Quand le vin devient aigre, il tourne au vinaigre. Tout porte à croire que Jeamille BITTAR, ci devant Premier Vice – Président du PDES, n’a pas eu le temps de méditer ce sage conseil, lorsqu’imprudemment il a organisé le 22 octobre 2011 un meeting d’autocélébration au cours duquel il s’est généreusement offert un appel à candidature en 2012 pour l’élection présidentielle.
Jeamille BITTAR a en effet définitivement jeté le masque ce jour là, pour montrer son vrai visage : celui d’un homme dévoré par le feu de l’ambition et obnubilé par l’échéance présidentielle à venir.
Le néophyte qu’il est sur la scène politique n’a pu résister, malgré les conseils amicaux qui lui ont été prodigués ici et là, à la tentation hautement risquée de se lancer dans la course en porte – à faux avec le Parti pour le Développement Economique et la Solidarité.
Plusieurs jours après le « one man show » exécuté au Palais de la Culture, avec un certain talent du reste, par le jeune homme pressé (trop ?) qu’est le vice – président du PDES, il convient de s’interroger sur la signification, la portée exacte de cette initiative et le gain politique que Monsieur BITTAR peut en tirer.
Un aveu d’échec et d’impuissance
A cet égard, il convient tout d’abord de noter que le fait pour un des tout premiers dirigeants d’un parti politique ayant pignon sur rue de recourir au subterfuge de la création d’une association politique pour porter sa candidature traduit en soi un échec patent.
L’histoire de la mise en scène organisée par l’homme le 22 octobre au Palais de la Culture se ramène en réalité à ce constat affligeant.
En effet, après avoir échoué à entraîner la majorité des membres de la Direction du PDES dans son schéma de prise du pouvoir au sein du Parti pour en devenir le candidat pour Koulouba 2012, le 1er Vice – Président du PDES a décidé d’amorcer une fuite en avant désespérée en créant de toutes pièces l’UMAM dont il espère se servir pour assouvir ses desseins. Dût- il pour ce faire, briser l’élan formidable pris par cette formation politique en quelques mois d’existence seulement, et dût- il y provoquer une crise majeure.
Cette circonstance doit être également analysée comme l’expression d’un aveu d’impuissance : c’est bien parce qu’il n’a pas réussi à prendre le contrôle du PDES et à mobiliser en son sein une masse critique de personnes acquises à sa cause que l’intéressé s’est tourné vers l’option associative.
De fait, le discours – breuvage concocté par le héros du jour et son pathétique obligé Amadou Koïta, chargé de la Jeunesse au sein du PDES, avait quelque chose d’incongru et un arrière – gout d’amertume dans une salle du Palais de la Culture pleine à craquer de manifestants payés et de femmes habillés pour les besoins de la cause de pagnes à l’effigie du héros du jour.
Ce qui nous amène, en second lieu, à poser la question de la portée réelle de l’appel à candidature lancé au meeting du 22 octobre et, in fine de l’avenir politique, du parrain de cette manifestation.
Le désaveu des responsables de premier plan du PDES
En procédant à un décompte sommaire des participants au meeting et de ceux qui ont soutenu l’appel, force est de constater que les responsables PDES ont marqué l’évènement par leur absence. Parmi les 136 membres du Comité Directeur National, seule une quinzaine y étaient présents, dont certains, que nous avons pu approcher, avouent n’avoir pas réalisé que la manifestation pouvait aller à l’encontre des intérêts du parti.
Ce n’est pas tout : loin des 220 élus PDES revendiqués par les organisateurs du meeting, le nombre d’élus ayant répondu à l’invitation de Jeamille BITTAR ne dépassait pas la vingtaine, sur un total de plus de 2000 conseillers municipaux PDES.
A l’évidence, le rapport des forces qui se profile derrière ce constat simple n’est pas en faveur du premier vice – président du PDES. D’où la question essentielle : quel gain politique et quel avenir pour BITTAR après le 22 octobre ?
Jeamille BITTAR perd en réalité au change, en se lançant à la conquête de la Présidence de la République avec comme monture une association bâtie à la hâte et dont on ne connaît ni les composantes ni la force de frappe malgré les rodomontades d’un Amadou KOITA présentant l’UMAM comme la résultante de la fusion de quatre vingt associations. Ce faisant, il créé les conditions objectives d’une rupture avec le PDES, la seule force qui pouvait lui servir de tremplin pour Koulouba.
Le COMPTE A REBOURS
En voulant passer en force et en faisant fi du calendrier politique que son parti s’est fixé pour aller aux élections de 2012, l’actuel Président du Conseil Economique, Social et Culturel a, en réalité, commis une erreur stratégique qui pourrait durablement compromettre la réalisation de son rêve présidentiel et lui coûter la position privilégiée qu’il occupe au sein du PDES. Pour lui, le compte à rebours semble désormais enclenché et le vin risque de tourner, plus vite que prévu au vinaigre
Bakary Bagayogo