Présidentielle du 28 juillet : Réactions des confrères étrangers sur le processus électoral

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Les Maliens ont voté dimanche 28 juillet dernier sans incidents et en nombre (53%) au premier tour de la présidentielle pour tourner la page de 18 mois d’une crise politique et militaire qui a plongé leur pays dans le chaos. Les hommes de médias eux aussi sont venus en nombre pour suivre de bout en bout l’actualité de ce processus électoral. Nous avons rencontré quelques uns qui ont accepté de nous donner leur point de vue sur le déroulement du processus.

 

Frédéric Pfyffer, chef adjoint de la rubrique internationale de la Radio Télévision Suisse (RTS)

” Le Mali est un très beau pays, avec une population accueillante dans l’ensemble… “

Que pensez-vous du déroulement du processus électoral ? Avez-vous constaté des insuffisances? A votre avis est-ce qu’il y a eu des fraudes ?

Le processus m’a semblé se dérouler correctement dans les 3 bureaux de vote où je me suis rendu, dont celui du camp de Kati. C’est naturellement bien insuffisant pour en tirer une conclusion générale compte tenu de la présence de plus de 20000 bureaux sur l’ensemble du territoire malien. On m’a par ailleurs rapporté que deux hommes ont tenté d’acheter des voix à coup de billets de 5000 CFA.

 

 

Certains candidats contestent pourtant les tendances provisoires. Avez-vous le sentiment qu’on ira vers un second tour, étant donné qu’un des candidats caracole déjà en tête ?

Je pense que c’est une erreur de faire des pronostics, mieux vaut attendre les résultats définitifs.

 

Que pensez-vous de la couverture médiatique des élections ?  Quelles impressions vous donne le paysage médiatique malien ?

Il me semble que c’est une bonne couverture par la presse malienne et internationale, avec des réserves pour certains journaux ou radio qui affichent trop leur dimension partisane.

Aimez-vous le pays ? Qu’est ce qui vous a le plus attiré ?

Très beau pays, avec une population accueillante dans l’ensemble. Grande richesse culturelle.

 

Flavio Signore, journaliste réalisateur à Arts Resistences Barcelone, en mission au Mali avec l’Ong Intersos

” Ce processus électoral a dépassé toute expertise. Le taux de participation a été étonnant… “

 

 

Que pensez-vous du déroulement du processus électoral ? Avez-vous constaté des insuffisances? A votre avis est-ce qu’il y a eu des fraudes ?

 

Ce processus électoral a dépassé toute expertise. Le taux de participation a été étonnant. L’engouement était énorme, surtout  l’enthousiasme des maliens pour voter. Des imperfections oui, mais ça peut passer d’autant plus que le Mali sort d’une profonde crise, alors l’essentiel a été fait pour la bonne tenue de cette élection, selon moi.  A ce sujet, j’ai échangé avec certains maliens qui ont dit accepté d’aller aux urnes malgré les imperfections, car pour eux, il fallait surpasser cette période sombre de leur histoire.

 

Sur la question de la fraude, je ne peux pas me prononcer, mais partout ou je suis passé, il n’y avait pas de plainte et chaque parti était représenté dans les bureaux de vote. Et les observateurs n’ont pas fait de rapport allant dans ce sens.

 

Certains candidats contestent pourtant les premières tendances. Avez-vous le sentiment qu’on ira vers un second tour étant donné qu’un des candidats caracole déjà en tête ?

 

 

Les contestations ne peuvent pas manquer dans un pays démocratique. C’est toujours difficile d’accepter de perdre, surtout quand on a mis beaucoup d’énergie et beaucoup d’argent. C’est dur ! Mais je pense que le seul moyen légal c’est de faire recours à la cours constitutionnelle. Selon les dires du ministre de l’Administration territoriale il est difficile qu’il y’ait un second tour et je pense que c’est la décision des maliens, qui n’ont plus besoin d’écouter les bons discours des politiciens, mais de choisir un homme capable de sauver leur pays.

 

Que pensez-vous de la couverture médiatique des élections ?

La couverture médiatique des élections a été méticuleuse, car les informations n’étaient pas mises à temps à la disposition des hommes de média. Pas de point focal pour avoir des renseignements en temps réel. Les Media maliens ont une bonne réputation, parce qu’il y a beaucoup d’indépendants, ce qui fait qu’il y a beaucoup de critique. Ça c’est une condition essentielle pour une démocratie mûre. Personnellement j’ai rencontré des confrères très disponibles. Ils m´ont beaucoup aidé dans mon travail, quand on sait que c’est un milieu très compétitif. Ce n’est pas tous les jours, qu’on trouve des personnes disponibles.  Ce qui m’a donné une réelle envie  de continuer à travailler ici au Mali…

 

 

Aimez-vous le pays ? Qu’est ce qui vous a le plus attiré ?

Ma découverte personnelle est très positive. Surtout je me sens à l’aise avec les Maliens. On a une sensation de tranquillité, de respect, et de paix dans ce pays. Je crois qu’ici la tradition, les valeurs traditionnelles sont très vivantes et c’est ce qui m’a le plus marqué… Mon souhait ardent c’est que ce processus puisse se terminer de bonnes conditions, pour ne plus fragiliser ce pays qui a besoin de se relancer.

 

Aliou  DIATTA journaliste-Consultant, Editor of the département West Africa  à ”  Hommes d’Afrique “

” Je ne crois pas à un second tour… “

Que pensez-vous du déroulement du processus électoral ? Avez-vous constaté des insuffisances ? A votre avis est-ce qu’il y a eu des fraudes ?

Je pense que dans l’ensemble le processus électoral  s’est bien déroulé. Toutes les craintes et tout ce que les observateurs nationaux ou internationaux craignaient n’a pas eu lieu. Le peuple malien a montré que c’est une nation de démocratie. Oui, l’insuffisance  de la formation des agents déployés dans le bureaux de vote. Je ne pense pas qu’il y a des fraudes ; en tout cas les bureaux de vote que j’ai visités du début à la fin, tous les partis étaient représentés. Donc il sera difficile de frauder selon mon analyse personnelle.

 

 

Certains candidats contestent pourtant les premières tendances. Avez-vous le sentiment qu’on ira vers un second tour étant donné qu’un des candidats caracole déjà en tête ?

Vous savez les élections en Afrique, toujours les perdants contestent, et c’est leur droit de contester. Mais le dernier mot revient au peuple malien. Ils ont voté le 28 avril, chaque électeur sait bien quel bulletin il a mis dans l’urne.

 

Je ne crois pas au second tour, selon les résultats que les confrères du Mali et nous mêmes avons constatés dans les bureaux de vote. Je ne pense pas qu’un second tour ait sa place dans ces élections. Bon, cela n’engage que moi, attendons la déclaration de la CENI.

 

Que pensez-vous de la couverture médiatique des élections ?

A mon avis la couverture médiatique n’est pas mal. Mais  il y a beaucoup à parfaire dans ce sens. Je ne sais pas beaucoup de chose sur la presse malienne. Car depuis mon arrivée, je n’ai pas senti tellement la presse dans ces élections.  Si je prends le cas du Sénégal, pendant l’élection présidentielle, ou législative  la presse est présente partout du début  à la fin du processus.  Je vous donne  un exemple, le jour de l’élection normalement à travers la presse locale, on devait avoir certains résultats des régions, mais tel n’a pas été le cas. Selon des confrères que, moi-même j’ai interpellés, il parait c’est le manque de moyens. Beaucoup d’organes n’ont pas envoyé de journalistes sur place.

 

 

Quelles impressions vous donne le paysage médiatique malien ? Aimez-vous le pays ? Qu’est ce qui vous a le plus attiré ?

Dans l’ensemble  ça va ; il faut cependant que l’Etat accompagne les médias dans tous les domaines, (formation, aide a la presse, subvention du matériel). Et surtout qu’il laisse les journalistes travailler en paix. Que mes confrères aussi, respectent l’institution étatique et surtout la population. Car sans les médias  le pays est dans l’obscurité, et sans les lecteurs et les auditeurs les médias ne marcheront  pas. Donc les deux sont appelés à vivre ensemble dans la paix.

 

Oui, j’ai beaucoup aimé le Mali, c’est la cause pour laquelle je suis venu couvrir ces élections, malgré le fait que mon état de santé n’était pas tellement des meilleurs au début. Ce qui m’a le plus attiré c’est l’hospitalité malienne, l’esprit d’ouverture de ce bon peuple et surtout ces belles femmes maliennes, surtout  les femmes touaregs…….. (rires)

 

Bassirou Kane journaliste, chef de desk des langues nationales à la radio RTS, Dakar

”  Je pense qu’avec ces élections, le Mali a gagné en maturité… “

 

Que pensez-vous du déroulement du processus électoral ?

Dans l’ensemble il faut s’en féliciter, le Mali revient de très loin, avec la crise, la  guerre au nord, aujourd’hui on peut dire que le pays s’en est bien sorti en retrouvant l’ordre institutionnel, grâce à l’appui de la communauté internationale, notamment la France, l’Union Africaine, la CEDEAO et aussi l’esprit de dépassement des maliens  qui ont œuvré pour le retour de la paix. Seulement il faut le dire aussi on a l’impression que ces élections ont été tirées par les cheveux au vu des manquements notés, retard absence d’isoloirs, des électeurs qui ne pouvaient pas retrouver leur bureau de vote etc.

 

 

A votre avis est-ce qu’il y a eu des fraudes ?

On ne peut pas dire qu’il y a eu des fraudes, puisqu’il n y a pas de preuve.

 

 

Certains candidats contestent pourtant les premières tendances ?

Oui c’est leur droit et ils peuvent faire des recours.

 

 

Avez-vous le sentiment qu’on ira vers un second tour étant donné qu’un des candidats caracole déjà en tête ?

Si on s’en tient à ce que le ministre de l’administration territoriale a dit, c’est quasi impossible qu’il y ait un second tour.

 

 

Que pensez-vous de la couverture médiatique des élections ?

Personnellement c’est une belle expérience et une occasion de rencontrer des confrères venus d’horizons divers. Dans l’ensemble, elle s’est bien déroulée, le scrutin a été bien couvert. La presse malienne aussi a joué sa partition, je pense qu’elle a gagné en maturité avec l’expression de la pluralité et l’objectivité.

 

Aimez-vous le pays ? Qu’est ce qui vous a le plus attiré ?

C’est ma première visite au Mali et je ne le regrette pas, c’est un beau pays. Ce qui m’a marqué surtout c’est son paysage pittoresque, le fleuve, les montagnes.

Réalisés par Clarisse NJIKAM, cnjikam2007@yahoo.fr

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