On peut espérer qu’il se positionne enfin sur ce chemin. Si l’on s’en tenait aux actes qu’il a posés ces temps-ci.
Entendons par là son acte spectaculaire qui a consisté à limoger par décret collectif tous les DAF et assimilés.
Mais, aussi et surtout, la nomination d’une femme à la tête du gouvernement national. Aussi, au choix des hommes et des femmes qui composent ce gouvernement, les uns et les autres n’ayant aucune ambition politique affichée. En tout cas, pas dans la perspective de 2012, date qui signera la fin du mandat présidentiel du Général mis en disponibilité, si l’on peut appeler ça ainsi. Parce qu’entre ATT et l’uniforme, c’est une histoire d’amour. Et, elle est forte, cette histoire. On le sait parce qu’il n’a pas osé tourner le dos à l’uniforme comme l’exige la constitution en vigueur au Mali. Et, donc, à la légalité : il a préféré les facilités militaires de la retraite anticipée qui, d’ailleurs, ne rime à rien dans l’armée, surtout quand on est Général d’armée. Et de surcroit de l’armée malienne où les Généraux ont troqué les armes et la stratégie militaire contre le tapis rouge, la fanfare et les sirènes. Le pouvoir est une commodité de la vie, nous répondrait le Président ATT !
Commodité qu’il refuse pourtant aux femmes du Mali, même s’il a nommé l’une d’entre elles Premier ministre. Justement, une femme Premier ministre ne suffit pas.
Le gouvernement Mariam Kaïdama Sidibé pèche, c’est très visible, par une absence notoire des femmes.
En effet, sur les trente-deux ministres, le nombre de femmes est inférieur à celui des doigts d’une main. On peut les compter : Mme Diallo Madeleine Bâ qui occupe la 7ème place dans le gouvernement et dirige désormais le département de la santé. A la 16ème place de l’équipe siège une autre femme, Mme Sangaré Niamoto Bâ, chef du département de l’industrie, des investissements et du commerce. Au Mali, un homme compte-t-il pour sept, voire huit à neuf femmes ?
Heureusement que la 18ème place du gouvernement est aussi occupée par une femme, Mme Siby Ginette Bellegarde de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
Pourtant, il faut compter jusqu’à dix places encore pour retrouver une quatrième et dernière femme, Dr. Konaré Mariam Kalapo qui détient le portefeuille de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille.
C’est une honte pour la République et pour la démocratie, surtout quand on sait que le signataire d’un tel acte n’est autre que le président de la République, Amadou Toumani Touré, c’est-à-dire le garant de la Constitution qui affirme sans ambages l’égalité des genres masculin et féminin.
Quand on sait le rôle déterminant que les femmes ont joué pour l’avènement de la démocratie, comment ignorer également cet autre rôle capital qu’elles jouent dans le processus du développement ?
Quand allez-vous avoir enfin pitié des femmes, Monsieur le Président ? Les femmes du Mali sont comme toutes les femmes du monde. Elles n’aspirent à aucune charité. Elles exigent seulement le bénéfice des mêmes «opportunités, devoirs et obligations dans tous les domaines ».
Or, sur ce plan, on est bien loin du compte. Disons qu’ATT, « l’ami des enfants », « ami des femmes », tarde à s’affirmer, trop même, comme s’il voulait faire ses « omelettes sans casser des œufs ». Les « œufs », le Président malien est, de toute façon, obligé de les « casser ». Puisque les Maliennes d’aujourd’hui ne veulent pas que des omelettes. Là-dessus, nul consensus n’est envisageable. Les Maliennes éprises de justice, de liberté et de paix ont le droit d’espérer. Surtout que le Prix Kéba M’Baye pour l’éthique, qui vient de lui être décerné, l’oblige, véritablement. Puisqu’on ne peut pas parler d’éthique là où l’écrasante majorité d’un peuple reste à l’écart, pratiquement sur tous les plans. De surcroît aux plans économiques et politiques.
Hawa Diallo