S’adressant à ses compatriotes, à l’occasion du 22e anniversaire de l’avènement de la démocratie au Mali (26 Mars 1991), le président Dioncounda Traoré a souligné que chaque difficulté, chaque échec, «nous offre l’opportunité de nous corriger et de nous dépasser». Et que c’est à ce prix qu’aboutiront les aspirations ayant motivé la révolution démocratique.
Des aspirations qui demeurent intactes car la classe politique n’a jamais été capable de les traduire autrement qu’en désillusion, en déception du peuple et en déchéance pour le pays ! Une nation sauvée de justesse de la disparition par la baraka légendaire. Mais, il est temps de se réveiller car nous n’aurons plus d’autres opportunités de survie si nous continuons à dormir en laissant notre destin commun entre les mains des «magiciens» !
La démocratie est un idéal ! Selon la Déclaration Universelle sur la Démocratie, ce système politique est universellement reconnu comme un idéal et un but. Il est basé sur des valeurs communes partagées par les peuples du monde malgré leurs différences culturelles, politiques, sociales et économiques.
Cela en fait un processus qui s’enrichit et se perfectionne avec les expériences et les aspirations générationnelles. «Cet idéal, ce sont des hommes qui le poursuivent. Ils le poursuivent dans les limites de leurs attributs, de leurs connaissances et de leur époque. Eux qui ne sont ni au-dessus de l’erreur, ni au-dessus des contingences. D’ailleurs, nulle part, les projets de société ne se sont construits de manière linéaire», a déclaré le président de la République par Intérim, Pr. Dioncounda Traoré. C’était dans une adresse à la nation à l’occasion de l’anniversaire de l’avènement de la démocratie (26 Mars).
A quel modèle démocratique aspire aujourd’hui le peuple malien ? Il est évident que le modèle sinon les modèles expérimentés pendant 20 ans (1992-2012) n’ont pas été probants. Comme nous en avons la mauvaise habitude ces dernières décennies, nous nous sommes focalisés sur la façade de l’édifice (démocratie), en négligeant l’intérieur et surtout les fondements qui symbolisaient pourtant les attentes réelles du peuple malien.
Modèle référentiel en Afrique, la démocratie malienne regorgeait les gênes de la rupture du processus. La référence a fragilisé les fondements. Le coup d’Etat du 22 mars 2012, n’était pas une nécessité absolue parce qu’il fallait surtout se battre pour que les changements et les réajustements souhaités et nécessaires soient imposés par les urnes. Et la fracture socio-économique rendait impérative une rupture politique afin de recréer la confiance entre le peuple et ses dirigeants. Et cela est plus que jamais nécessaire après le chaos que nous avons frôlé ces derniers mois.
Le modèle de démocratie dont nous avons le plus besoin est celui qui peut élargir notre «espace des libertés, libérer les énergies créatrices, rendre les citoyens égaux devant les opportunités et la loi, travailler à une société du mérite et œuvrer à l’épanouissement des gouvernés tout en leur assurant le pouvoir de choisir leurs dirigeants». C’est du déjà entendu ???
Le peuple exige des «Magiciens» des réponses concrètes à leurs préoccupations
Comme le disait, le Pr. K. Biaya (dans une étude intitulée : Quelle Démocratie pour l’Afrique ? Réflexions sur ses Possibilités et ses Caractéristiques) «un minimum de justice sociale, dont la réalisation est considérée comme devant être la soumission principale de l’État, l’existence d’institutions politiques aptes non seulement à garantir la liberté et la sécurité des individus, mais aussi un contrôle efficace de l’action des gouvernants par les gouvernés, la tolérance (dont ne sont exclus que les intolérants), donc le pluralisme (politique, philosophique, religieux, etc.) et la possibilité légalement, institutionnellement garantie du changement de régime, c’est-à-dire l’alternance démocratique».
Il est temps de sortir des grands discours théoriques pour faire face aux vrais problèmes des Maliens comme l’insécurité alimentaire, le chômage… qui résultent d’une mauvaise gouvernance chronique.
L’injustice sociale qui ronge la cohésion de notre société est-elle un mal incurable ? Face au sentiment d’impuissance des populations à penser et vivre un monde plus juste, quel remède attendre des politiques publiques ?
Voici des questions dont nous attendons les réponses de ces «Magiciens» qui nous promettent chacun monts et merveilles à l’approche de chaque élection. Ce sont autant d’équations dont le peuple attend des solutions pérennes d’eux.
Mais, il est temps aussi que les Maliens comprennent que le changement qu’ils attendent ne viendra jamais de l’actuelle classe politique. En 21 ans de démocratie, nous avons toujours vue les mêmes têtes, nous proposer les mêmes illusions et mirages de façon différente ou différemment emballés pour mieux abuser de notre naïveté politique.
«Le peuple malien ne doit plus accepter que les prédateurs politiques viennent encore diriger ce pays et doit leur barrer la route. Il n’ya rien à espérer des partis politiques qui ont fait vingt ans aux commandes. Aujourd’hui, le peuple malien a besoin d’un changement et d’une bonne gouvernance. …», disait Ahmed Sow, président du parti Rassemblement des Travaillistes pour le Développement (Rtd), lors d’une conférence de presse animée le 23 mars dernier.
Nous sommes d’accord avec lui. Sauf que c’est étonnant qu’ils prennent aujourd’hui leur distance de ces «prédateurs» avec qui, à un moment, ils étaient à la même table. Face à la presse, ce «nouveau-venu» sur la scène politique nationale a aussi touché du doigt des défis majeures comme pouvoir nourrir 15 millions de populations et prévoir une explosion démographique de 48 millions d’habitats en 2050) ; la crise de l’emploi, l’éducation et la gouvernance… !
Pourrions-nous tirer les leçons de la crise actuelle pour réaliser le changement souhaité ?
Mais ce qui nous intéresse, c’est de savoir comment Ahmed Sow compte relever ces immenses défis. Parce que c’est la que le peuple attend la différence. Les «prédateurs» nous promettent le même bonheur depuis des années et nous nous enfonçons dans l’enfer socioéconomique depuis !
Dans son discours à la nation à l’occasion du 26 Mars 2013, Dioncounda Traoré disait, «chaque difficulté, chaque échec, nous offre l’opportunité de mieux comprendre, de nous corriger et de nous dépasser. Sous cet angle, nous avons beaucoup à apprendre de nos crises actuelles pour construire un Etat mieux gouverné, plus proche des préoccupations des populations et plus comptable de ses actes».
Ce n’est pas évident que la crise actuelle nous ouvre réellement les yeux sur le vrai visage de nos gouvernants, sur notre propre rôle dans une démocratie. «La démocratie ne saurait être une finalité en soi mais le moyen, le raccourci pour une meilleure distribution des opportunités, une meilleure qualité de vie pour tous, un meilleur cadre de vie pour les citoyens», dixit le président de la République par Intérim. Ce discours nous maintient dans un monde virtuel dans lequel les Maliens ne veulent plus rester cantonner. Ils veulent un monde réel comme l’enfer qu’ils vivent aux quotidiens ?
Aujourd’hui, il faut que nous comprenions que nous avons une opportunité historique de remettre les politiciens à leur place. Dans une vraie démocratie, chaque élection est une opportunité rêvée pour sanctionner les médiocres dirigeants en faisant confiance à de compétences nouvelles à qui on donne réellement le temps de se mettre en évidence dans la résolution de nos problèmes. Et comme le dit l’humoriste Coluche, «une deuxième opportunité ! Ça sert à rien si tu n’as rien appris de la première». Le Même rappelle aussi souvent que, «la moitié des hommes politiques sont bons à rien, les autres sont prêts à tout» !
Il faut y réfléchir au moment de confier notre destin commun à ceux qui nous courtisent aujourd’hui pour jouir de notre confiance. Rappelons surtout qu’il y a peu, avant l’Opération Serval, le Mali était menacé d’une généralisation de la charia. En effet, depuis le 27 juin, notre septentrion se trouvait aux mains des groupes islamistes radicaux ayant pris le contrôle des régions de Kidal, puis de Gao et de Tombouctou, soit au total près des deux tiers du territoire.
Aujourd’hui, malgré l’insécurité, ces régions sont presque revenues dans le juron d’une République laïque qu’est le Mali. Une fois de plus, la baraka a sauvé le pays. Mais, elle n’est pas éternelle dans une société où le pauvre n’a pas droit à la justice, où les riches croient que la pauvreté est une sanction divine…Elle ne l’est pas non plus dans un Etat où ceux qui ont la chance d’avoir une part de responsabilité, donc de décision, pensent qu’ils ont ainsi un Blanc Seing pour placer leurs proches à la place d’agents et de cadres compétents et surtout de piller les maigres ressources du pays.
L’équité et la justice ne voudraient-ils pas que nous essayons d’autres compétences aujourd’hui dans l’espoir du changement attendu ? Surtout que ceux qui sont toujours-là pour nous endormir avec des discours démagogiques n’ont pas su réellement incarner l’espoir et les attentes de ce peuple ! An ka Kôrôlenw toyé ! An ka kuraw ladjè ! Oublions un moment les anciens pour donner une chance à d’autres de faire leurs preuves !
Kader Toé
Les anciens prédateurs restent à l’affût. Ils sont là depuis 20 ans au pouvoir majoritaire et profiteront de l’analphabétisme de la majorité des nos concitoyens. Sanctionnons-les par nos bulletins de vote pour rendre la démocratie réelle dans notre pays.
An ka Kôrôlenw toyé ! An ka kuraw ladjè ! dit Monsieur Kader Toé. Oui! Mais, il ne faut pas que ce soit des nouveaux qui pensent que c’est leur tour de piller ce pays comme le pensent la majorité des hommes politiques.
Tous les anciens ne sont pas mauvais. L’homme bon peut être négativement métamorphosé par un mauvais système. Je dirai qu’il est temps de laisser la place aux patriotes, aux hommes intègres.
Comments are closed.