Concernant le scrutin du dimanche 28 juillet au Mali, une seule évidence a marqué l’opinion publique nationale et internationale : la réussite de l’opération. Le véritable point de satisfaction de cette élection aura été la mobilisation des Maliens autour de cette cause hautement patriotique. Ce qui dénote la parfaite réussite de l’organisation de cette élection dans ses aspects, les plus élémentaires. Les vrais héros de cette élection ne sont pas ses vainqueurs mais le gouvernement de la transition et tous les 27 candidats en lice.
Le débat sur la tenue des élections en juillet avait presque tourné en vinaigre. Chacun au gré de ses intérêts cherchait à trouver la petite bête pour empêcher le gouvernement de la transition à tenir sa promesse, de faire les élections en juillet. D’interpellations devant l’assemblée nationale en contestations par presse interposée, les politicards maliens ont utilisé tous les moyens pour dissuader, perturber ou faire changer d’avis le gouvernement de Diango Cissoko, mais sans succès. L’opposition avait atteint un tel niveau que le Président de la CENI s’en est approprié le rôle du contestataire-vedette. Imperturbable sur sa feuille de route et perspicace sur la portée de l’enjeu, le ministre de l’Administration territoire, de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire, colonel Moussa Sinko Coulibaly ne s’est pas laissé divertir, contre ses détracteurs il a dressé un rideau de fer. Dans ce bras de fer, le ministre Sinko a été soutenu par le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, qui avait fini de convaincre la communauté internationale sur sa ferme volonté de faire élire coûte que coûte un président légitime par les urnes. Ceux qui ne connaissent pas l’homme ont affirmé qu’il serait en train de divertir la galerie et procéder à la dernière minute au report du scrutin. Du coup, les mauvais esprits ont confondu les dernières missions du premier ministre auprès des chefs de l’Etat de la CEDEAO, en une quête de conciliabule sur le report des élections afin de permettre aux dirigeants de la transition de perdurer aux affaires.
Des arguments battus en brèche !
Pour obtenir le report des élections, les contestataires ont développé différentes argumentations. Il s’agit de l’impossibilité de tenir le scrutin entre autres en période hivernale, en mois de carême ou au moment où le nord est sous occupation.
Sans tomber dans la diversion, le ministre Sinko a répondu à toutes les sollicitations, interpellations et rencontres sur la question. Partout et à tout le temps, il a maintenu sa position, la tenue du scrutin en juillet.
Un député à l’assemblée nationale a dit à haute voix que si le ministre s’en tête à tenir son élection en juillet, pleine saison pluvieuse, que les ruraux (majorité des électeurs) bouderont le scrutin et que cela portera un coup fatal au taux de participation. A son temps, Sinko a déclaré aux élus que s’ils s’emploient à inviter tous les Maliens (ruraux que citadins) au sacrifice patriotique le jour du scrutin, les élections seront une réussite. Le résultat est connu de tous.
Ensuite une autre frange d’hommes politiques voulaient un report sine die du scrutin en raison du mois de carême qui se profilait à l’horizon. Devant les élus, le ministre chargé des élections a été on ne peut plus clair : « En considération de ce que notre pays vient de vivre, pour rien au monde nous n’accepterons de mettre en jeu la laïcité de la République ». Depuis lors, ceux qui ne voulaient pas vivre la période électorale en plein mois de carême se sont tus.
Parmi les contestataires de la tenue du scrutin en juillet, le gros du lot plaidait la cause du nord. D’aucuns affirmaient que sans l’enrôlement des réfugiés, le scrutin allait souffrir en légitimité. Pour d’autres, comme le candidat du Parena, Tiébilé Dramé, sans que les conditions adéquates ne soient réunies à Kidal, l’on ne pourrait parler d’élection.
Le plus criard de toutes ces contestations a été celle du président de la CENI, Mamadou Diamoutani. Lequel aura attendu la dernière minute pour jeter de la pierre dans le jardin des organisateurs du scrutin. Par voie de presse, il n’a eu aucun répit d’affirmer que la tenue du scrutin le 28 juillet serait improbable. Pour lever tout équivoque et enlever du doute dans l’esprit de tout un chacun, c’est le président par intérim de la transition lui-même qui est monté sur ses grands chevaux, à la faveur du dernier sommet de la CEDEAO d’Abuja, Dioncounda Traoré a affirmé que rien n’entachera la tenue du scrutin , au 28 juillet. Malgré tout, les réfractaires diront que le maintien de la date du 28 juillet serait une injonction de la France.
Election au Mali, un autre pari gagné par Hollande !
S’il y’a un précurseur pour la sortie rapide de crise pour notre pays, c’est bien le président socialiste français, François Hollande. Après avoir convaincu les autres pays d’Europe et de l’Amérique sur la nécessité d’accompagner le Mali dans son processus de retour à la normalité, le Président français a maintenu mordicus la date du 28 juillet pour la tenue du 1er tour des élections présidentielles. D’ailleurs, il a invité les plus hautes autorités de la transition malienne au respect strict du calendrier adopté. A ce sujet de nombreux politiciens ont affirmé que la France dicte son diktat au Mali dans une matière, relevant de la souveraineté d’un Etat démocratique, la tenue des élections. Sans tomber dans la polémique, François Hollande est revenu à plusieurs reprises sur la portée de la mise en place d’un pouvoir légitime à Bamako. Lequel pourra faire face, convenablement au bourbier nordiste. Notamment, entamer les négociations avec les groupes rebelles de Kidal, après les accords préliminaires de Ouagadougou.
Au regard de la grande affluence constatée, dimanche partout dans le pays, on peut dire que François Hollande vient de gagner un autre pari, après celui de la libération du nord des mains des islamistes, djihadistes et narcotrafiquants. Et du coup, rejoint le cercle fermé des héros du scrutin du dimanche. Qui sont, le peuple malien, le gouvernement de la transition et les 27 candidats en lice.
Moustapha Diawara