L’actualité nous amène souvent à regarder les œuvres artistiques et culturelles sous un autre angle avec un regard neuf. Sur la route d’Abidjan (Côte d’Ivoire), pour les 8es Jeux de la Francophonie (21-30 juillet 2017), nous avons ainsi eu le plaisir de revoir le chef-d’œuvre «Sia, Le rêve du python» dans le bus qui nous transportait. Un long métrage de Dani Kouyaté, d’après la pièce de Moussa Diagana, qui date du début des années 2000.
Quelle cruelle ressemblance entre «Sia, Le rêve du python» de Dani Kouyaté et l’actualité politique du Mali de ces derniers mois, voire de ces dernières années. Et nous nous sommes amusés à refaire un casting (distribution des rôles). Ainsi, le président IBK incarne bien Kaya Maghan (Kardigué Laïco Traoré), ce souverain uniquement préoccupé par son règne et coupé des réalités de son pays et en divorce avec les aspirations réelles du peuple car mal conseillé par ses laudateurs.
Sia (Fatoumata Diawara) est notre Constitution du 25 février 1992 écrite avec le sang de nos martyrs, de ceux du coup d’État du 19 novembre 1968 à la Révolution de mars 1991. Et dans le rôle des Vieux prêtres pervers avides de belles créatures vierges, on peut voir allègrement nos institutions comme le gouvernement, l’Assemblée nationale et la Cour constitutionnelle. Le python sacré au nom duquel les jeunes filles vierges étaient violées et tuées (au nom d’un rite imaginaire) est incarné par l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale. Un document que le régime a imposé à tout un peuple sans consultation aucune. Il nous faut donc couper la tête du Python pour retrouver notre honneur et notre dignité ; pour redevenir nous-mêmes car libérés de tous les mythes (France, Occident, impérialisme, néo-colonialisme…) qui hypothèquent aujourd’hui notre intégrité territoriale et notre souveraineté.
Comme Sia, sauvée par son fiancé Mamadi du mythe savamment entretenu par cette ces pervers et sadiques prêtres (supposés être les gardiens des traditions), les patriotes ne doivent avoir qu’une seule priorité aujourd’hui : libérer notre constitution d’un régime pris en otage par la communauté internationale et adossé à des institutions qui ont perdu toute crédibilité car ne reflétant plus la séparation du pouvoir, un principe essentiel de la démocratie !
«Hommes et Femmes de Koumbi, Kaya Maghan et son peuple… La nuit appartient aux esprits, mais le jour se prête mieux aux actes. N’entendez-vous pas le tonnerre gronder ? Ne voyez-vous pas ce tourbillon à l’horizon ? Ce sont des signes de malheur ! Koumbi est piégée. Le charognard ne chante plus et l’hyène ne dansera plus», déclare le fou et le sage Kerfa (Hamadoun Kassogué). Le Mali est exactement dans cette situation aujourd’hui et, comme les habitants de Koumbi, les Maliens sont enfermés dans l’indifférence, la résignation et la peur. Ceux qui ont le reflexe patriotique de s’indigner sont traités d’ennemis du pouvoir ou du pays. Deux entités (pouvoir et pays) aujourd’hui plus que jamais confondues au parti présidentiel, c’est-à-dire le Rassemblement pour le Mali (RPM).
Réveillez-vous ! Réveillons-nous !
«Peuple de Koumbi, réveillez-vous. On ne construit pas un pays en dormant», a martelé Kerfa dans le film pour narguer Kaya Maghan, ses conseillers et ses soldats ! Un réveil indispensable car nous n’aurons jamais des dirigeants à la hauteur de notre développement, de notre émergence politique, économique, sociale et culturelle en se résignant, en ayant peur du pouvoir insignifiant face à la volonté populaire et aux intérêts de la patrie. Réveillons-nous alors qu’il est temps ! Nous pensons que le président Ibrahim Boubacar Kéita doit s’émanciper un peu de son entourage pour revoir «Sia, Le rêve du python» ! Un film riche en enseignements par rapport à la gestion de la crise que notre pays connaît ces derniers temps. Il comprendra que l’humilité et la fermeté constituent la force des vrais leaders et que cette humilité n’est pas non plus synonyme de faiblesse.
«Kaya Maghan, ils te disent que ton pouvoir est illimité et ton règne éternel ! C’est faux et archi-faux», déclare Kerfa devant des habitants de Koumbi ébahis par son audace. IBK doit aussi comprendre cela et chercher à se réconcilier avec son peuple, au lieu de le narguer pour plaire à la communauté internationale, notamment la France ! Il ne doit pas surtout oublier qu’il y a une vie après le pouvoir !
Moussa BOLLY
Merci Moussa BOLLY , il y a une vie après le pouvoir. Cette réalité est ignorée par IBK qui confond sa vie et son pouvoir. Au delà de 70 ans, il préfère faire plaisir à la France que de bâtir une nation malienne forte et unie. Son isolement a une seule explication : après mon pouvoir, je n’ai plus rien à gagner de ce peuple, je fais tout pour raffermir mes relations avec la France. IBK préfère cet isolement que d’écouter son peuple. Si ce n’est qu’avec cette bataille au tour de la révision de la constitution, ils sont rares les maliens qui ont été reçu par IBK. Les consultations en cours ont été imposé à IBK puisqu’il n’avait pas d’autre choix. Mais les maliens au moins savent qu’IBK a succédé à d’autres et qu’il sera succede par d’autres. La gestion du pouvoir sous IBK a ete familliale .
Comments are closed.