Le 19 décembre 2011, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé, dans sa Résolution 66/170, que le 11 octobre serait désormais célébrée la Journée internationale de la fille, afin de reconnaître les droits des filles et les obstacles particuliers auxquels elles se heurtent de par le monde. Dans notre pays, la commémoration s’est déroulée à Kononbougou, en 4ème région, avec comme Marraine de l’évènement la Première Dame, Mme Kéita Aminata Maiga.
Si le thème mondial 2015 était «Le pouvoir de l’adolescente – horizon 2030», il s’est décliné au Mali en «Le maintien des filles à l’école, un moyen efficace de lutte contre le mariage précoce», et la célébration de la Journée a été également marquée par le lancement de la Campagne nationale de lutte contre le mariage précoce.
En effet, cette année, la communauté internationale a évalué les progrès réalisés dans le cadre de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) depuis 2000 et fixé de nouveaux caps pour 2030, les Objectifs de Développement Durable. Dans ce contexte, il est plus qu’opportun de se pencher sur le sort des adolescentes pour «briser la transmission intergénérationnelle de la pauvreté, de la violence, de l’exclusion et de la discrimination», selon l’ONU.
Promouvoir leurs droits à une vie sûre, en bonne santé, ainsi qu’à une bonne éducation, c’est leur offrir l’opportunité, une fois devenues femmes, d’être les travailleuses de demain, mères, entrepreneures, mentors, chefs de famille et dirigeantes politiques, avec une part égale à la moitié de l’humanité qu’elles représentent afin de résoudre les crises liées aux changements climatiques, aux conflits, à la prévention des maladies, etc…
Il y a eu au cours des 15 dernières années des progrès significatifs dans l’amélioration de la vie des filles, mais de grands défis demeurent. Dans notre pays, ils ont pour noms mariages précoces et déscolarisation ou faible scolarisation des filles. Ainsi, selon l’EDSM-V, 50% des femmes qui avaient entre 15 et 49 ans au moment de l’enquête étaient déjà mariées avant l’âge de 18 ans et, parmi elles, 20% étaient déjà en union avant leurs 15 ans.
Au plan scolarisation, selon les indicateurs de l’enseignement fondamental au Mali de 2011 – 2012 à 2014 – 2015, le taux d’achèvement comparatif filles – garçons au second cycle était respectivement de 25,7% contre 39,3% en 2012, et de 24,5% contre 33% en 2013. Ce qui montre une tendance générale défavorable aux filles.
C’est pour toutes ces raisons que les personnalités présentes le 11 octobre à Kononbougou, la Première Dame, la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Sangaré Oumou Ba, le Représentant résident de l’Unicef au Mali, Fran Equiza, le Gouverneur de la région de Ségou, Thierno Bocar Cissé, ont mené un vibrant plaidoyer en faveur de la promotion des droits de toutes les filles du Mali, la reconnaissance des difficultés spécifiques auxquelles elles sont confrontées et les solutions à y apporter.
Mme Sangaré Oumou Ba a exhorté «chacun de nous à un changement de comportement pour aller au delà des pesanteurs socioculturelles», révélant que son département, avec l’accompagnement de ses partenaires, s’était engagé dans la réalisation d’une Etude nationale sur le mariage précoce et dans l’élaboration d’une Stratégie nationale en vue de son éradication. «C’est seulement à ce prix que nous parviendrons à extirper de notre pays cette pratique, qui affecte dangereusement la santé de la fille, sa scolarisation et son maintien à l’école».
Le Représentant résident de l’UNICEF s’est lui aussi appesanti sur les liens entre mariage précoce, scolarisation et santé des filles, en mettant l’emphase sur la persistance du mariage précoce, facteur qui tire vers le bas le taux de scolarisation et de maintien des filles à l’école et a pour conséquences un fort taux de grossesses précoces et de mortalité maternelle et néonatale.
Quant à la Première Dame, Mme Kéita Aminata Maiga, elle a souligné que «dans les communautés où le mariage d’enfant prévaut, marier une fille s’inscrit dans une série de normes sociales et d’attitudes qui reflètent le peu de valeur accordée aux droits humains des filles» et s’est déclarée solidaire de toutes les filles du Mali, d’Afrique et du monde qui veulent aller au bout de leur scolarité et qui veulent vivre à l’abri de la violence et de la discrimination.
Pour y parvenir, ajoutera-t-elle, il faut nouer des alliances stratégiques et opérationnelles tous les acteurs impliqués, leaders communautaires, traditionnels et religieux, parents, enseignants, membres de la société civile et autorités politiques et administratives.
Mme Kéita Aminata Maiga a ensuite procédé au lancement officiel de la Caravane nationale de lutte contre le mariage précoce, qui sillonnera pendant une dizaine de jours l’axe Kononbougou, Ségou et Mopti pour sensibiliser et informer les communautés sur les méfaits de cette pratique dangereuse pour la santé de la fille et l’achèvement de sa scolarité, non sans avoir remis auparavant des kits scolaires à des jeunes filles excellentes à l’école, pour les encourager à persévérer dans cette voie.
Ramata Diaouré