Près de sept millions de Maliens sont appelés à voter dimanche au premier tour d’une présidentielle devant permettre d’entamer le redressement et la réconciliation dans leur pays traumatisé par 18 mois de crise politique et militaire.
A la veille du scrutin, le président malien par intérim Dioncounda Traoré, qui ne se présente pas, a affirmé que l’Etat était “le garant d’élections régulières et crédibles” et appelé ses compatriotes à aller voter massivement, alors qu’au Mali le taux de participation aux élections est généralement faible, autour de 40%.
Vingt-sept candidats se présentent à ce premier tour qui devrait être suivi le 11 août d’un second tour entre les deux candidats arrivés en tête.
L’ex-Premier ministre et ex-président de l’Assemblée nationale Ibrahim Boubacar Keïta, 69 ans, et l’ex-ministre des Finances et ex-dirigeant de l’Union économique et monétaire (Uémoa) Soumaïla Cissé, 63 ans, sont les deux grands favoris, suivis d’un autre ancien Premier ministre, Modibo Sidibé, 60 ans.
Cette élection doit rétablir l’ordre constitutionnel interrompu le 22 mars 2012 par un coup d’Etat qui a précipité la chute du Nord du Mali aux mains de groupes islamistes de la mouvance Al-Qaïda, alliés dans un premier temps à la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
Elle intervient six mois après le début en janvier d’une intervention militaire internationale menée par la France pour stopper une avancée vers le Sud des islamistes armés et les chasser du Nord qu’ils occupaient depuis neuf mois.
Cette intervention de la France a été unanimement saluée dans le monde et au Mali qui était sur le point de devenir un nouveau sanctuaire pour les jihadistes.
Mais la forte pression exercée ensuite par Paris sur le régime de transition à Bamako pour qu’il organise au plus vite des élections a suscité des interrogations et des critiques sur cette précipitation qui risque d’aboutir à un scrutin “bâclé” et des résultats contestés.
Un des candidats, Tiébilé Dramé, artisan d’un accord de paix signé en juin à Ouagadougou entre Bamako et la rébellion touareg, qui avait réclamé en vain un report du scrutin, a retiré sa candidature pour protester contre son manque de préparation et l’attitude de la France qui, selon lui, a par ses pressions porté atteinte à la “dignité” des Maliens.
Menace jihadiste
Si 85% des cartes des 6,9 millions d’électeurs ont été distribuées, plusieurs obstacles au bon déroulement du scrutin subsistent: redéploiement inachevé de l’administration centrale dans le Nord et absence de retour chez eux de 500.000 réfugiés et déplacés ayant fui le conflit et dont la plupart risquent de ne pas pouvoir voter.
Et l’un des groupes jihadistes qui ont occupé le Nord, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao), a menacé de “frapper” les bureaux de vote et mis en garde “les musulmans maliens contre la participation à ces élections”.
Louis Michel, chef de la centaine d’observateurs de l’Union européenne (UE) déployés au Mali, a affirmé qu’en dépit des craintes et des insuffisances, “ces élections peuvent se dérouler dans un contexte et dans des conditions acceptables qui ne permettront pas une interprétation ou un dévoiement du résultat”.
Une tâche immense attend le nouveau président, tant le Mali sort exsangue et plus que jamais divisé par ces 18 mois de crise qui l’ont plongé dans la récession et ont renforcé la pauvreté. Il pourra compter sur le soutien massif de la communauté internationale qui a promis plus de trois milliards d’euros d’aide.
Mais sa mission la plus délicate sera de réconcilier les différentes communautés qui composent le Mali: les tensions entre elles ont été exacerbées par la rébellion touareg et l’occupation islamiste, Touareg et Arabes étant souvent assimilés par les Noirs à des rebelles ou à des jihadistes.
La ville de Kidal (nord-est), fief des Touareg et du MNLA qui prône l’autonomie du Nord, illustre ces divisions. Des violences meurtrières y ont eu lieu il y a deux semaines entre des habitants touareg et noirs, en partie provoquées par le retour de soldats maliens dans la ville le 5 juillet.
La sécurité du scrutin sera assurée par quelque 6.300 soldats de la force de l’ONU, la Minusma, aidée des 3.200 soldats français encore présents au Mali.
Par LEXPRESS.fr, publié le 28/07/2013 à 05:00
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