Le Président du parti pour l’Avenir et le développement du Mali, Madani Amadou Tall, est dans les starting blocks pour la course à l’élection présidentielle du 29 avril prochain. Il a été investi, après une séance de lecture de Coran et de prières, par son parti en fin de week-end dernier, à la Grande mosquée de Bamako.
En effet, c’est la toute première fois au Mali qu’un candidat à l’élection présidentielle, avant sa déclaration de candidature, vient à la mosquée faire des prières pour la paix. L’initiative a été saluée par les Imams présents. «Nous ne sommes pas allés le chercher, c’est lui qui est venu vers nous, en disant qu’il voulait des prières pour la paix et le développement de notre pays. Je pense que c’est une initiative qui est à saluer et à laquelle nous ne pouvions que souscrire», a déclaré le porte-parole des religieux, Thierno Hady Thiam.
Au cours de la cérémonie, le Coran a été lu à 9 reprises et le candidat Madani Amadou Tall a lui-même participé à la lecture. Le Président de l’ADM a placé son investiture sous le sceau de la paix et de la prospérité du Mali. «Notre pays traverse une période difficile et, au moment où les enfants du Mali sont au front afin de lutter contre un ennemi sans honneur, l’ADM a décidé de placer cette investiture sous le signe de la paix, du développement et de la prospérité du peuple malien. Plutôt que de faire une fête, ce qui ne sied pas dans le contexte actuel, notre parti a décidé de faire une lecture du Coran», a déclaré le candidat fraîchement investi au cours de la conférence de presse qu’il a animée en fin d’après-midi du lundi 12 mars 2012 à l’hôtel Laïco El Farouk.
Pour Madani Tall, en allant àla Grandemosquée, il a pris Dieu à témoin de ce qu’il veut faire. «Quand il y a baptême, on vient à la mosquée ou à l’église. Quand on se marie, c’est la même chose. S’il y a un décès, on amène d’abord le corps à la mosquée ou à l’église. Il n’y a pas de raison, si l’on aspire à devenir Président dela République, qu’on n’aille pas se remettre à Dieu et recevoir sa bénédiction. On prend Dieu à témoin de notre sincérité. Lorsqu’on cherche à mentir là-bas, on ne ment qu’à soi-même», a-t-il ajouté. Il est convaincu que le Mali est un pays laïc et ce principe de laïcité ne saurait selon lui être remis en question. Il s’agit simplement que la religion et la foi dans nos traditions accompagnent chaque grand moment de nos existences. Par cet acte, l’ADM soumet au jugement de Dieu la sincérité des objectifs qui animent ses membres, afin qu’il soit juge de leur bonne foi et de leur volonté d’agir pour le bien du Mali.
Pour Madani Tall, la laïcité de l’Etat suppose trois choses principales. Il s’agit de la primauté de la loi civile sur la loi religieuse, de la liberté de culte reconnue à chacun, quel que soit son culte et de la protection par l’Etat des cultes, c’est-à-dire que l’Etat doit rester neutre et équidistant. En bon musulman, et en tant que descendant d’une grande famille d’érudits, il ne pouvait que venir solliciter la bénédiction des Imams avant de se lancer dans la course de la conquête du palais présidentiel, une course que l’on sait très dure et épineuse. C’est dire donc combien ces bénédictions vont lui être utiles.
Pour être fidèle à l’esprit de la laïcité républicaine de notre pays, qui suppose que tous les cultes y ont leur place, dans les jours prochain, Madani Amadou Tall demandera une audience à l’Archevêque de Bamako et aux ministres de l’Eglise protestante, pour les remercier des bénédictions qu’ils n’ont pas manqué de faire pour la paix et le bonheur du Mali et leur affirmer son attachement au respect de la liberté de culte, conformément à l’Article 28 Alinéa 2 qui stipule que les partis politiques «doivent respecter les principes de la souveraineté nationale, de la démocratie, de l’intégrité du territoire, de l’unité nationale et la laïcité de l’Etat».
Le candidat de l’ADM entend promouvoir, au service du Mali et des Maliens, l’Etat de droit, la justice sociale, le dialogue social, les droits, devoirs et solidarités fondamentales, l’égalité des chances, la sécurité des personnes et des biens, la protection de la nature et de l’environnement, l’épanouissement de la famille, l’autorité de l’Etat, la libre administration des collectivités locales, la liberté de conscience et la dignité de la personne, la diffusion de la culture et de l’instruction, le développement de la libre entreprise. Il agira pour le rayonnement du Mali dans le monde, pour la pérennité de la nation malienne, de son identité et de sa culture, pour la construction d’une Afrique libre et démocratique et pour le progrès de la démocratie dans le monde.
Youssouf Diallo
Présidentielle 2012
Madani Tall est candidat pour transformer le Mali
Economiste de formation et ingénieur financier de métier, Madani Amadou Tall veut mettre cette ingénierie au service du développement du Mali. Durant les 20 dernières années, son parcours lui a permis de bâtir une expertise, tant pratique que théorique, dans l’économie et la finance, l’ingénierie financière et le développement de projets industriels.
Madani Tall a aussi travaillé pour les autorités gouvernementales de plusieurs pays et pour des institutions commela Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International,la Société FinancièreInternationale etla Banque Africainede Développement. Joint au téléphone, il nous a parlé de quelques axes de sa stratégie pour transformer le Mali.
Pour soutenir l’emploi et la croissance, il prévoit le financement sur 5 ans, à travers des incubateurs de PME-PMI, de 15 000 nouvelles entreprises. Car, pour lui, sans entreprises, pas de création de richesses et pas d’emplois durables. «Nous initierons 50 secteurs d’excellence, dans lesquels 20 champions seront soutenus chaque année», explique-t-il dans le projet dont il est porteur pour le Mali. Pour ce faire,la Banque Nationaled’Investissement et le Fonds pourla Renaissance Malienneseront crées pour financer une économie émergente et solidaire. Le fonds, souligne-t-il, sera alimenté par une optimisation des ressources minières, par une augmentation des revenus fiscaux issus de la création d’entreprises et par l’émission d’obligations dénommées “Bons Soundiata”. Le Fonds investira dans les secteurs productifs, mais également dans les secteurs sociaux.
Le candidat de l’ADM veut mettre fin à la précarité des enseignants et des Maliens les plus défavorisés. «Tous les enseignants et les fonctionnaires doivent avoir un logement social dans cinq ans. Les logements sociaux sont un acquis majeur de la présidence d’Amadou Toumani Touré. Au moins 50 000 habitats nouveaux permettront aux Maliens d’accéder à un logement à moindre coût», a-t-il déclaré.
Madani Amadou Tall pense que l’ingénierie financière et l’innovation dans les instruments d’investissement sont le socle de toute progression en ce XXIème siècle. «Que ce soit dans les secteurs de la santé, de l’éducation ou de la sécurité, le point d’orgue de toute solution reste financier. Aussi, toute notre attention sera portée sur une optimisation souvent complexe, combinant des instruments financiers variés, afin de créer des véhicules de financement adaptés. Cela en accordant une attention particulière tant à la limitation des risques financiers qu’à l’optimisation de la rentabilité», a-t-il précisé.
Avant d’affirmer que cela ne circonscrirait en rien la poursuite des relations de coopération multilatérales et bilatérales que le Mali entretient avec les pays amis. Cependant, il est formel: «sans la création de plus de richesses endogènes, grâce à la compétence de nos dirigeants et leur aptitude à générer des ressources pour l’ensemble de l’économie, il ne saurait y avoir une distribution équitable et solidaire du revenu national.»
Madani Tall n’oublie pas l’hydraulique villageoise. Dans ce domaine, il prévoit, en 4 ans, 2 100 forages par cercle, soit 102 900 pour l’ensemble du pays. Le Président de l’ADM compte les réaliser à travers des levées de capitaux sur les bénéfices réalisés par le secteur des mines, qui rapporte chaque année 100 millions de dollars, soit 500 milliards de francs CFA. Il pense qu’on peut emprunter cette somme sur le marché financier, de l’UEMOA ou d’ailleurs. «C’est ce que font les Occidentaux. Pourquoi ne pourrions-nous faire la même chose, pour éviter des aides et prêts qui nous obligent souvent à nous courber devant eux?», a-t-il regretté. Ce Conseiller aux affaires économiques du Président dela Républiqueambitionne de faire de chaque région et cercle du Mali un pôle économique. Les collectivités locales pourront donc bénéficier des impôts que ces pôles vont générer et la décentralisation sera ainsi renforcée. Pour Madani Tall, en effet, de nos jours, le problème majeur de nos collectivités est la problématique de la mobilisation des ressources pour faire face à leurs charges.
Youssouf Diallo