnel du continent.  

La voix du Mali du Père  fondateur de l’OUA et de celui qui avait éteint la guerre des sables entre l’Algérie et le Maroc aurait dû  compter. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, la tiédeur de certaines positions diplomatiques ont amené  la France à jouer le bon samaritain. Et dans le cas de la Libye, c’est la même France qui a mis fin aux rêves du «Roi des rois d’Afrique», là où nos représentants gavés de pétro dinars  libyens avaient du mal à parler de façon audible.  Ainsi va le monde.
Birama FALL

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