Estimé à plus de 49% de taux de participation au premier tour de l’élection présidentielle, le 28 juillet dernier, le second tour qui s’est déroulé hier, 11 aout risque de ne pas atteindre ce taux. En tout cas, c’est ce qui ressort du constat des coordinateurs et présidents de bureaux que nous avons pu visiter ce dimanche 11 août 2013.
Pour être au parfum des opérations de vote, nous avons effectué une visite dans les centres de la commune III. Mais, le constat n’est pas satisfaisant. Même si des incidents majeurs n’ont pas été signalés, l’affluence est en deçà des attentes Avec le temps, nombreux sont les Maliens qui ont pu retrouver leurs bureaux de vote. Ce qui augurait un taux de participation plus élevé au deuxième tour que les 49% du premier tour. Mais avec la forte pluie qui s’est invitée dans les affaires dès l’aube, les prévisions semblent fausser. Car il n’y avait pas la même ferveur dans les centres de vote comme prévu. En tout cas pas, l’affluence dans les bureaux de vote de la commune III n’était pas à hauteur de souhait.
Centre de l’Ecole fondamentale de Bolibana
Au centre de l’Ecole Amadou Ly, au Badialan I, officiellement appelé l’Ecole fondamentale de Bolibana, nous avons approché le coordinateur, Mahamane Traoré aux environs de 10h00. Il a affirmé que les opérations se passaient bien dans son centre, les 8 bureaux de vote qu’il dirige ont tous ouvert à l’heure indiquée. C’est-à-dire, à 08 heures avec tous les matériels électoraux. Avant d’ajouter que l’affluence est monotone due à la pluie qui a empêché beaucoup d’électeur de se rendre aux urnes.
Pour Adama Sangaré, président du bureau N°8 de l’école fondamentale de Bolibana, l’ouverture de son bureau de 476 inscrits a accusé 20 minutes de retard dû à la mise en place des matériels. Toutefois, il a déploré le manque de crayons, de gommes et de calculatrice. Parlant de l’affluence, il précisera que comparativement au 1er tour, l’affluence est timide.
Au bureau N°6, le président, Traoré Sidi Lamine s’est réjoui du bon déroulement du scrutin sans incident majeur. Malgré la présence des délégués des deux candidats, il a regretté la timidité de mobilisation des électeurs. Au bureau N° 7, sous la présidence d’Issa Coulibaly, le vote a commencé à environ 1 heure de retard causé par le manque de 6 bulletins. «A 11h 12, sur 475 inscrits, notre bureau enregistre 113 suffrages exprimés. Si tout le monde vient pour voter, nous ne serons pas en mesure d’assurer le vote de 6 personnes pour manque de bulletin», a confirmé Coulibaly.
Ecole fondamentale de N’Tomikorobougou
Dans notre centre de 20 bureaux de vote, tout se passe normalement, en tout cas pour le moment, a révélé le coordinateur Mambi Camara. « Nous avons commencé à 8 heures comme indiqué. A part quelques couacs qui n’entament pas la crédibilité des élections, notamment l’évacuation des gens qui voulaient faire des attroupements. Ce sont les mandataires qui n’ont aucun document officiel qui voulaient semer le désordre, mais tout est rentré dans l’ordre», a-t-il poursuivi. Dans le bureau N° 04 du centre de N’tomikorobougou, le président Kisso Diallo a précisé qu’il tenait au respect strict des consignes données par le Département en charge de l’organisation de l’élection. Il s’agissait de l’interdiction formelle de l’usage des téléphones portables dans les bureaux. Avant de préciser qu’il procède à l’application de cette règle en les sensibilisant. Donc sans fouiller les électeurs. Dans ce bureau, il dit que l‘affluence est bonne car ils n’ont pas eu de temps de repos. Dans les bureaux N°05 et 08 dirigés par Konté Madou et Niama Diarra le vote se déroule dans de bonnes conditions sans incidents majeurs.
Centre de Oulofobougou Bolibana, au Camp digue
Au camp Digue, selon le coordinateur, Boubacar Diarra, hormis le retard de 5 assesseurs, toutes les conditions étaient réunies pour la bonne tenue de l’élection, même s’il a constaté une morosité dans les 14 bureaux qui sont sous son contrôle. «Pour l’éradication des attroupements, nous sommes intraitables à ce sujet. Dès qu’ils terminent de voter, avec l’appui des forces de l’ordre, nous les prions de sortir», nous a relaté Diarra. Au bureau 04, Mme Konté, Bassa Sow ajoutera qu’à part une fausse procuration qu’ils ont rejetée, il n’y pas eu d’incident. Et que l’affluence est bonne car sur 474 inscrits 170 avaient voté à 12h 23mn.
Dans le bureau N°3, le président Lamine Koné se plaignait du comportement du président du bureau N°13 qui a voté chez lui. Dans son explication, ce dernier a catégoriquement refusé de voter dans l’isoloir. « Malgré notre insistance, ce dernier a voté publiquement. Je vous prie de relayer cette information afin que les autorités prévoient leur mode de sélection de président de bureau. Car un président de bureau n’est pas n’importe qui dans un processus électoral», a-t-il dit.
Le vieux Mamadou Coulibaly, un électeur, dira qu’il n’a eu aucun problème, surtout que nous n’avons que deux candidats cette fois-ci. En plus, l’ancre ne coule pas à moins qu’on le fasse sciemment.
Dravela Bolibana, le coordinateur Alassane Soumaoro n’a signalé aucun incident. Seulement à 13h, il se plaignait de la faible affluence.
Oumar KONATE
PRESIDENTIELLE EN COMMUNE II
Une faible cadence par rapport au 1er tour
Les Maliens ont voté hier dimanche 11 août pour élire un nouveau président entre Ibrahim Boubacar Keïta et Soumaïla Cissé. La plupart des bureaux de vote de la commune II du district de Bamako ont ouvert comme prévu à 8H. Dans certains bureaux, peu d’électeurs se pressaient pour voter alors qu’une forte pluie s’abattait sur Bamako et environs.
«La pluie ne peut gâcher notre journée, même s’il neige moi je voterai pour mon candidat», a déclaré Oumar Touré, un des premiers électeurs présents dans la cour de l’école Nelson Mandela de l’Hippodrome. Avant de nous préciser qu’il était là depuis 7heures. Juste en face, le président du bureau de vote n°7, Abba Cissé, remarque amèrement qu’il n’y a presque personne, alors « que le 28 juillet, à 8heures, on suppliait les votants pour qu’ils respectent la queue. Ils étaient tellement nombreux». À Niaréla, la principale difficulté résidait dans l’accès au centre qui se situe derrière un cours d’eau, et qui n’est accessible que par un petit pont ne laissant passer qu’un véhicule à la fois. Il a fallu placer un agent sur chaque berge et organiser le passage des véhicules. Malgré tout, la cour de l’école était convenablement fréquentée. Par contre les bureaux de vote n°18 et 21 avaient été quasiment inondés par les eaux de pluie et techniquement le vote avait finalement démarré avec près d’une heure de retard. À Médina Coura, les bureaux de vote étaient nombreux : plus d’une trentaine. Les électeurs aussi ont commencé à venir en grand nombre lorsque la pluie s’est atténuée.
Aliou Diané est le président du centre de Bozola. Selon lui, la mobilisation des électeurs se confirmait dès franchi le seuil du centre de vote où l’accès était conditionné à la présentation de la désormais fameuse carte Nina. Devant tous les bureaux, sous des gouttelettes de pluie, s’étirait une file plus ou moins longue, chacun attendant patiemment son tour. Dans les bureaux de vote, la même discipline. Le président et les assesseurs, sous les yeux des délégués des partis, des observateurs de la Cour constitutionnelle et de la Ceni faisaient voter les électeurs. Malgré les dispositions prises par les autorités pour minimiser les cas de fraude, certaines personnes s’y sont attelées, particulièrement au centre de Bozola.
Cas de tentative de fraude grave
Un jeune homme d’environ 25 ans, répondant au nom d’Abdramane Touré, a été pris en flagrant délit de tentative de fraude électorale au centre de vote de l’école fondamentale de Bozola. En effet, vers 10heures, sous la pluie, ce jeune homme a été interpellé par les forces de l’ordre, après avoir été dénoncé par une dame. Cette dernière l’accusait de lui avoir donné un bulletin de vote sur lequel une empreinte digitale aurait déjà été mise à côté de l’image du candidat Soumaïla Cissé. Elle devrait glisser ce bulletin pré-rempli dans l’isoloir contre un billet de 2000 FCFA et rapporter le bulletin vierge pour preuve. Ayant reconnu les faits, Abdramane Touré fut aussitôt conduit par des hommes en uniforme, certainement à la gendarmerie.
Des différents constats et observations faits en commune II du district de Bamako, on peut en déduire que l’affluence est légèrement en baisse par rapport au scrutin du 28 juillet dernier. Par contre la surveillance demeure la même, sinon renforcée.
Rokia DIABATE et
Mariam Ben BARKA
SECOND TOUR DE LA PRESIDENTIELLE
Timide motivation de vote en Commune V
Après le premier tour du scrutin du28 juillet 2013, les populations de la commune V du district de Bamako ont répondu timidement ce dimanche 11 Aout 2013 pour élire un nouveau président pour un mandat de cinq ans. Plus de six millions d’électeurs étaient appelés à voter pour ce second tour de l’élection présidentielle, sur toute l’étendue du territoire malien.
L’histoire retiendra au Mali ce vote utile du second tour qui a connu une morosité dans les opérations de vote digne de ce nom. Une timide mobilisation était remarquée dans tous les centres de vote de la CV, afin de départager les 2 candidats.
Ce dimanche, les centres de vote étaient peu sollicités par les électeurs de Kalanbancoro mais Ousmane Diakité, la soixantaine, habitant de ce quartier déclare : « C’est ma première fois de voir un tel engouement de la population pour élire au second tour un président sans incident ni corruption. Au premier tour, je n’ai pas pu voter faute d’avoir retiré ma carte Nina. Je suis vraiment honoré que ceci soit une sortie définitive de cette crise ».
Selon Aminata Traoré, déléguée d’un parti au centre de vote de l’école Badalabougou second cycle, « le vote s’est déroulé très bien. On est venus depuis 7heures 30mn du matin et on a trouvé les électeurs qui étaient impatients d’accomplir leur devoir. Dieu merci, on n’a pas eu beaucoup de problèmes, à part que certaines personnes sont venues à la recherche de leur bureau de vote ».
Demba Konaté, délégué de CENI bureau 07 à l’école André Pari sin de Kalaban Coura, lui a affirmé que le démarrage du vote a commencé à 08h00 et que la population a répondu à l’appel. Tout s’est bien passé dans les normes. Aucun incident n’a été enregistré à leur niveau.
Moustaph Coulibaly, électeur de Tiébani, se dit heureux d’accomplir son droit de citoyenneté « pour la sortie définitive de cette crise politico-institutionnelle, je suis très comblé d’accomplir mon devoir de patriotisme et d’élire un président démocratique. Enfin, je demanderai à tout un chacun d’accepter les résultats pour que nous tournions cette triste page».
Mais malheureusement, le constat n’était pas le même à l’école fondamentale Niamakoro courani. Au lieu de 8h, les bureaux de vote ont été ouverts à 10h00mn de certains matériels ayant été dégradés par la forte pluie. Selon Adama Diallo, délégué de la CENI, eux étaient « là depuis 6h, et les bureaux de vote ne sont pas ouverts, parce qu’il n’y avait pas de quoi protéger les matériels de vote de la pluie.»
Toutes les populations de la rive droite de la CV avaient presque voté à la mi-journée. La circulation est devenue très fluide sur les artères principales de ladite commune. Quelques rares véhicules d’observateurs et des forces de la Minusma sillonnaient les centres de vote. L’affluence a nettement diminué dans plusieurs centres de vote.
Un scrutin sous le contrôle de plusieurs centaines d’observateurs
Pour cette élection que tout le monde suit de très près, près de 3 000 observateurs nationaux, auxquels s’ajoutent 300 à 350 observateurs internationaux, parmi lesquels 150 experts en contentieux électoraux de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDAO) sont mobilisés pour superviser spécialement les opérations du vote.
La mission de l’UEMOA active sur le terrain, se dit consternée par la faible participation des électeurs. La question des isoloirs mouillés par la pluie dans certains centres étaient un handicap pour le bon déroulement du scrutin. Ces abris censés garantir la confidentialité du choix des électeurs étaient pour la plupart en plein air. L’UEMOA déplore également la légèreté des électeurs, dont la plupart ont attendu la veille du scrutin pour se préoccuper de la question. Un autre dysfonctionnement réside dans l’absence des délégués de candidat dans les bureaux de vote.
Gérard Dakouo