Discours d’investiture du président de la république, Ibrahim Boubacar Keita : De belles promesses, mais…

16

Le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, a été investi dans sa fonction de Chef de l’Etat, Chef Suprême des armées, président du Conseil supérieure de la magistrature, garant de l’unité et de la souveraineté nationale entre autres, le mercredi 4 septembre dernier. C’était lors d’une audience solennelle de la Cour Suprême, la plus haute instance judiciaire du pays au Centre international de conférence de Bamako (CICB), en présence de tout ce que le pays compte de personnalités importantes. Dans son discours d’investiture, le nouveau président s’est engagé particulièrement à mettre fin à ce qu’on pourrait qualifier de « chienlit » qui prévaut depuis trop longtemps déjà dans notre pays, à travers notamment la restauration de l’autorité de l’Etat, la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite, etc. De nombreux compatriotes ont longuement applaudi ces propos, mais pour les quelques sceptiques, la prudence est de mise. Car, seuls compteront les actes et non les belles intentions dont le peuple a été, hélas ! suffisamment abreuvé par le passé.

Bamako, le 04 Septembre 2013 au Centre International de Conference de Bamako (CICB). Le Président Elu de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keita dit IBK a prêté serment devant la cour suprême.
Bamako, le 04 Septembre 2013 au Centre International de Conference de Bamako (CICB). Le Président Elu de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keita dit IBK a prêté serment devant la cour suprême.

Dans un réquisitoire, qualifié « d’excellent » par IBK lui-même, le Procureur général près la Cour Suprême, Mahamadou Bouaré, a opportunément rappelé à cette occasion au président de la République nouvellement élu, les priorités du moment d’un pays qui sort d’une crise affreuse et affligeante. Sans s’étaler sur les causes profondes de ce qui est arrivé au Mali ces 2 dernières années, l’éminent magistrat a insisté, entre autres, sur la restauration de l’autorité de l’Etat qui aura pour socles, une justice au service réel des justiciables et une administration respectueuse de ses usagers.
Dans son discours d’investiture, comme en réponse à cette interpellation du Procureur général sur les nombreux défis qui l’attendent, le président IBK a promis de se mettre immédiatement à la tâche « dès demain », a-t-il dit. Pour ce faire, « des actions vigoureuses seront enclenchées » en vue de récréer la confiance entre l’Etat et les citoyens, gage nécessaire à l’impérieuse restauration de l’autorité.
De ce seul engagement  du Chef de l’Etat, dépendra la réussite de sa mission pendant son mandat qui couvre les 5 prochaines années. C’est un défi énorme, lorsqu’on sait l’état de déliquescence très avancée dans lequel se trouve le pays, notamment l’Etat à travers tous les pans et symboles qui matérialisent son effectivité aux yeux du citoyen et des observateurs.

En effet, il y bien longtemps que l’Etat avait cessé d’exister au Mali. Car, l’Etat a pour fondements un ensemble de règles, de lois et de principes sacrosaints dont la violation, de quelle que nature que ce soit et par qui que ce soit, doit être sanctionnée comme telle. Ces règles et principes fondamentaux sont érigés en droits et obligations de part et d’autre entre l’Etat et ses citoyens dans un environnement mondial auquel ils doivent s’adapter nécessairement.

Dans le cas espèce du Mali, la question fondamentale qu’il convient de se poser est de savoir si réellement le Mali a toujours été un Etat pour tous ses citoyens ? C’est-à-dire un Etat qui s’acquitte de ses obligations en assurant au mieux ses missions régaliennes et de façon impartiale. En d’autres termes avons-nous au Mali une bonne distribution de la justice ? L’obligation d’éduquer, de soigner, de nourrir, de loger, de protéger, de défendre entre autres est-elle assurée par notre Etat à l’égard de tous ses citoyens ? Ce n’est malheureusement pas le cas. Que demander alors au citoyen qui se sent en dehors des actions de l’Etat ou qui se sent simplement lésé dans ses droits constitutionnels de citoyen ?

Pour restaurer alors l’autorité de l’Etat de façon efficace, il faut que les pouvoirs publics jouent, en premier lieu, leur rôle (tous leurs rôles) en toute impartialité, dans un esprit d’équité et de justice.
Le Mali d’IBK en aura-t-il les moyens ? L’avenir permettra d’apporter une réponse à cette question. Mais d’ores et déjà, le discours programme étalé par le président de la République lors de la cérémonie de son investiture, augure d’un lendemain qui sera forcément différent de ce qui a été jusqu’à maintenant.

En effet, la perte de la notion de patriotisme, l’incivisme, la corruption érigée en système de gouvernance et de gestion, la course effrénée à l’enrichissement rapide et à tous les prix ou par tous les moyens, la perte des valeurs morales et sociétales d’antan, l’absence de références dans la société pour la jeune génération, l’effritement du poids et du rôle de la famille et de la communauté, une école spécialisée à produire des chômeurs plutôt qu’à former des travailleurs prêts à prendre la relève des aînés, le favoritisme, l’irresponsabilité de la plupart des responsables à tous les niveaux de la société, l’absence de perspective réelle pour la jeunesse, sont autant de maux que de défis qui minent la voie de la réalisation du bel programme sur la base duquel le peuple a investi de sa confiance le candidat Ibrahim Boubacar Keita parmi la trentaine à l’élection présidentielle de juillet et août derniers.

La légitimité que confèrent cette confiance et cette onction populaires, sera-t-elle suffisante pour que le président de la République se donne tous les moyens nécessaires et indispensables à la refondation du Mali nouveau ? L’homme dispose en tout cas de préjugés très favorables dans l’opinion et d’atouts certains de par son parcours politique et sa grande expérience de l’Etat, pour traduire effectivement ses promesses en actes concrets sur le chemin de la renaissance nationale.
Le sentiment qui exprime cet espoir nourri par tout un peuple vis-à-vis des nouvelles autorités du Mali se retrouve dans les propos judicieusement tenus par l’Archevêque de Bamako, Mgr Jean Zerbo au micro de nos confrères de l’Ortm, juste à la fin de la cérémonie de prestation de serment du président de la République au Cicb.

Les discours, les Maliens en ont entendus de toutes sortes ! A présent, ils attendent que leur espérance, manifestée à travers leurs votes massifs les 28 juillet et 11 août derniers, se traduise dans la réalité de leur vécu quotidien.

Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, est certes élu pour 5 ans, mais il n’aura pas 5 ans pour convaincre et rassurer ces compatriotes du bienfondé de leur choix. Les attentes sont immenses. Les défis multiples et multiformes, certes, mais les Maliens ont faim et soif. Comme le dit l’adage « ventre affamé n’a point d’oreille » ! Alors, plus tôt ce sera, mieux cela vaudra !
Bréhima Sidibé

Commentaires via Facebook :

16 COMMENTAIRES

  1. Si vous nous demanderiez, est ce que les idéaux du 26 mars 1991 ont existé?
    Nous vous répondrions: oui!
    Si vous nous demanderiez est ce qu’ils étaient une aspiration du peuple
    Nous vous répondrions: oui!
    Si vous nous demanderiez est ce qu’ils ont été trahi par les régimes des 20 dernières années (AOK, ATT)?
    Nous vous répondrions: oui!

    /* = = */

    Si vous demanderiez à IBK, est ce que les idéaux du 26 mars 1991 ont existé?
    Il vous répondrait: je ne sais rien moi!
    Si vous demanderiez à IBK est ce qu’ils étaient une aspiration du peuple?
    Il vous dirait: je m’ en fous moi!
    Si vous demanderiez à Ibk est ce que tu vas les honorer?
    Il vous dirait: Cette connerie là? Moi jamais! D’ailleurs, je viens d’encenser Moussa Traoré.

    • 💡 💡 💡 💡 💡 💡 💡 💡 💡
      L’histoire retiendra: Au lieu de “l’honneur du Mali”, le “Kankélétique” du mandé vient de profaner la mémoire des martyrs du 26 mars 1991 👿
      💡 💡 💡 💡 💡 💡 💡 💡

  2. “Nya fo, m’ba ke”. Il l’a dit, et il va le faire. Personne ne l’a force a faire des promesses, Alors souhaitons lui bonne chance et donnons lui le temps de tenir ses promesses.
    S’il ne fait pas ce qu’il a dit, alors la…

  3. Contrairement à d’autres je n’ai pas apprécié positivement ce discours.
    Il manque un point essentiel: Les gens avaient taxé IBK d’être à la solde des islamistes, il aurait dû se prononcer clairement sur la laïcité du Mali. Un silence coupable. Cela est d’autant plus inquiétant quand dans pays laïque le président prononce dans son discours des “inch’allah” et des ” bissimilahi rahmane rahime “.
    Pour finir, la présence de Moussa TRAORE n’était opportune et surtout que IBK l’a bien ovationné. On se demande aussi pourqui AOK n’était pas présent….

    • Alpha a volontairement décidé de ne rien dire et de ne plus rien faire en ce qui concerne le Mali. Le pays a frolé la catastrophe, ce monsieur, malgré tout ce qu’il doit à ce peuple, n’a pas pipé mot. Il est resté bouche cousue, yeux bandés, oreilles bouchées. Alors qu’il se taise pour de bon et pour toujours. On s’en fout de lui!

  4. INVITATION

    A l’occasion de l’élection de M. Ibrahim Boubacar KEITA à la Magistrature Suprême de notre pays, le Club de Soutien IBK 2012 Banankabougou 740 vous invite à une soirée de Balafon avec des Balafonistes venus directement du Kénédougou (Niètiorobougou).
    La dite manifestation aura lieu sur le terrain de Foot Cosmos sise à Banankabougou près du Lycée Ibrahim Ly le Dimanche 08 Septembre 2013 à partir de 15h00.
    Votre Présence est vivement souhaitée

    • Aw yé a bankan barakè 💡 aw ka chi kè fèti la.
      Aw tèkè finyé fo ka awsa 🙁 🙁

  5. Bonjour,
    Bonne chance au Président IBK et au PM, Oumar Tatam Ly.

    Ils doivent impulser un véritable élan d’ensemble intégrant et unissant tous les Maliens pour relever les DÉFIS de la réconciliation et de la reconstruction durables du Mali ainsi que celui de la lutte contre la corruption tout en garantissant la paix, la sécurité et le bien-être pour tous.

    Par exemple, la lutte contre la corruption, pour être efficace, doit être acceptée et mise en œuvre par tous.

    Pour ce faire, les salaires et les conditions de vie doivent être revus, mais pas seulement, il faut aussi que les Maliens changent de mentalité et de comportement.

    En particulier, en participant, autant que possible, à la vie de la nation à travers la gouvernance participative, la citoyenneté et la démocratie, et l’application, partout (pas évident), de la bonne gouvernance à travers le respect et le contrôle par tous de la chose publique sont nécessaires.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC ET GOUVERNANCE

  6. Patriote Géant, nous voulons sans aucun doute des patriotes , mais certainement pas des patriotes géants comme toi , car l’excès de tout est nuisible et on le sent très bien dans vos propos. Revenez sur terre.

    Moi qui te parle , je suis un fils de pauvre, mais je reste convaincu que ce n’est point une fatalité. Parmi les enfants récemment recompensés par la patrie pour leur excellence il y a des enfants de pauvres comme vous dites. Ils ont travaillé et des individus comme vous, vous voulez tout avoir en râlant sans rien faire.

    IBK a dit c’est fini. Pas de partage de gateau. Il faut travailler et tout sera basé sur le mérite. Je m’efforce de croire IBK sans l’avoir jamais supporté pendant la campagne, mais les faits sont têtus. Ils sont là.

    IBk ne vous a t il pas dit il n’y a plus de passe droit, être pauvre sans compétence ne vous conduira à rien et ne vous donne droit à rien. Il faut étudier , au lieu de passer le temps à faire des revendications stériles. Qui casse paye. Point

  7. IBK doit continuer sur cette voie en multipliant par zéro tous les opportunistes politiques de la dernière heure. Il faut qu’il tape dur à tous les niveaux pour que la confiance entre lui et le peuple ne s’effiloche pas très rapidement.Bonne chance au nouveau PM, LY.

  8. Le choix d’un PM en dehors de tout sérail politique est déjà un signal fort à tous ceux qui ont accouru “à la mangeoire”. Un début bien apprécié dans l’opinion et par la communauté internationale.

    • Certains maliens s’offusquent déjà contre le choix d’IBK pour son PM. Mais que peut-on véritablement reprocher au nouveau PM, Oumar Tatam LY ? Est-ce parce qu’il a fait de bonnes études ou simplement parce qu’il ne serait pas politique? C’est là un faux procès fait à quelqu’un dont les compétences ne sont pas remises en cause pour assumer une fonction qu’il mérite jsuqu’à preuve du contraire. ça nulle ne saurait le dire avant de le voir à l’homme à l’oeuvre. Attendons donc de le juger à ses actes. La méchanceté gratuite ne sert jamais à rien.

      • Leguen
        “Mais que peut-on véritablement reprocher au nouveau PM, Oumar Tatam LY”
        Rien, assurément!…

        “C’est là un faux procès fait à quelqu’un dont les compétences ne sont pas remises en cause pour assumer une fonction qu’il mérite jsuqu’à preuve du contraire”

        Oui et non à mon sens! Monsieur Ly aurait été nommé MINISTRE de l’économie et des finances, ses compétences et son CV m’aurait paru prometteurs; Mais pour un poste de PM,ses compétences avérées me paraissent plus “décoratives” qu’autre chose! Un PM n’a pas à traiter “techniquement” les dossiers, il doit seulement veiller à la cohésion de X ministres, et les manager!

        “nulle ne saurait le dire avant de le voir à l’homme à l’oeuvre.”
        Là dessus, on se rejoint tout à fait! 😉 😉

        • Nouveau French pseudo, en se réfèrant au passage de feu Mandé Sidibé à la Primature, on peut dire que la BCEAO a tjrs fourni de très bons cadres à l’administration malienne. Généralement ce sont des gens au-dessus de la mêlée du marigot politique malien. Voilà pourquoi, il serait prudent de juger plutôt le nouveau PM à la tâche.

Comments are closed.