Les brutales représailles présidentielles qui continuent de s’abattre impitoyablement sur certains cadres de l’administration publique font l’objet de commentaires, parfois raisonnés, à travers la ville et dans les milieux politiques les plus huppés du Mali. La majorité des observateurs de la scène politique, pense qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’une opération dirigée contre l’ex-Premier Ministre Modibo Sidibé. Vrai ou faux ? Analyse.
En effet, le président de la République ATT, aborde le dernier virage de son second et dernier mandat avec une main trop lourde sur les hauts cadres de l’administration. Le remaniement ministériel intervenu il y a quelques semaines, avait déjà donné matière à spéculation pour tout d’abord les media, et ensuite pour les hommes politiques et assimilés. Unanimement, tout le monde est d’accord qu’il fallait un changement au sein du gouvernement. L’équipe dirigée par Modibo Sidibé était tombée dans la routine et avait perdu toute efficacité aux yeux du chef de l’Etat lui-même.
Mais, on pensait que le tourbillon s’était évanoui aux portes des membres du gouvernement. Quelques jours après, une avalanche de limogeages s’abat sur les DAF de l’ensemble des départements ministériels. Du coup, de grosses goutes de sueurs ruissèlent sur les visages de tous les hauts cadres. Les charlatans reçoivent de plus en plus de visiteurs. Les marabouts ne chôment plus. Mais, rien n’y fit. La douane, les impôts, la DAF de la présidence, de la Primature, la Direction des domaines de l’Etat, goutent ensemble à l’amère saveur du limogeage. Cette semaine produira certainement un autre épisode du «pathétique» feuilleton de renvoi des ventres bedonnant. Visiblement, ATT donne l’impression d’être en colère contre l’administration de Modibo.
Ni Modibo et son entourage ne le démentent pas. Pourtant le malaise est réel au sein des partisans de l’ex-Premier Ministre. Démotivés, la plupart d’entre eux pensent que leur «AS» est en détresse. Et pourtant, sa détresse n’est pas perceptible autant qu’on veuille nous faire croire. D’abord, ses amis qui viennent d’être remerciés, auront plus de temps à consacrer à une activité politique. C’est donc dire qu’ATT les a déchargés de toute responsabilité entravant leur activité politique au sein de leur chapelle. Il serait contraignant pour la plupart d’entre eux de cumuler leur fonction administrative et les responsabilités politiques qu’ils endossent en soutenant la candidature de leur ami Modibo.
Que peut-on donc reprocher à ce niveau au président de la République?
Objectivement, rien. En tout cas, l’ex patron de l’exécutif aurait tort de penser autrement. L’autre avantage pour Modibo, c’est que presque tous ces cadres (dont nous tairons volontiers les noms) lui sont redevables. Moralement, en tout cas. Aussi, en maintenant au poste certains Ministres relativement proches de l’ex-PM, ATT sait bien qu’il rend ainsi discrètement un énorme service à son ami. Au sein des partis politiques, les partisans de Modibo se grossissent de plus en plus. En dehors de l’ADEMA où Zoumana Mory Coulibaly mène un formidable travail de débauchages au sein de la Ruche, certaines formations politiques, (même minuscules) commencent déjà à frapper aux portes du temple de «Jimmy». C’est donc dire que même s’il demeure timide sur le champ politique, Modibo pourra bien surprendre ses adversaires dans les mois qui suivront sa retraite professionnelle ou sa démission du corps de la police.
C’est seulement en ce moment qu’on en saura davantage sur son avenir politique. Mais avant, il sera hâtif, très hasardeux de croire que l’homme est en détresse. Au contraire, il ne rate jamais ses cours de tennis. On apprend même qu’il est un bon élève en la matière.
Abdoulaye Niangaly