Le Mali sous le révélateur

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À peine plus de six mois plus tard, tout rentre dans l’ordre. Le Mali a organisé hier le premier tour de l’élection présidentielle. Aucun heurt majeur n’a été signalé. L’intervention militaire française du 11 janvier semble atteindre là un aboutissement. Un coup d’État le 22mars 2012 avait mis le pays à genoux, la percée islamiste en janvier avait menacé de le mettre à terre. La légalité reprend ses droits. Mais crier victoire serait prématuré.

 

L’arc islamo-terroriste, qui courait de la Somalie aux confins du Sahel, est brisé à cet endroit. Le nord du Mali n’est plus ce creuset où se mêlaient revendications religieuses et territoriales, où se croisaient organisations nationales et mouvances internationales, où s’unissaient Touaregs et djihadistes. Les prises ont été nombreuses. Toutefois, l’étau formé par les forces françaises, algériennes et tchadiennes a laissé une porte de sortie en Libye. Le sud de ce pays a reçu nombre d’anciens combattants. Plus discrètement que la Tunisie et l’Égypte, mais tout aussi sûrement, l’ancienne patrie de Kadhafi glisse vers les tensions et les violences.

Un autre objectif poursuivi était le rétablissement de l’État malien. Une élection présidentielle est souvent le signe d’une nation retrouvée. La France a voulu passer le révélateur rapidement, afin de démontrer sa réussite. Trop rapidement, disent certains.

À la veille du scrutin, 85 % des citoyens avaient retiré leur carte d’électeur. Le jour du vote, certains ne trouvaient pas leur bureau. Les situations étaient inégales entre la capitale Bamako et le Nord. Le Sud est calme, tandis que le MUJAO, mouvement djihadiste, avait menacé, ces derniers jours, de s’en prendre aux bureaux de vote. Le MNLA, séparatiste, semble ne pas avoir érigé d’immenses obstacles au déroulement des opérations, mais a manifesté hier. Il est certain que les 3 300 militaires français et les 6 000 Casques bleus ne sont pas pour rien dans la sécurisation du vote.

Dans un pays où la participation peine à dépasser les 40 %, tout le monde était confiant hier. Le succès viendra si le scrutin parvient à donner un vainqueur parmi les 27 concurrents mais, aussi et surtout, si celui-ci impose sa légitimité sur tout le territoire. Il faudra pour cela répondre aux défis auxquels tout chef d’État est confronté : une économie à rétablir et une jeunesse à valoriser. Il devra aussi combattre la corruption. Enfin, la question de l’unité reste déterminante. Les Touaregs réclament toujours une plus grande prise en considération de la part de Bamako, voire l’indépendance.

Après le verdict des urnes viendra la vérité du terrain. Le vote d’hier va semer ses résultats tout au long des semaines et mois à venir. Il n’est qu’une brève étape, pour le Mali et pour la France, dans un processus qui a commencé le 11 janvier et se terminera dans plusieurs années.

 

lavoixdunord.fr/

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