Les deux tours du scrutin présidentiel ont battu les records de participations à une élection démocratique dans le pays. Cela, parce que les Maliens veulent non seulement tourner rapidement la triste page des 18 derniers mois de crise politique et sécuritaire, mais aussi et surtout parce qu’ils sont déterminés à peser sur l’avenir de leur nation.
Ce matin du 11 août 2011, mon 3e garçon (moins de 4 ans) était plus pressé que moi d’aller voter. À 6 heures, il était debout et voulait qu’on aille au centre du quartier. Il me mit la pression au point que nous étions obligés de sortir avant 8 heures, sans même prendre le «petit dej.» (Petit déjeuner) et sous la pluie.
Je pensais alors être le premier à me présenter à mon bureau sous cette pluie matinale. Telle ne fut donc pas ma surprise de trouver qu’ils étaient très nombreux les électeurs qui avaient bravé la météo pour massivement prendre d’assaut les bureaux de vote. Finalement, j’ai été la 10e personne à accomplir ce devoir civique avec mon fils qui, en fait, était le «vrai électeur» car il était fier de m’avoir «convaincu de voter» pour son «candidat». La confiance n’excluant pas le contrôle, il a tenu à être témoin !
Je ne suis pas sûr qu’on puisse atteindre le record de participation du premier tour. À cause non seulement de la météo, mais aussi et surtout du fait que certains vont se dire que les jeux sont faits ou que cela ne sert plus rien à voter parce que leur candidat est out !
Toutefois, les enseignements ne vont pas manquer pour les politologues, les observateurs… Au Mali, le vrai défi électoral a été le taux de participation très bas depuis l’avènement de la démocratie. Et le temps du parti unique ne peut pas tellement servir de référence en la matière.
Mais, la crise que le pays vient de traverser a visiblement suscité un regain de conscience chez le Malien. En cette matinée électorale du 11 août, l’émotion était en tout cas à son comble au Centre Aminata Diop de Lafiabougou (Bamako).
De l’émotion et des enseignements
On ne pouvait qu’être ému de voir toutes ces vieilles personnes marchant dans la boue soutenues par un ou deux proches pour venir accomplir ce devoir patriotique. Tout comme on ne peut rester indifférent à ces non-voyants ou personnes souffrant de déficience physique braver la pluie, avec ou sans soutien, se rendre aux urnes.
Cela en dit long sur l’importance que les Maliens accordent à ce scrutin. «Nous avons assez souffert comme ça. De la fondation du Mandé (empire manding) à 2011, ce pays n’a jamais été aussi humilié. Moi, je n’ai plus rien à attendre de la vie et je n’avais jamais voté de ma vie parce que je doute de la sincérité des politiciens. Mais, je pense qu’il est de notre devoir de montrer la voie aux futures générations. S’abstenir de voter, c’est favoriser l’élection de n’importe qui à la tête du pays», affirme Sidi Moctar Maïga, 75 ans et employé de bureau à la retraite.
«C’est le bulletin de vote qui nous permet de réellement peser sur le destin du pays en désignant celui à qui nous faisons confiance pour le diriger. Je n’avais jamais voté de ma vie. Mais, la situation actuelle du pays nous interpelle tous, surtout nous qui nous soucions du bien-être de nos enfants et de nos petits enfants», souligne Mme Sirantou Magassa, une vieille Sarakolé de 69 ans. Voyant à peine, elle s’était fait accompagner d’un de ses petits-enfants pour la guider.
Toutes ces vieilles personnes, tous ces handicapés…ont une histoire liée à leur présence… Mais, elles ont toutes toute une envie commune : le changement ou la rupture ! «Il est temps que le peuple reprenne son droit démocratique afin de prouver aux politiciens qu’ils ne sont que des légataires du pouvoir. Nous les élisons pour nous servir et pas pour pas autre chose», déclare Boubacar Sissoko, un postier à la retraite.
«Peu importe pour qui on vote. L’essentiel c’est de voter massivement et de veiller à ce que cela se traduise dans les résultats. Refusons désormais de suivre les politiques et battons-nous pour nos convictions et notre ambition pour notre pays», ajoute-t-il.
«Les Maliens sont sortis massivement pour voter parce qu’ils ont la conviction que leurs voix vont compter et ne seront pas détournées au profit d’une marionnette politique comme c’était le cas ces dernières années. Cela est à l’actif des autorités de la transition qui ont su faire preuve d’une grande neutralité dans l’organisation du scrutin», croit savoir Souley Dicko, administrateur civil reconverti dans les affaires.
«Si nous voulons que ce pays change, il faut obliger les politiques à respecter le peuple. Et voter c’est le meilleur moyen de les sanctionner, donc de leur imposer ce respect», préconise Diallo Aïda Samaké, couturière de son état.
«Peu importe celui qui sera élu aujourd’hui. Le plus important, c’est de nous unir derrière lui pour l’aider à tenir ses promesses et concrétiser nos rêves pour ce pays. Mais, ce soutien doit être sans complaisance, c’est-à-dire ne jamais hésiter à le rappeler à l’ordre chaque fois que cela s’impose. Et s’il s’entête dans l’erreur, il faudra alors lui démontrer par tous les moyens qu’il est là parce que le peuple l’a voulu. Ne laissons plus jamais un homme gouverner ce pays comme l’a fait l’ancien régime», conclut le vieux Sidi Moctar Maïga. Autrement dit, le peuple ne doit plus se laisser intimider par la tête du lion qu’il a abattu !
Alphaly
Bonjour,
Félicitations au nouveau Président, Ibrahim Boubacar Keïta, pour le plébiscite obtenu de la part des électeurs Maliens.
Désormais, il a le feu vert pour la création d’institutions fortes au Mali et pour la reconstruction et le développement durables du Mali.
Mais, il ne peut le faire sans la quiétude, l’engagement et l’aide de tous les Maliens.
C’est pourquoi la paix et la sécurité doivent être renforcées, de même, la réconciliation et l’unité sont, maintenant, indispensables pour avancer ensemble et bâtir un Mali prospère et solidaire avec l’assurance d’un bien-être durable pour ses filles et ses fils.
Bien cordialement
Dr ANASSER AG RHISSA
EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
E-mail: Webanassane@yahoo.com
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