L’unanimité est faite sur la grande mobilisation des électeurs lors du premier tour de l’élection présidentielle de dimanche. L’engouement pour choisir un nouveau président de la République et pour tourner la page de la crise ne s’est pas démenti. On a vu de longues files d’attente devant les bureaux de vote. Nos concitoyens étaient décidés à voter mais beaucoup n’ont pu le faire pour n’avoir pas retrouvé leur bureau de vote. D’autres difficultés réelles auxquelles les électeurs ont également été confrontés étaient liées à l’affichage désordonné des listes électorales devant les bureaux de vote et à la non disposition des listes d’émargement à l’intérieur des bureaux de vote. Ces couacs organisationnels ont frustré des électeurs d’une participation à laquelle ils aspiraient très fort.
Aux lendemain du premier tour du scrutin, nombre de nos compatriotes s’interrogent encore sur le fait que le lieu de vote n’est pas indiqué sur les cartes NINA dont l’impression a été assurée par la Délégation générale aux élections (DGE). Un responsable de cette structure, approché hier, a fourni une explication d’une simplicité désarmante : la carte NINA qui a permis à l’électeur de voter n’est pas réellement un document électoral, comme la fiche jaune utilisé dans le passé, mais plutôt un document administratif destiné à l’état-civil. Donc en aucun cas, le lieu de vote ne pouvait être mentionné sur la carte NINA.
La solution envisagée par la DGE pour corriger cette « lacune » était de remettre les cartes NINA à leurs détenteurs au moment de l’établissement des listes électorales par les commissions administratives. A ce moment, l’électeur aurait eu la possibilité de choisir son centre et son bureau de vote et de le transmettre à la commission administrative de sa commune. Mais compte tenu du fait que la production des NINA a pris du retard à cause de la complication liée aux procédures d’appels d’offre, l’administration a décidé d’effectuer l’opération d’établissement des listes électorales afin de respecter le délai prévu. C’est donc bien après l’établissement des listes électorales par les commissions administratives que l’opération de distribution des cartes NINA a débuté. Cette distribution s’est étendue du 28 juin au 27 juillet, soit à un jour du premier tour de l’élection présidentielle.
La date des élections s’approchant, les électeurs ignoraient encore dans quel centre ils allaient voter pour ne même pas parler de leur bureau de vote. Pour corriger au plus vite cette anomalie, la DGE a mis en place deux systèmes. Le premier consiste à trouver son centre et son bureau de vote par l’envoi d’un SMS à l’un ou l’autre des operateurs téléphoniques Malitel et Orange. Le second s’est appuyé sur le déploiement de 400 techniciens dans les 20 communes urbaines pour aider les électeurs à identifier leurs bureaux dans le fichier.
De l’avis du responsable de la DGE, ces deux systèmes ont bien fonctionné car ils ont permis à nombre d’électeurs dans les villes de situer leurs bureaux de vote. Et pourtant un nombre indéterminé mais apparemment élevé d’électeurs n’ont pas voté le jour du scrutin parce qu’ils ne savaient pas où le faire. En effet, ce jour crucial, le système d’envoi de SMS a crashé. Sous l’effet de la forte demande, les deux réseaux ont totalement saturés. Nous avons ainsi pu personnellement constater que Orange Mali ne répondait plus. Durant notre reportage, nous avons croisé beaucoup d’électeurs qui tentaient d’interroger les serveurs par SMS mais en vain. Fatigués de tourner en rond, certains ont décidé de rentrer à la maison sans accomplir leur devoir civique. Le déploiement des techniciens ne semble donc pas avoir eu l’efficacité attendue si on en juge au nombre d’électeurs perdus.
L’affichage désordonné des listes électorales devant les bureaux de vote est de la responsabilité des agents électoraux chargés pour ce travail. Idem pour les listes d’émargement dans les bureaux. Des électeurs ont ainsi retrouvé leurs nom et photo sur les listes affichées mais ne figuraient pas sur les listes d’émargement à l’intérieur du bureau. La confusion ainsi occasionnée a créé des embouteillages, ralentissant les opérations là où le problème s’est posé. L’organisation matérielle des élections étant directement confiée au ministère de l’Administration territoriale, hier nous avons tenté d’avoir des explications sur les failles constatées à ce niveau mais en vain.
Les anomalies constatées ça et là peuvent-elles être corrigées avant un possible deuxième tour de la présidentielle ? Du côté de la DGE, les responsables annoncent le maintien des deux systèmes disponibles : l’envoi de SMS aux operateurs téléphoniques et le déploiement des techniciens avec leurs outils informatiques. En plus de cela, la DGE demande aux électeurs de faire des efforts supplémentaires pour localiser à l’avance leurs bureaux de vote. Elle interpelle aussi les partis politiques pour informer et sensibiliser leurs militants sur la localisation de leurs bureaux de vote avant le prochain vote. De toutes les façons, la situation ne peut rester en l’état. Pour un éventuel second tour ou pour les législatives à venir, l’organisation va devoir améliorer sensiblement l’information de l’électeur sur le point noir de l’identification de son bureau de vote.
En ce qui concerne le vote des réfugiés, la DGE estime que tout s’est bien passé sauf que très peu d’eux étaient inscrits sur la liste électorale. On en comptait ainsi 8409 en Mauritanie, seulement 867 au Niger et 932 au Burkina Faso. En cas de second, ce nombre ne changera évidemment pas.
M. KEITA