Situation post-election : Un vent nouveau sur le Mali ?

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Le Mali a relevé avec brio le défi de l’élection présidentielle à deux tours. La proclamation des résultats provisoires est attendue pour ce jeudi. Mais, d’ores et déjà, le monde entier salue le succès de ces élections, couronnées par le geste qualifié de fraternel et républicain du vaincu, Soumaïla Cissé, à l’égard de son rival de frère aîné, M. Ibrahim Boubacar Kéita. Le climat qui s’était un peu plus tendu entre les deux tours de cette élection présidentielle, se retrouve subitement plus que détendu et convivial. La sagesse,  la raison et le sens élevé de la responsabilité semblent désormais inspirer tous les acteurs de la classe politique tant du côté des perdants ( ?) que de celui des gagnants( ?).

 

En effet, Soumaïla Cissé, par son acte, a puisé dans les valeurs culturelles de la société malienne en “se déplaçant jusqu’au domicile de son aîné, Ibrahim Boubacar Keita, pour lui reconnaitre non seulement sa victoire au second tour de l’élection du président de la République, mais aussi pour lui féliciter de vives voix et lui souhaiter plein succès dans ses nouvelles fonctions à la tête de l’Etat”. Au-delà de l’aspect culturel, le geste du challenger d’IBK au scrutin du 11 août 2013, est perçu également comme un acte hautement républicain et démocratique. Du coup, un vent nouveau, doux et frais, semble souffler sur le Mali contrairement au cyclone chaud et dévastateur que des oiseaux de mauvais augure avaient prématurément commencé à annoncer pour le pays à l’issue d’élection à “hauts risques”.

 

 

Beaucoup de chose ont été dites et écrites au sujet de l’organisation de l’élection présidentielle de 2013 au Mali. En effet, compte tenu du contexte de grave crise politico-sécuritaire dans laquelle le pays a été plongé ces deux dernières années, “l’imposition” de dates butoirs pour la tenue effective de l’élection présidentielle avant le 31 juillet 2013, les profondes divisions qui minaient la classe politique depuis le fameux coup d’état du 22 mars 2012 et les tiraillements qui en ont résulté, la crainte justifiée d’élection mal organisée source de crise post-électorale, sont entre autres raisons qui faisaient craindre le pire pour le Mali au sortir d’une crise qui avait laminé tous ses fondements socio-économiques.

 

 

Ce vent nouveau augure-t-il de lendemain meilleur pour la démocratie malienne ou serait-il un autre mirage pour le peuple après les espoirs déçus et dévoyés de mars 1991 ? Les défis sont si immenses que les nouvelles autorités, dès leur investiture, doivent immédiatement se mettre à la tâche. Car, certaines actions ne pourraient être remises à plus tard, ni même différées. Il va falloir s’y atteler sans délai pour que ce vent doux faisant suite à l’attitude patriotique et républicaine de Soumaïla Cissé ne se transforme en cyclone dévastateur comme il en souffle actuellement dans certains pays ayant connu “le printemps arabe”, notamment.

 

 

Le contexte est certes différent de celle de mars 1991. D’où l’espoir que cette fois-ci ce sera le vrai départ du changement tant attendu. Car, le Mali revient de loin. La quasi-totalité des acteurs présents aujourd’hui sur la scène politique étant issus du mouvement démocratique, il est fort possible que les erreurs du passé servent de leçons aux nouvelles autorités afin d’offrir enfin le changement tant souhaité et pour lequel le peuple a payé le prix fort jusqu’ici. La légitimité, confortable, que le peuple a voulu octroyer au nouveau régime à travers un taux de participation jamais égalé au Mali, atteste de cette volonté de changement et de la soif de démocratie vraie qui étreint les citoyens de toutes tendances et de tous ordres, quels qu’ils soient. Chacun doit veillez à ce que cela soit. Nous le devons pour nous-mêmes, pour le Mali, pour l’Afrique et pour le monde entier qui a couru à notre secours au moment où notre pays en avait le plus besoin. Nous le devons aussi parce que nous croyons à la démocratie et aux valeurs républicaines nécessaires et indispensables à l’avènement d’une nation moderne en laquelle nous aspirons.

 

 

Ces défis ne sont pas au-dessus de nos moyens pourvu que chacun s’y mette de façon désintéressée avec comme seul leitmotiv l’intérêt supérieur du pays. La démocratie a pour essence un pouvoir qui gouverne et une opposition qui veille et joue le rôle de contre-pouvoir. Pour ce faire, il faut que le nouveau président de la République reste sourd aux multiples chants de sirènes que les opportunistes de tous bords politiques ont déjà commencé à entonner. L’homme est suffisamment connu pour sa fermeté et son sens élevé de l’Etat. On peut donc affirmer, à priori, qu’il incarne le chef d’Etat idéal auquel la majorité des Maliens a voulu pour le pays en cette année 2013. Dans ce sens, les premiers actes qu’il sera amené à poser en sa qualité de président de la République seront déterminants comme indicateurs aux yeux de ses compatriotes, notamment, le choix du Premier ministre, la taille du gouvernement (qui doit être revue à la baisse) ainsi que la qualité des hommes et des femmes qui la composeront retiendront naturellement l’attention des observateurs quant à ses réelles capacités à opérer les changements légitimement attendus.

 

Bréhima Sidibé

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2 COMMENTAIRES

  1. leguen merci rien n’a changé le journaliste parle d’erreurs c’est bien gentil de dire des erreurs car tous ce gens savaient exactement ce qu’ils faisaient et là où ça nous mènera , moi j’ai pas oublié que le même IBK a participé à une grande marche à Bamako pour réclamer le départ de Dioncounda le jour même où les assaillants ont lancé la grande offensive dont tout le monde connait l’issue sans l’intervention de la France, je me méfierai jusqu’au bout d’un homme pareil, dans le gouffre où on était la démission de Dioncounda aurait d’avantage enfoncé le pays qui était déjà dans une situation catastrophique. Le coup d’état devait permettre un changement radical d’après ses défenseurs et quel changement quand au second tour on a le premier ministre et le ministre des finances d’Alpha. Le vrai contrepouvoir c’est la presse qui n’a jamais joué son rôle de dire tout simplement la réalité ni à charge ni à décharge.

  2. C’est une nouvelle transition qui commence. On prend les mêmes et on recommence. Changement…? On verra bien de quoi il est réellement capable notre cher nouveau Président de la république!

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