Après son élection par les Maliens comme président de la République du Mali à travers la voie des urnes, Ibrahim Boubacar Kéïta a été confirmé dans sa victoire par la Cour Constitutionnelle, le 20 août dernier. Hier mercredi 04 septembre 2013, Ibrahim Boubacar Kéïta a été investi dans ses fonctions, après prestation de serment devant la Cour Suprême.
La cérémonie solennelle a pris place au Centre international des Conférences de Bamako (Cicb) devant les magistrats de la Cour Suprême, les présidents des institutions de la République, les responsables des pouvoirs judiciaires, législatifs, les chefs des missions diplomatiques et des institutions et organismes internationaux accrédités au Mali, les leaders des confessions religieuses ainsi que les représentants de toutes les fores vives de la nation.
Cette cérémonie solennelle de prestation de serment marquant la prise de fonction officielle par le 5ème président du Mali indépendant, et non moins 3ème de l’ère démocratique au Mali, est intervenue après que le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, lui ait “passé” le pouvoir, au cours d’une brève cérémonie dite de passation du pouvoir à Koulouba.
LA CÉRÉMONIE D’INVESTITURE AU CICB
Après l’entrée dans la salle du président élu et de son protocole, la cérémonie a commencé par la lecture par Madame le greffier en chef de l’arrêt n°2013-06Ccep du 20 août portant proclamation des résultats définitifs du 2ème tour de l’élection du président de la République, scrutin du 11 août 2013. Puis le Procureur général près la Cour Suprême a fait sa réquisition.
Selon le Procureur général près la Cour Suprême, cette élection de 2013 est de loin la plus démocratique et la plus transparente de l’histoire du Mali. Il a souligné que la victoire de Ibrahim Boubacar Keïta est celle de l’ensemble des Maliens, du gouvernement de transition, des institutions de la République, de la Cedeao, de la République Française, du Tchad et de son président Idriss Deby Itno, de l’Union Africaine, de l’union Européenne, des Etats-Unis d’Amérique, de la Chine populaire, de l’Onu et de tous les pays amis et, principalement, celle de deux grands hommes, à savoir le président par intérim, le Pr. Dioncouda Traoré, et le président François Hollande.
Pour le Procureur général, ces noms seront à jamais inscrits dans les anales de l’histoire millénaire du Mali, chantés et magnifiés par d’illustres griots maliens à travers le monde.
UNE RÉQUISITION D’IMPORTANCE HISTORIQUE
Au président élu, le Procureur général près la Cour Suprême a dit : “..Il s’agit du gouvernail du bateau Mali que vous aurez désormais à piloter. Vous savez déjà, Excellence, que le pilotage sera difficile car le navire est chargé de trop d’évènements douloureux et de nombreuses et urgentes attentes de vos compatriotes. Les Maliens attendent en premier lieu la restauration de notre fierté, de notre honneur, de notre dignité par la création d’une armée nationale moderne, disciplinée, Républicaine et forte pouvant dissuader tous les agresseurs et préserver l’intégrité du territoire national. C’est seulement quand nous aurons relevé ce défi que nous aurons mérité de nos illustres devanciers, bâtisseurs des plus grands empires d’Afrique. La société malienne que je représente auprès de la plus haute juridiction de notre pays réclame la restauration de l’autorité de l’État sur tout le territoire national, la lutte contre la corruption, la fin de la gestion patrimoniale de l’État, la fin des arrestations et interpellations extrajudiciaires, la sécurité pour les Maliens mais aussi pour les étrangers… La réconciliation nécessaire ne saurait être effective sans la punition des auteurs des crimes de guerre, d’assassinat, de vol, de pillage, de viol, de prise d’otage, de destruction de monuments et d’autres patrimoines de l’humanité par la Cour Pénale Internationale, les tribunaux pénaux nationaux, mais également par une forte implication de la justice transitionnelle dédiée à l’écoute et à la réparation de toutes les victimes pour ne pas donner l’impression qu’il s’agit simplement d’une justice de vainqueur. Les Maliens aspirent à une école apolitique ayant comme vocation de former des jeunes dans tous les domaines de la science, car les jeunes sont l’avenir du Mali. Une agriculture moderne pour assurer l’autosuffisance alimentaire. Des points d’eau potables, des centres de santé accessibles performants, plus solidarité et d’égalité en faveur des femmes, des personnes âgées et des handicapés. L’électricité pour nos villes et campagnes, des emplois pour les jeunes, l’industrialisation du pays, la modernisation de notre administration, l’aménagement du territoire, le désenclavement des villes et des campagnes…..
Les Maliens savent, Excellence, que toute ces actions de développement ne seront possibles sans la bonne gouvernance soutenue par une bonne politique de planification et un suivi par des agents compétents. C’est pourquoi le principe de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut doit être désormais la règle de toute nomination….”
LE SERMENT SELON LA FORMULE CONSACRÉE
Après cette réquisition du procureur général près la cour suprême, le président de la Cour Suprême a appelé le président élu, Ibrahim Boubacar Kéïta, devant le pupitre, débout et la main droite levée pour lire à haute et intelligible voix la formule du serment prévue par la Constitution du 25 février 1992: “Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute fidélité le régime républicain, de remplir mes fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et de l’intégrité du territoire national. Je m’engage solennellement et sur l’honneur à mettre tout en œuvre pour la réalisation de l’unité africaine”.
Après avoir lu le serment, la Cour Suprême, par la voix de son président, M. Nouhoum Tapily, a déclaré recevoir le serment ainsi prononcé par Ibrahim Boubacar Keïta et l’a renvoyé à l’exercice de ses fonctions de président de la République du Mali.
Tout juste après la prestation de serment, le tout nouveau président investi a prononcé son discours d’investiture.
Dans ce tout premier discours, le président de la République Ibrahim Boubacar a remercié le président par intérim Dioncounda Traoré, ainsi que tous les membres du Gouvernement de transition, tous les Maliens ainsi que tous les pays qui ont aidé notre pays dans la reconquête de ses régions du nord jadis occupées et dans l’organisation de l’élection présidentielle de sortie de crise.
Le nouveau président a promis un renouveau du Mali dans tous les domaines. Il a pris l’engagement de traduire au quotidien le message des Maliens. En somme, le discours d’investiture du nouveau président a donné une réponse aux multiples attentes des Maliens.
Après la prestation de serment, la décoration et le discours d’investiture, le nouveau président s’est rendu au Monument de l’Indépendance où il a déposé une gerbe de fleur en la mémoire de tout ceux qui ont combattu pour la souveraineté de notre pays.
Par Modibo KONÉ