Journée Fily Dabo Sissoko : Le fondateur du PSP raconté aux nouvelles générations

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Le week-end dernier a été très mouvementé du côté du Parti pour la solidarité et le progrès (PSP). Après avoir tenu, le samedi 24 juillet 2010, son conseil national, le PSP a organisé, le 25 juillet 2010, une journée d’hommage à feu Fily Dabo Sissoko, père fondateur du parti. Ce fut une occasion pour revisiter sa vie et son œuvre

Des acteurs de l’histoire politique du Mali, feu Fily Dabo Sissoko est à compter parmi ceux que nous pouvons considérer comme des immortels. Celui qui de son vivant avait prédit qu’il allait devenir immortel l’est devenu par ses nombreux écrits. Quarante six ans après son assassinat, comme le prétendent ses héritiers politiques, Fily Dabo Sissoko est resté vivace dans les esprits. Et, le PSP ne pouvait pas avoir mieux que Modibo Halassi Sidibé pour retracer la vie et l’œuvre politique du leader politique disparu trop tôt. Il est l’auteur du livre « Fily-Dabo Sissoko, un grand sage africain ». Le professeur d’histoire rappellera que Fily-Dabo Sissoko est né le 15 mai 1900 à Horokoto dans le cercle de Bafoulabé dans une famille de la chefferie traditionnelle du pays malinké. Selon lui, à l’âge cinq ans, au moment où son père le prédestinait aux études coraniques, il sera happé par l’école française.

Et comme si Fily n’attendait que cela,  surnommé petit Poucet, il devait rapidement s’imposer à tous par la qualité de ses résultats pédagogiques et académiques. Mais, pour sa liberté de ton et l’indépendance de son esprit, en 1914, à la surprise générale de sa promotion, Fily Dabo manque son examen de fin de cycle. L’administration de l’école Normale William Ponty avait décidé de le sanctionner pour son indépendance d’esprit. « La colonisation ne se justifie pas. Aucun pays n’a pas le droit de subjuguer l’autre et s’il le faisait c’était dans le devoir de l’autre de se libérer un jour » est en substance une des nombreuses prises de position de Fily Dabo Sissoko dans ses devoirs à l’école normale William Ponty, lorsqu’il n’avait que 14 ans, selon Modibo Halassi Sidibé. Recalé et flanqué de la mention moniteur auxiliaire, Fily Dabo Sissoko est rentré au pays auréolé de son titre d’enseignant, mais avec la ferme volonté de corriger l’injustice dont il a été l’objet. Relégué à un échelon subalterne de la hiérarchie administrative, Fily va rejoindre son premier poste à Ouagadougou.

Où à force d’abnégation et travaillant sans compter, il va rejoindre en grade ses camarades de promotion dès 1915 avec son admission au Certificat d’aptitude à l’enseignement. En 1918, il les distance avec l’obtention du diplôme supérieur d’études primaires. « Il n’est pas superflu de parler à son sujet d’un jaillissement tant son passage de l’anonymat à la notoriété internationale fut fulgurant entre 1915 et 1945 », a indiqué Modibo Halassi Sidibé. En plus de l’enseignement, Fily Dabo Sissoko s’est consacré à la recherche et à l’écriture. «  Fily est un homme politique atypique. Il n’a pas fait que la politique. Il a écrit.

Cela est aujourd’hui rare dans la classe politique malienne. La réflexion intellectuelle consolide l’action politique », a-t-il déclaré. Pour sa part, le Professeur Oumar Hamadoun Dicko, Président du PSP, est intervenu pour un certain nombre de précisions. « Cet homme est mort comme Lavoisier. En une minute on a tranché sa tête et on mettra un siècle pour avoir un autre comme lui », a-t-il déclaré. Selon lui, contrairement à ce qui se dit,  le premier militant de Fily Dabo Sissoko a été Mamadou Konaté. Selon lui, c’est ce dernier qui l’a introduit dans les familles fondatrices de Bamako et c’est avec sa bénédiction qu’il s’est présenté aux élections de 1945-1946. « Ces deux hommes ont vécu de façon complémentaire et seule la mort les a séparés en 1956 et ce fut Fily Dabo qui a lu l’oraison funèbre de Mamadou Konaté », a-t-il révélé. En ce qui concerne la création du Rassemblement démocratique africain à Bamako en 1946, il dira qu’au moment où tous se battaient pour mettre une fin à l’affiliation des partis africains aux partis métropolitains,  Fily Dabo s’était vite rendu compte que le congrès était pris en main par le parti communiste français, dans sa préparation en ce qui concerne la confection des documents.

Il pense que c’est pour la même raison que Lamine Guèye, Senghor, Tchicaya et autres ont fait défection. Dans le chapitre sur le franc malien, il dira que Fily Dabo était foncièrement contre cette monnaie. « Pour lui, le Soudan est le pays des Dioula, des commerçants de l’Afrique de l’Ouest et la création d’un franc malien allait l’isoler et le tuer économiquement », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que Fily Dabo se battait pour une monnaie africaine. Le Président actuel du PSP a rappelé qu’en plus d’être un excellent enseignant, un poète émérite et un chercheur hors pair, Fily Dabo était géomancien. Et comme tel, il avait prévu sa propre mort dans un poème « A mes veuves », écrit en 1953 et dans lequel il disait « je vais mourir dans le sable chaud ». « Fily n’est pas mort pour le PSP. Il est mort pour le Mali, pour ses convictions et pour chaque enfant de ce pays », a-t-il conclu. Par ailleurs, le voile a été levé sur la riche production littéraire et anthropologique de feu Fily Dabo Sissoko.

Assane Koné

 

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