La tenue des élections générales de 2012 fait l’objet de toutes les rumeurs. Aujourd’hui, on s’interroge réellement sur le respect des échéances avec la rébellion au Nord. Une crise mal gérée depuis l’avènement de la démocratie. Comme le disait une compatriote dans un débat sur Facebook, le président Amadou Toumani Touré et tous les candidats à la présidentielle sont aujourd’hui interpelées sur le problème de la rébellion qui, en réalité, n’est qu’une guerre civile larvée.
«Arrêtez de nous mentir et trouvez une solution au plus vite. Nos braves populations ne supporteront pas une guerre en plus de la famine et de la pauvreté. Responsables politiques, réveillez-vous et montrez-nous que vous êtes à la hauteur des espérances que le peuple place en vous», souhaite notre internaute, une jeune femme et cadre du pays ! Un avis largement partagé par la grande majorité des intervenants à ce débat sur le web.
Beaucoup aussi se posent la question sur la sincérité du président sortant à vouloir quitter le pouvoir, sa volonté d’imposer discrètement un successeur aux Maliens… Ce qui conduit aussi à se poser des questions sur la légalité et la transparence des prochains scrutins, notamment présidentiels. A la base de toutes ses rumeurs et de toutes ses supputations, une seule entité sociopolitique : la classe politique ! Tout cela vise un seul objectif : distraire le peule du vrai enjeu de ces élections : le changement, la rupture !
La présidentielle et les législatives de 2012 nous donnent plus que jamais l’opportunité de mobiliser nos efforts pour le changement, pour faire échec aux supposés «plan machiavéliques» qui seraient déjà ourdis et mis en exécution pour confisquer le pouvoir au peuple. C’est à nous d’agir pour que ces politiciens véreux et leurs complices ne prennent pas en otages le destin de ce pays, qu’ils ne réécrivent l’histoire en leur seule faveur, qu’ils ne continuent à s’approprier tous les leviers du pouvoir socioéconomique en condamnant la grande majorité des Maliens à la précarité à vie.
Le refus de l’abus de confiance
Comme le dit Me Honoré Musoko, un juriste congolais vivant au Pays-Bas, «il est de principe admis qu’en démocratie le fondement de l’organisation et l’exercice du pouvoir est la volonté du peuple exprimée à travers des élections libres et transparentes. Le peuple est donc le détenteur originaire du pouvoir, le souverain primaire. Mais lorsqu’à l’occasion d’une consultation populaire tel que le processus électoral encore en cours le parlement, le gouvernement et la justice, principales structures de l’Etat, participent à la falsification de la volonté populaire, il y a lieu de s’interroger sur l’effectivité de la souveraineté du peuple».
Dévons-nous alors les laisser abuser de notre confiance après avoir presque tout vécu comme calvaire, désillusion et déchéance socioculturelle depuis l’avènement de la démocratie, en mars 1991 ? Ces dernières années, les injustices sont criardes, la situation au Nord-Mali n’a jamais été gérée de façon responsable ou avec la fermeté souhaitée, la lutte contre la corruption laisse à désirer parce qu’elle s’attaque à certaines manifestations et non aux racines du mal, la médiocratie est en train d’enterrer l’excellence petit à petit… Et tout cela par la faute d’une même génération de politiciens qui vont encore se présenter devant nous pour promettre monts et merveilles.
Organisons-nous pour assurer la souveraineté des urnes au lieu de jouer à nous faire peur à cause des rumeurs savamment diffusées par les politiciens en quête d’arguments pour convaincre. Cela est un exercice dangereux, périlleux ! Arrêtons de faire croire aux politiciens qu’ils peuvent entraîner ce pays dans le précipice sans qu’on ne bouge le petit doit pour les remettre à leur place ! Nous devons agir de sorte qu’ils comprennent que le destin du Mali nous appartient ! C’est à nous de définir ce que nous voulons de bien pour notre pays ! Aujourd’hui, il revient aux Maliens de choisir leur destin. Nous devons nous faire confiance, notamment au sein de la jeunesse.
Aux urnes pour conquérir la souveraineté du peuple
Pour le constitutionnaliste français, Georges bourdon, «dans toute collectivité, il existe à un moment donné un idéal de la volonté générale. C’est l’idée de droit…. Et l’on peut dire que sera légitime un pouvoir qui correspond aux aspirations exprimées par le peuple lors d’élections. Ce critère est très constitutionnel, c’est celui du système en place». Pour mieux ancrer la démocratie et en faire un tremplin de développement socio-économique, d’égalité et de justice, nous ne devons plus laisser la classe politique s’accaparer du contrôle de notre destin à leur propre compte.
Nous devons aller aux urnes avec la volonté de relever le défi consistant à ramener tous les éléments de la souveraineté à la disposition du peuple malien, c’est-à-dire rassembler la légitimité et la puissance publique au service de l’intérêt général.
En allant voter en avril et en mai prochains, nous devons avoir à l’esprit que l’actuelle bataille électorale engagée entre les chapelles politique et toutes ces alliances qui sont en train de se nouer ne visent qu’à permettre à certains politiciens de mieux contrôler les leviers de la prédation pour acquérir ou mieux protéger sa part du gâteau ou celle de son clan. C’est que nous devons empêcher en faisant élire celui que nous pensons être à la hauteur de nos attentes pour résoudre, sans démagogie aucune, nos préoccupations quotidiennes ! C’est cela le combat électoral d’un peuple dans la démocratie !
Au lieu d’attendre que les politiciens se préoccupent de nous, imposons-leur nos préoccupation, obligeons-les à tenir les promesses et avoir de l’ambition pour le Mali en arrêtant de prendre les rêves politiques pour les aspirations du peuple ! Obligeons-les à œuvrer dans le sens de la réalisation du destin que nous voulons pour notre patrie, à bâtir le Mali que nous voulons léguer aux futures générations. Voter en 2012 ne doit plus être dicté par la manipulation politique, mais le fruit d’une prise de conscience sur la nécessité du changement !
Kader Toé