Comme à l’accoutumée, depuis le départ du président Konaré, au sein de l’Adéma, les démons de la rivalité de clocher refont surface à l’occasion de la présidentielle. Cette année, c’est au cou de l’honorable Yaya Sangaré et du proche collaborateur du Pr. Dioncounda Traoré, Moussa Diakité que sont suspendues les clochettes relatives au syndrome de la division, de la désolidarisation. En substance, tout porte à croire que rien ne va plus entre Yaya Sangaré et Moussa Diakité, livrés à des envois réciproques de piques par voie de réseaux sociaux à la suite de la candidature de Pr. Dioncounda Traoré. L’un s’arc-boutant sur le respect des textes et l’autre brandissant la légitimité de la volonté majoritaire des sections de base dans le choix de son mentor pour défendre les couleurs de la ruche le 29 juillet prochain.
Le lundi 9 avril dernier, selon des informations distillées à partir Bamako-coura, le comité exécutif de l’Adéma a officieusement validité la candidature de Pr. Dioncounda Traoré à l’élection présidentielle de 2018. Face à cette décision hâtivement prise et non conforme aux procédures requises dans l’esprit des textes statutaires et règlementaires du parti, le secrétaire à la communication, porte-parole du comité exécutif, l’honorable Yaya Sangaré, accuse Moussa Diakité “d’abuser allègrement de cette prérogative sans être sollicité par ses camarades”. Sur son compte Facebook, il avance que “le choix du candidat n’est pas encore définitif”. Une déclaration qui a été mal accueillie par Moussa Diakité, le plus proche collaborateur de Pr. Dioncounda Traoré.
En revanche, pour l’honorable Yaya Sangaré, il faut respecter les étapes prescrites par les textes régissant la vie et le fonctionnement du parti.
Pour Moussa Diakité, Yaya Sangaré mise sur les dispositions de l’article 85 du règlement intérieur du parti juste pour susciter des controverses inutiles autour de la candidature de Dioncounda Traoré. Pour lui, ces dispositions “n’intéressent visiblement que Yaya seul et dont lui seul parait tirer profit”. Brièvement, notons que cet article prévoit : “Le comité exécutif procède à la validation des candidatures. Ensuite, il lance la procédure de choix qui comporte trois étapes dont la première porte sur la transmission à chaque membre du comité exécutif un dossier de chaque candidature validée et les critères de sélection édictés par le parti. La deuxième étape, c’est d’organiser une séance plénière d’écoute de chaque candidat et la troisième et dernière phase prévoit l’organisation d’un scrutin secret lors d’une réunion extraordinaire convoquée à cet effet. Le résultat du scrutin secret du Comité Exécutif pour le choix du candidat du parti à l’élection présidentielle est proclamé immédiatement sur le siège à la fin de la séance.
Un rapport du scrutin et l’ensemble des documents du vote sont transmis à la conférence nationale qui entérine le choix du comité exécutif et procède à l’investiture du candidat. L’investiture du candidat du parti à l’élection du président de la République devra intervenir au plus tard 12 mois avant la date de la tenue du scrutin présidentiel.
Mais dans le présent cas, il n’y a qu’une seule candidature validée, celle de Pr. Dioncounda Traoré.
Donc, pour Moussa Diakité, “il se pose dès lors la question de savoir si l’on ne peut faire l’économie de l’application de cet article 85, d’autant plus qu’à mon entendement le principe d’un vote est : deux candidats à départager. Nonobstant, le dernier alinéa du même article exige que le choix du candidat aux élections présidentielles doit intervenir 12 mois avant la tenue du scrutin présidentiel. On aurait prêté les meilleures intentions à notre cher porte-parole s’il s’était intéressé avec la même rigueur au respect de cette disposition”. Et il insiste que le même article 85 avait été ignoré par le comité exécutif “avec la caution du secrétaire à la Communication qui n’a opposé la moindre réserve ou protestation sans doute parce qu’il en tirait parti au profit d’une option autre que celle de la candidature interne”.
Dans un autre post, Moussa Diakité accuse Yaya Sangaré et certains de ses camarades d’avoir proposé, le 14 février, lors du débat du CE sur l’appel à candidatures, d’ignorer cette étape pour dépêcher directement une délégation du parti pour entretenir Dioncounda Traoré et lui soumettre l’initiative du directoire national du parti de le choisir comme son candidat au présent scrutin présidentiel.
Bref, les réactions de Moussa Diakité à l’encontre de Yaya Sangaré sont acerbes, car, il va jusqu’à à l’accuser d’être en train de s’agiter pour des intérêts personnels. Or, en “politique, quand on est obnubilé par l’intérêt personnel doublé du goût pour le matériel, on perd le sens de l’honneur et de la dignité. Quand un individu n’a plus d’honneur et de dignité, il mange à tous les râteliers. Pour manger à tous les râteliers, il faut mentir et dénigrer l’autre. Or, le mensonge et le dénigrement sont les sources de tous les conflits entre les humains”, a posté Moussa Diakité.
“Yaya Sangaré, porte-parole du CE, est résolument engagé dans un combat de juridisme qui ne saurait prospérer devant l’irrésistible vague de légitimation de la candidature de Dioncounda Traoré, y compris dans la section de Yanfolila”. “Aucun lynchage médiatique sur fond de mensonges et de dénigrements ne passera contre le président Dioncounda Traoré pour l’amener à renoncer à sa candidature, car, la décision de Dioncounda d’être le porte-drapeau de l’Adéma/PASJ est irrévocable et inaltérable”.
Il révèle que l’investiture de Dioncounda Traoré interviendra au plus tard le 30 avril 2018.
Donc, selon Moussa Diakité, “les uns et les autres peuvent dire tout ce qu’ils veulent, Dioncounda sera candidat”.
Amaye Maki