Le premier tour tant attendu de l’élection présidentielle a finalement eu lieu hier dimanche. Le moins que l’on puisse dire c’est que les Bamakois, se sont mobilisés pour l’événement malgré quelques couacs constatés ça et là. L’ouverture tardive de certains bureaux de vote et l’absence momentanée de matériels électoraux n’ont pu entamer la détermination des Maliens à se choisir un président de la République légitime afin de mettre fin à la crise politico-militaire que notre pays vit depuis environ un an et demi.
De mémoire de Malien, jamais une élection, présidentielle, n’a réussi à mobiliser tant les populations. Ainsi, sur l’ensemble des six Communes que compte le District, l’affluence était au rendez-vous depuis l’ouverture des bureaux de vote à 8heures précises. De façon générale, les agents électoraux, les observateurs, nationaux et internationaux veillaient au grain pour la régularité du scrutin. Quant aux forces de sécurité, elles sont restées sur le qui-vive pour parer à toute éventualité. Il faut signaler que le réseau APEM (Appui au processus électoral au Mali) a déployé 2.100 observateurs sur l’ensemble du territoire national dont 1 500 dans les bureaux de vote et 600 autres à l’intérieur.
En Commune I où nous sommes passés par certains bureaux de vote, les populations sont sorties très tôt. Mais il faut signaler qu’à Djélibougou Doumanzana, le vote a commencé avec près de deux heures de retard à cause de l’absence de matériels électoraux. Selon le responsable de ce centre, ce retard s’explique par le fait que certains présidents de bureaux de vote qui devaient enlever les matériels ont brillé par leur absence. “Tout est mis en œuvre pour que les citoyens puissent voter dans les meilleures conditions ” a-t-il conclu. Contrairement à ce centre, une bonne atmosphère régnait au niveau de l’école fondamentale de Boulkassoumbougou où les agents électoraux et les matériels étaient fin prêts depuis le coup d’envoi, nous a confié le chef de centre.
A l’opposé de Boulkassoumbougou, au centre de vote de Banconi Plateau, il n’y avait pas du tout de matériel. Si bien que les esprits s’étaient légèrement échauffés. Les raisons évoquées sont relatives au fait que ceux qui devaient retirer les matériels ne se sont pas présentés. A notre passage, les responsables communaux s’affairaient à trouver une solution.
En Commune II, certaines difficultés ont été signalées notamment à Bagadadji et à Quinzambougou. Si à l’Ecole de la République, on a constaté un léger retard quant à l’ouverture des bureaux de vote, au centre de Quinzambougou, c’est plutôt l’insuffisance des forces de sécurité qui a été signalée, insuffisance rapidement corrigée par les autorités compétentes.
En Commune III, les choses étaient moins confuses. Dans les bureaux de vote de Bamako Coura et Médina Coura, entre les électeurs et les agents électoraux, on ne savait pas qui était plus déterminé. Malgré quelques petits soucis pour certains de retrouver leurs noms ou leurs bureaux de vote, certains observateurs n’ont pas caché leur satisfaction de voir les Maliens sortir massivement pour accomplir leur devoir civique.
L’école Aminata Diop, l’un des plus grands centres de la Commune IV affichait la même atmosphère : forces de sécurité en place, électeurs mobilisés quoique certains se soient perdus à la nasse recherche de leurs noms ou de leurs bureaux de vote, les agents électoraux étaient déterminés à leur faciliter le travail.
En Commune V, le groupe scolaire Sacré Cœur faisait le plein. Cependant, il faut noter que beaucoup d’électeurs ne sachant pas lire, ont eu de la peine à voter. Heureusement, certaines bonnes volontés se sont mises à leur disposition pour leur faciliter le travail. A Badalabougou, l’une des difficultés notées au Centre de vote Mamadou Goundo Simaga, est la pléthore des représentants des partis politiques dans les bureaux de vote. L’explication qu’on a pu avoir c’est que les jeunes, pour la plupart, cherchent à obtenir le petit pécule qui leur est offert pour la journée.
En Commune VI enfin, l’affluence était au rendez-vous aux 1008 logements sociaux de Yirimadio et Niamana. Les difficultés constatées sont les mêmes qu’ailleurs à savoir la difficulté pour certains électeurs à retrouver leur bureau de vote ou leur nom.
Au finish, il faut noter que les populations de Bamako sont sorties massivement pour ce scrutin historique qui permettra de doter notre pays d’institutions solides à même de juguler la crise politico-sécuritaire que nous traversons depuis plus d’un an et demi.
Diakaridia YOSSI
6181 observateurs pour jauger la bonne tenue du scrutin
L’enjeu du scrutin d’hier est si important pour le Mali que la Commission électorale nationale indépendante (CENI), chargée de la supervision des opérations, a accrédité plus de 6 000 observateurs nationaux et internationaux pour examiner à la loupe les opérations de vote. Ils ont été déployés sur l’ensemble du territoire national, même si les régions septentrionales du pays sont faiblement couvertes.
Le contexte de crise a décuplé la détermination de la communauté internationale à accompagner le Mali dans le scrutin décisif d’hier. Eu égard à la solidarité extraordinaire dont le pays a bénéficié quand il a failli sombrer en mars 2012 dans une double crise politico-sécuritaire apocalyptique, plusieurs organisations internationales ont décidé de suivre de près les événements pour un retour paisible à la normalité.
Ainsi, pour la première fois dans l’histoire du Mali, l’UE a envoyé une mission d’observation électorale de 100 observateurs pour superviser le scrutin d’hier. Ils sont venus de 27 des 28 Etats membres de l’Union, ainsi que de la Norvège et de la Suisse, deux pays partenaires pour l’observation.
Selon le chef de la mission d’observation européenne, le Belge Louis Michel, cette mission dispose de 20 observateurs à long terme présents au Mali depuis le 2 juillet, et de 30 observateurs à court terme en place pour environ dix jours avant le scrutin. Ces observateurs sont déployés dans 5 des 8 régions du pays, les régions de Kidal, Tombouctou et Gao ne sont pas concernées même si Louis Michel devait se rendre à Kidal) et dans le district de Bamako.
Ces équipes couvent 25 cercles équivalant à un secteur regroupant au total 90% de l’électorat. A cela s’ajoute une équipe cadre de 8 experts basés à Bamako, soit un chef observateur adjoint, quatre analystes dans les domaines électoral, juridique, politique et médias, un analyste des données de l’observation, un coordinateur des observateurs et un attaché de presse chargé de l’information. Ces effectifs sont renforcés par des diplomates européens en poste à Bamako. S’y ajoute une délégation de députés du Parlement européen venue en appui pour suivre le scrutin. Sans oublier des députés des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) membres de l’Assemblée paritaire ACP-UE qui se sont joints à la mission européenne.
Pour sa part, la CEDEAO a déployé, depuis le mercredi dernier, sur le territoire malien 250 observateurs électoraux pour la présidentielle du 28 juillet. Le chef de cette mission d’observation, l’ancien président ghanéen John Agyekum Kufuor, s’est dit confiant quant aux conditions de déroulement du scrutin.
Le Sénégalais Alioune Tine, responsable de la rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO), membre de la Mission d’observation de la CEDEAO au Mali, a dit sa satisfaction par rapport au déroulement de la transition qui tend vers sa fin. Il a témoigné de la solidarité africaine à l’endroit du peuple malien qui, a-t-il précisé, va tourner la page de la crise avec un scrutin apaisé.
La mission d’observateurs de la CEDEAO a été présentée à l’opinion avant son déploiement lors d’une conférence dans la grande salle de l’Ecole militaire de maintien de la paix Alioune Blondin Bèye à Bamako en présence de la Commissaire aux Affaires politiques, paix et sécurité, Mme Salamatu H. Suleiman. Pour celle-ci, le déploiement d’observateurs au Mali vise à démontrer la solidarité de la région au peuple malien, afin de l’aider à aller à ce scrutin.
Par ailleurs, ” l’UA a déployé une mission d’observation de 50 observateurs de court terme arrivés au Mali le 21 juillet et qui a rejoint les 9 observateurs de long terme déployés depuis le 15 juin dernier “, a noté le chef de la mission, le Togolais Edem Kodjo dans une déclaration préélectorale le jeudi dernier. Cette même mission est composée de parlementaires panafricains et nationaux, d’ambassadeurs africains auprès de l’UA à Addis Abeba, de responsables d’institutions électorales et de membres de la société civile. Cette mission ” portera sur la régularité, la transparence, l’équité et le bon déroulement du scrutin “. Dans le cadre de leurs activités, Edem Kodjo et ses collègues ont rencontré les autorités politiques et judiciaires, les acteurs du processus au Mali, les partis politiques et la société civile.
La CENSAD a déployé, selon le chef de sa mission d’observation, le diplomate burkinabé Youssouf Sangaré, 15 observateurs dans la région de Ségou et de Koulikoro. Si le comité interparlementaire de l’UEMOA a envoyé une dizaine d’observateurs, l’Organisation internationale de la Francophonie est présente dans cette élection à travers une trentaine d’experts. Sans oublier que le Canada, la Ligue Arabe et d’autres organisations internationales ont déployé des observateurs pour suivre le bon déroulement des opérations électorales.
Les observateurs nationaux sont estimés à près de 3500 éléments essentiellement pilotés par le Réseau d’ONG d’appui au processus électoral (APEM) que dirige Ibrahima Sangho mais aussi par des ONG comme Caritas.
Bruno D SEGBEDJI
Le chef de la mission d’observation électorale de la CEDEAO John Agyekum Kufuor satisfait du déroulement du scrutin
Le chef de la mission d’observation électorale de la CEDEAO pour l’élection présidentielle malienne, l’ancien président ghanéen, John Agyekum Kufuor, a sillonné ce dimanche 28 juillet 2013, plus d’une trentaine de bureaux de vote dans la commune de Bamako. Il s’agit notamment des bureaux de Hamdallaye marché, du groupe scolaire Aminata Diop, de la Mairie centrale de Bamako, du Lycée Sacré cœur ACI, de Magnambougou Ecoma et de Banankabougou.
Accompagné du président de la commission de la CEDEAO, M. Kadré Désiré Ouédraogo, du représentant spécial de ce dernier au Mali, M. Aboudou Cheaka Touré, de la Commissaire chargée des Affaires politiques, de la Paix et de la Sécurité de la Commission de la CEDEAO, Mme Salamatu Hussaini Suleiman, et du Directeur des Affaires politiques de cette Commission, Dr Abdel Fatau-Musah, M. Kufuor est allé constater de visu du déroulement du scrutin présidentiel.
Le chef de la mission d’observation électorale de la CEDEAO et la délégation qui l’accompagnait ont assisté au démarrage des opérations de vote dans le bureau de Hamdallaye marché.
Dans l’ensemble des bureaux de vote visités, l’ancien président ghanéen et sa suite ont apprécié la forte affluence des électeurs désireux d’accomplir leur devoir civique, le déroulement des opérations électorales dans le calme, la présence effective aussi bien des forces de l’ordre, des superviseurs de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) que des représentants des candidats.
Ils ont toutefois déploré certaines insuffisances, notamment le démarrage tardif des opérations de vote en raison du manque de matériel électoral ainsi que l’absence de présidents et membres dans certains bureaux.
“C’est vrai qu’il y a quelques problèmes, quelques difficultés, mais dans l’ensemble tout se passe bien “, a indiqué l’ancien président ghanéen, John Agyekum Kufuor.
Pour sa part, le président de la commission de la CEDEAO, M. Kadré Désiré Ouédraogo, a remercié et félicité tous les acteurs politiques, ceux de la société civile, le gouvernement de transition et l’ensemble des institutions maliennes pour leurs efforts en vue de la tenue de ce scrutin.
Il a rappelé que la CEDEAO, en vertu du Protocole Additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance qui stipule qu’elle assiste ses Etats membres dans l’organisation des élections, a déployé une mission d’observation électorale forte de deux cents cinquante observateurs pour superviser cette élection présidentielle.
Ces observateurs, a-t-il dit, sont déployés dans les huit régions administratives du Mali que sont Tombouctou, Gao, Sikasso, Koulikoro, Ségou, Kayes, Kidal et Mopti ainsi que dans le district de Bamako, avec pour but essentiel d’observer et de suivre toutes les opérations préélectorales, électorales et postélectorales du scrutin et de se prononcer sur son déroulement.
Bandiougou DIABATE