Jeamille Bittar (porte-parole du M5-RFP): «Le Mali a été envahi par les troupes françaises»

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La force française Barkhane et la force Takuba, composée d’une quinzaine de pays européens, se retirent du Mali. L’annonce a été officialisée hier (jeudi), après des mois de tension. La France et les partenaires européens du Mali considèrent que les autorités de transition cherchent à se maintenir au pouvoir, que c’est la raison pour laquelle elles auraient fait venir le Groupe Wagner dans le pays, et qu’il est donc devenu impossible pour eux de maintenir une présence militaire au Mali. Si ce départ n’avait jamais été exigé par les autorités maliennes, il succède à une série d’actes hostiles -expulsion de l’ambassadeur de France, du contingent danois de Takuba- et de déclarations de défiance vis-à-vis de la France. Ce départ était devenu l’une des principales revendications des soutiens des autorités de transition. Jeamille Bittar est le porte-parole du M5-RFP, mouvement dont est issu le Premier ministre de Transition Choguel Maïga. Il se réjouit du départ de l’armée française, dont il considère qu’elle ne cherchait pas à sécuriser le Mali mais à l’envahir, et plébiscite le nouvel allié russe… Invité d’Afrique matin, Jeamille Bittar répond aux questions de David Baché.

RFI : La force française Barkhane et la force européenne Takuba quittent le Mali. C’est une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

Jeamille Bittar : C’est une très bonne nouvelle, parce que c’était le souhait et le vœu de la population malienne. Mais ce n’est pas un sentiment anti-français, c’est surtout un sentiment antipolitique française. Le peuple français demeure un peuple ami, un peuple frère de la population malienne.

Ce départ n’a jamais été exigé ouvertement par Bamako, en dépit des paroles très dures qui ont pu être échangées ces derniers mois entre les dirigeants maliens et français. Est-ce que ce départ était souhaité, malgré tout, ou est-ce que vous pensez qu’il a pris les autorités de court ?

Non, c’était souhaité, c’était prévisible, parce que l’atmosphère était polluée. Les forces françaises n’étaient pas là pour résoudre les questions de sécurité, mais pour des raisons inavouées et c’est ceci qui était mis pratiquement à jour.

Cette « raison inavouée », ce serait, comme l’a récemment déclaré le Premier ministre de transition Choguel Maïga, que la France et Takuba auraient eu pour projet de « diviser le Mali », de le couper en deux ?

Le Premier ministre Choguel Maïga ne fait que relater et c’est la Voix des Sans Voix. En tout cas c’est le constat fait par le peuple malien.

Pour vous, l’intervention militaire française au Mali, depuis 2013, est un échec ?

Carrément un échec, je l’ai dit à plusieurs reprises ! Et même au niveau de certains politiques français, ils ont eu à l’affirmer ces derniers jours, comme quoi c’est un échec. C’est un échec, parce qu’il n’y a pas de résultats. Vous savez, quand un système ne marche pas, on revoit le système – et ils l’ont revu – c’est ce qui a fait passer de Barkhane à Takuba. Maintenant, nous voyons que ce sont les mêmes résultats qui se pointent à l’horizon.

Mais Serval avait quand même libéré le nord du Mali de l’occupation jihadiste. Pendant plus de dix mois, en 2012, les deux tiers du pays étaient administrés, occupés par Aqmi, Ansar Dine et le Mujao…

Excusez-moi… Kidal était devenue la cité interdite ! Mieux que cela, chacun d’entre nous comprend maintenant ce qui s’est passé réellement. Même, dire que la France avait été invitée à venir assurer cette sécurité terrestre, nous avons des preuves aujourd’hui comme quoi ce n’était pas le cas. Le Mali a été envahi par les troupes françaises.

Ce que vous n’avez pas pardonné à l’armée française, c’est le traitement à part de Kidal, le fait que les ex-rebelles indépendantistes aient été considérés comme des acteurs politiques – ils sont d’ailleurs signataires de l’accord de paix de 2015 – et pas comme des terroristes…

Mais c’est clair ! C’est clair… Quand on prend des armes… Et aujourd’hui, ces mêmes soi-disant rebelles du nord, reconnaissent carrément que la France a joué avec non seulement le pouvoir malien, mais également c’est eux qui ont pris les armes. Et aujourd’hui, la France continue à manipuler dans la sous-région, à se retirer du Mali pour essayer de s’installer pratiquement au Niger, en Côte d’Ivoire ou dans d’autres pays voisins… Mais c’est quand même compréhensible.

Pour la suite, vous êtes confiant dans le fait que l’armée malienne et son allié russe pourront faire mieux que Barkhane et Takuba ?

Notre premier choix c’est que notre armée soit en mesure d’assurer la sécurité des Maliens. C’est cela le plus important. Maintenant, le choix des partenaires, que ce soit les Russes, que ce soit d’autres, nous estimons que l’essentiel pour nous, c’est qu’il y ait des résultats. Et ces résultats nous voulons que cela se fasse avec le respect des règles édictées non seulement par la Communauté internationale, mais également, qu’ils riment un peu avec nos mœurs et coutumes au Mali.

A ce sujet, Vladimir Poutine n’a pas démenti la présence de mercenaires russes au côté de l’armée malienne. Il a en revanche infirmé tout lien avec l’État russe. Des paroles qui contredisent la position officielle de Bamako. C’était il y a plus d’une semaine, est-ce que les autorités ne devraient pas clarifier la situation ?

Chacun s’exprime à sa manière. Et Poutine, pour lequel j’ai un grand respect, je dis que quelque part il s’est prononcé… Mais vous savez, la traduction du russe en français, moi-même je suis un ancien de l’Union soviétique, je sais comment cela se passe.

Tout de même, formateurs ou mercenaires, le nombre d’hommes, les objectifs, tout cela n’est pas connu des Maliens, alors que la Russie est à présent le principal partenaire sécuritaire du pays… ce n’est pas un problème ?

Vous savez, il y a des choses qui ne se disent pas et il y a des choses qui se disent et c’est pourquoi on parle souvent de secret-défense. Aujourd’hui, le sentiment national c’est qu’il y ait des résultats sur le terrain. Et quelque part, je dis que, Dieu merci, nous sommes en train, en tout cas, d’aller dans le bon sens. Ce que la France n’a pas réussi en neuf ans, dix ans, nous sommes en train de le réussir. Il faut un peu de temps, et c’est pourquoi, pour le délai de la transition, nous avions estimé qu’il fallait un peu plus de temps pour régler certaines questions de sécurité, avant que nous n’allions aux élections, aussi.

Par rfi.fr

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2 COMMENTAIRES

  1. JACK! TU AS RAISON!
    LA GUERRE CONTRE LA LIBYE, A ÉTÉ LANCÉE POUR UNE “JOURNÉE” PAR LA FRANCE, LES AUTRES COMPLICES ONT SUIVI, EN QUELQUES JOURS ILS ONT FAIT TOMBÉ TOUT CE QU ILS AVAIENT SUR LA TÊTE DU PAUVRE PEUPLE LIBYEN QUI A SUBI LE GÉNOCIDE DES ALLIÉS OCCIDENTAUX CULMINANT PAR UNE FÊTE SANGUINAIRE DES SANGUINAIRES AVEC VIDÉOS ET IMAGES D UNE FAMILLE ASSASSINÉE AUX YEUX DU MONDE ENTIER! COLLECTIVEMENT L OCCIDENT A ASSASSINÉ LA LIBYE! À PART LES USA TOUS CES PAYS SONT DES GROUPES DE CRIMINELS QUI VIENNENT ET PARTENT, AVEC DU MENSONGE ET DE LA MANIPULATION, SUPPORTÉS PAR DES LARBINS LOCAUX PRÉFABRIQUÉS DANS LES ÉCOLES -À -LARBINS JUDEOARABES!

  2. Tout ça est faux, la vraie raison du départ des Français c’est que la France est fauchée et elle n’a pas la capacité financière de se maintenir au Mali. C’est tout! Eric Zemmour l’a dit : « L’armée française est une armée d’échantillon, on peut faire une guerre à tout le monde pour une journée, après il n’y a plus rien ».

    https://www.dailymotion.com/video/x82d4a1

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