Classé troisième avec près de 9,6% des voix lors du premier tour de la présidentielle, tenu le 28 juillet dernier, le candidat de l’Adema a justifié ce samedi son ralliement à Ibrahim Boubacar Keita, arrivé en tête avec un peu plus de 39% des suffrages.
«…je lance un appel solennel à tous les militants de l’Adema-Pasj et tous mes compatriotes qui ont voté pour moi à reporter leur voix sur le candidat Ibrahim Boubacar Keita au second tour de l’élection présidentielle», a déclaré Dramane Dembélé, ce 03 août devant la presse nationale et internationale. Il ne s’agissait juste que d’un formalisme car, le même jour dans la matinée, sur les antennes de RFI, le candidat de l’Adema avait manifesté ouvertement sa volonté d’aller à contre-courant du mot d’ordre de son parti qui avait, la veille, appelé ses militants à voter le candidat de l’URD, Soumaïla Cissé, arrivé en deuxième position avec 19,4% des voix. Ce, conformément à l’esprit de l’alliance politique et électorale intervenue entre les membres du Front anti-putsch la veille du scrutin et qui prévoyait que le FDR fasse bloc derrière celui de ses candidats qui atteindra le second tour de la présidentielle. Mais le candidat de la première force politique du Mali est bien loin d’être seul dans sa logique, car lors de sa déclaration au QG de campagne du parti, on a pu remarquer la présence des responsables de l’Adema, notamment le directeur de campagne, Harouna Cissé, Oumar Ag Mohamed Ibrahim Haïdara, 4ème vice-président du Comité exécutif et non moins président du Haut conseil des collectivités, Adama Samassékou, membre de la Commission des bons offices, Abdrahamane Touré, ministre délégué à la Décentralisation, Mohamedoun Dicko, président d’honneur du parti. A eux, s’ajoutent Mme Zouré Fatoumata Maïga, 1ère vice-présidente du mouvement national des femmes, et Lazare Tembely, président du mouvement national des jeunes, ainsi que Me Mamadou Gakou, représentant l’ARP.
Au delà de l’appartenance de leurs partis respectifs à la même famille politique, à savoir l’internationale socialiste, qu’il a mise en avant, parmi tant d’autres raisons, pour justifier son ralliement à Ibrahim Boubacar Keita, Dramane Dembélé a laissé entendre que dans tous les pays du monde, c’est le candidat qui appelle à voter. Aussi, même s’il ne se dit pas floué, le candidat du Pasj a pourtant ouvertement reconnu avoir été trahi par les siens, car il est de son avis impensable que le candidat du parti qui se réclame être la première force politique du pays avec 3 500 conseillers municipaux sur environ 10 000, 276 maires et 56 députés sur 147, n’obtienne pas 10% des voix. Or, explique-t-il, le contexte dans lequel la présidentielle s’est tenue faisait que celle-ci s’apparentait à une élection de proximité. Dans un tel processus, on doit, dit-il, laisser la main au candidat. «On aurait dû attendre la fin du processus et voir dans quel schéma nous pouvons nous mettre. C’est vrai, nous avons signé la plateforme. Ça été signé par d’autres pour d’autres desseins. Ils avaient leur agenda et leur schéma», a dénoncé Dra, annonçant que la refondation du parti était désormais en marche. Il a par ailleurs fait savoir qu’au sein même de la plateforme, il y a un candidat qui avait négocié avec d’autres candidats. «Pourquoi il ne négocie pas avec moi ?», avait-il interrogé, affirmant ne pas se reconnaître dans ladite plateforme parce que ne correspondant pas à ses valeurs.
Au sujet d’une éventuelle sanction, M. Dembélé a défié le CE en laissant entendre que si sanction il doit y avoir, c’est à lui de le faire, car si on a du respect pour le parti, c’est de voir la direction de la personne qui en est le porte-étendard. «Et voilà, j’ai sanctionné», enfonça-t-il le clou. Se prononçant sur son avenir au sein de l’Adema, Dramane Dembélé a promis qu’il y est et y restera, le seul agenda pour lui étant de mettre fins aux mauvaises pratiques qui y ont, dit-il, encore la vie dure. «On ne va pas me pousser à la porte. Ils l’ont fait à IBK. Ils l’ont fait à Soumaïla. Mais moi Dramane je vais rester et me battre dans ce parti», a-t-il dit. Aussi, précise-t-il, aucun marchandage ne sous-tend sa démarche. «C’est pour la stabilité du pays, qu’en toute sincérité, qu’en toute liberté que je me suis engagé en disant que je vais soutenir IBK», a conclu le candidat du parti de l’abeille.
Bakary SOGODOGO