La cérémonie d’investiture marquant le début du mandat du nouveau président malien, Ibrahim Boubacar Kéïta, alias « IBK », a eu lieu, le jeudi 19 septembre 2013 au stade du 26-Mars à Bamako. Dix sept chefs d’Etat, dont ceux du Burkina Faso, Blaise Compaoré et de la France, François Hollande, ont été témoins de l’événement. Jour de gloire pour le nouveau président malien, Ibrahim Boubacar Kéïta, dit « IBK ». Ce jeudi 19 septembre 2013, il était à l’honneur au stade du 26-Mars à Bamako, drapé des couleurs nationales, à la faveur du deuxième acte de son investiture.
Cette fois-ci, c’est devant la communauté internationale, qu’IBK a pris l’engagement de conduire le Mali vers de lendemains meilleurs, après l’avoir fait le 4 septembre 2013, devant ses compatriotes, lors de sa prestation de serment.
Et pour la circonstance, le nouvel homme fort de Bamako a eu droit à tous les honneurs. Revue de troupes, diffusion d’un documentaire de 5 minutes sur son parcours, défilé militaire, chants glorieux, tout a été réuni pour « magnifier » le vainqueur de l’élection présidentielle du 28 juillet dernier (77,6% des voix).
Des moments forts qu’IBK a vécus avec ses compatriotes, des anonymes aux plus connus, tel son prédécesseur, Moussa Traoré et en présence de 17 chefs d’Etats d’Afrique et d’Europe.
Parmi les dirigeants témoins de l’événement, il y avait le président du Faso, Blaise Compaoré, par ailleurs médiateur dans la crise malienne, accompagné de son épouse, ses homologues français, François Hollande, tchadien, Idriss Déby Itno et ivoirien, Alassane Ouattara, président en exercice de la CEDEAO.
En partance pour les Etats-Unis où il doit assister à la session annuelle de l’ONU, tout comme d’autres présidents, le chef de l’Etat burkinabè est venu témoigner de la solidarité de son peuple avec celui du Mali. Invité d’honneur, le roi du Maroc, Mohammed VI, était également au stade du 26-Mars, « une présence inédite », a-t-on soufflé du côté de Bamako.
Il y avait des absents aussi, tel le président sud-africain, Jacob Juma, pourtant annoncé et l’instigateur du coup d’Etat du 22 mars 2012, le capitaine Ahmadou Haya Sanogo, effacé de la scène publique depuis quelques temps.
Représentant à plus d’un titre la sous- région et la communauté internationale, à qui IBK a voulu rendre hommage en tenant cette cérémonie, les dirigeants français, ivoirien, tchadien et marocain se sont adressés au nouveau président et au peuple malien. Le chef de l’Etat français a dit la « fierté » de son pays, d’avoir contribué à la libération du Nord-Mali des mains des groupes armés terroristes.
« La France a agi en fraternité avec la communauté internationale et l’armée malienne », a soutenu François Hollande. Aussi a-t-il rendu hommage au sept soldats français et la vingtaine de soldats tchadiens tués au combat.
Si le président français se réjouit de la « victoire » sur l’ennemi, il a tout de même reconnu le triomphe modeste : « Nous devons restés vigilants ! ». Pour autant, François Hollande a signifié à IBK, un « ami de longue date », qu’il a qualifié de « bon » président que « la France restera toujours aux côtés du Mali, tant qu’il sera menacé ». Dans cette lancée, il a insisté que « la France sera là pour accompagner le Mali pour le développement, la démocratie et la réconciliation ».
Les conseils d’Idriss Déby Itno
A son tour, le président en exercice de la CEDEAO, l’ivoirien Alassane Ouattara a souhaité que « la paix soit de manière définitive sur le grand Mali ». S’adressant à son « cher ami IBK », il lui a dit ceci : « Votre brillante élection constitue le fruit des actions concertées et menées par la CEDEAO pour reconquérir l’intégrité territoriale du Mali et sa reconstruction ». Le président ivoirien met également le retour à l’ordre constitutionnel au Mali au compte de la « solidarité » de la communauté internationale.
L’occasion pour lui de faire une « mention spéciale » à François Hollande, dont la décision d’engager les troupes françaises au Mali a été déterminante et de saluer les présidents africains, tels Blaise Compaoré et Idriss Déby Itno, pour leur « implication personnelle » dans la résolution de la crise malienne. Il a aussi rendu hommage à Dioncounda Traoré, le président intérimaire, indiquant qu’il a su « gérer une transition difficile ».
Son successeur à la tribune, le président tchadien, fortement acclamé au stade, a, au-delà des péripéties de la guerre au Nord-Mali, prodigué des conseils à IBK. « Vous devez faire face à des exigences de transparence, d’unité, de justice et de réconciliation.
Vous n’avez pas droit à l’erreur, d’où la nécessité d’associer toutes les forces vives du pays à l’œuvre titanesque de réconciliation qui vous attend (…) », a confié Idriss Déby Itno, à son homologue malien. Pour sa part, le roi Mohammed VI dit être convaincu que le Mali a besoin d’une « réconciliation apaisée » et de « consolider ses institutions politiques » pour une reconstruction durable.
Sous les feux des projecteurs, le nouveau président malien a, dans son adresse, remercié en premier lieu la communauté internationale, qui a œuvré pour le retour de la paix dans son pays. Aussi a-t-il remercié individuellement la quasi-totalité des chefs d’Etat, venus lui porter assistance, pour les efforts consentis pour le bonheur des Maliens. Pour le reste, IBK a loué les sacrifices des autorités de la transition et réaffirmé sa volonté de faire respecter la Constitution malienne, dont il est garant.
Plus que le respect des lois républicaines, le chef de l’Etat malien a renouvelé son serment de « lutter contre la mal gouvernance, la prédation des maigres ressources et la corruption » pour asseoir un Mali prospère. « La route qui mène au bonheur du Mali, est ma route », a-t-il lâché à propos. Mieux, il a manifesté son désir le plus ardent de restaurer l’autorité de l’Etat et de faire de la réconciliation nationale, son cheval de bataille.
Kader Patrick KARANTAO
Envoyé spécial à Bamako
IBK : un destin exceptionnel
Le destin du nouveau président du Mali, Ibrahima Boubacar Kéïta, surnommé “IBK”, aurait voulu qu’il soit un homme d’Etat, à en juger par son parcours. A 68 ans, ce vétéran de la vie politique malienne, aura gravi tous les échelons pour parvenir au plus haut sommet de l’Etat.
Après un ” brillant” parcours scolaire, parti de son pays en passant par le Sénégal pour s’achever en France, IBK se retrouve avec de grands diplômes, tels une maîtrise en histoire et un DEA en politique et relations internationales.
De retour au Mali avec un tel “background”, il se frotte très vite à la vie active, en occupant des postes de responsabilités, avant de croiser l’ancien président, Alpha Omar Konaré, sur son chemin.
Et certains s’accordent à dire, avec conviction, que c’est l’ex-chef d’Etat qui a fortement contribué à forger la stature d’IBK. Même si la politique qui les a rapprochés au début, a fini par les éloigner l’un de l’autre, à cause des divergences. Mais exit ce contre temps, Alpha Omar Konaré semble avoir été le premier homme politique à mettre IBK sur un boulevard.
En juin 1992 , à l’issue de l’élection présidentielle d’alors, dont il est sorti victorieux, l’ancien président a fait d’IBK, son conseiller diplomatique et porte-parole. Quelques mois plus tard, soit en novembre 1992, IBK est “bombardé” ambassadeur du Mali auprès de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Burkina Faso et du Niger.
Et plus rien n’arrêtera son ascension !
En novembre 1993, il est nommé ministre des Affaires étrangères, ensuite Premier ministre, poste qu’il occupera de février 1994 à 2000. Aussi a-t-il été élu président de l’Assemblée nationale en 2002, pour un mandat de cinq ans, après avoir échoué à briguer la magistrature suprême, pour la première fois, face à Ahmadou Toumani Touré (ATT).
D’ailleurs, cet échec ne calmera pas les ardeurs d’IBK, qui reviendra à la charge en 2007, pour conquérir encore, et sans succès, la Présidence de la République, face au même adversaire.
Et le sort a voulu que celui-ci soit débarqué du pouvoir, en mars 2012, suite à un coup d’Etat, pour qu’IBK réussisse enfin à se faire élire, un an plus tard, président du Mali avec 77,6 % des voix.
Cette élection, foi de certains observateurs, est un exploit, tant le nouvel homme fort de Bamako aurait réussi à être à la fois le candidat des putschistes, des religieux parmi les plus “rigoristes” du pays et de la communauté internationale.
Laquelle communauté internationale qui a vite fait de lui, “le candidat de la stabilité”. Pour le reste, ce personnage au physique imposant, est décrit par son entourage, comme étant un homme très attaché à la culture de son pays, courtois, cultivé et posé.
Au sujet de la modestie d’IBK, un diplomate aurait confié ceci à nos confrères du journal Jeune Afrique : “Mon chauffeur m’a fait remarquer que de toutes les personnalités que je rencontre, il est le seul à le saluer à chaque fois”. D’aucuns affirment aussi qu’IBK est un homme d’autorité, qui n’hésite pas à sanctionner pour l’exemple.
Réputé être un francophile au langage soigné, le nouveau président malien entretiendrait des relations intimes avec de nombreux responsables politiques africains et français, tel l’actuel chef d’Etat guinéen, Alpha Condé.
Homme politique averti, IBK va devoir maintenant conduire, tel un capitaine, “le navire battant pavillon Mali”. Une “lourde” tâche qui ne semble 47pourtant pas l’émouvoir. “J’en suis conscient, mais je suis confiant. Comme de Gaulle, j’ai une certaine idée de mon pays”, a-t-il soutenu après son sacre.
K.P.K
Source: Sidwaya