Interview Mountaga Tall : « Au-delà de la Transition, le temps au Mali n’est pas de se compter, de se combattre, de se stigmatiser mais au contraire de se rassembler »

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Président du CNID Faso Yirawa-ton, ancien député de Ségou, ancien ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et celui de la communication, membre fondateur du M5 RFP. Pour lui au-delà de la Transition, le temps au Mali n’est pas de se compter, de se combattre, de se stigmatiser mais au contraire de se rassembler. Maitre Mountaga Tall à cœur ouvert au journal l’Alternance.

L’Alternance :  une double sanction de la CEDEAO et de L’UEMOA pèse lourdement sur le Mali, quelle lecture vous en faites ? 

M.TALL : Ces sanctions, je l’ai soutenu en de nombreuses occasions, sont injustes, disproportionnées et aussi contre-productives. Pour toutes ces raisons, elles sont inacceptables et doivent être immédiatement levées. Vous l’aurez remarqué, elles ont été unanimement dénoncées au Mali dans un formidable élan d’unité autour de notre pays.

La levée immédiate de toutes les sanctions injustes, inacceptables et disproportionnées infligées à notre pays, unanimement dénoncées par l’ensemble des maliennes et maliens soutenus par de nombreux autres peuples africains et du monde. Ces sanctions, sachons le, impactent toutes les économies de notre communauté régionale et fragilisent surtout les couches les plus défavorisées dont certaines pourraient être tentées de chercher le salut auprès de marchands d’illusions terroristes qui infestent le Sahel et migrent vers d’autres pays de la sous-région. Et cela intervient alors que les économies et populations subissent les affres de la pandémie de la COVID-19. Nous devons tous y réfléchir.

 L.A : Malgré toutes les assurances données par le gouvernement du PM Choguel k Maïga, le Mali peut-il tenir encore longtemps ?  

M.TALL : Le challenge n’est pas de rester dans un bras de fer et de tenir longtemps ou pas. Il s’agit au contraire de créer les conditions d’un retour à la normalité et au retour du Mali, dans l’honneur, la dignité et la souveraineté retrouvée dans le concert des nations sur la base des efforts de médiation menée par des Africains pour régler une difficulté entre frères africains. C’est en cela que toute l’Afrique, qui a besoin de tous ses enfants se renforcera. Mais j’insiste : la souveraineté du Mali et le respect dû à notre peuple ne se marchandent pas. Elles s’imposent aux maliens et à tous les partenaires du Mali.

L.A : L’une des tares de la transition est sans nul doute le manque d’inclusivité, que faut-il faire pour rassembler le plus largement possible les maliens pour une transition réussie ?  

M.TALL : Au-delà de la Transition, le temps au Mali n’est pas de se compter, de se combattre, de se stigmatiser mais au contraire de se rassembler. Unis, nous ferons face à toutes les adversités et relèveront tous les défis qui se posent à nous.

Mais l’inclusivité n’est pas l’impunité et rassemblés, nous devons réparer les torts subis par notre peuple.

Nous rassembler, c’est refuser tous les antagonismes factices. Les seules choses qui devraient dès lors nous importer demeurent l’amour de la patrie, l’intégrité et la compétence. Notre hymne dit bien ” Un Peuple, un But, une Foi » et la devise de notre Parti est : « Rassembler pour Construire. »

L.A : Il y a une brouille diplomatique entre le Mali et la France, laquelle brouille a abouti à l’expulsion de l’Ambassadeur du second par le premier, le Mali ne pouvait-il pas faire l’économie de cette expulsion en se tournant vers l’essentiel ?  

M.TALL : On dit chez nous que les dents et la langue peuvent se brouiller. Les incompréhensions, même les conflits peuvent survenir dans les relations entre États. Il faut juste veiller qu’ils ne se transforment en crise durable. Je voudrais croire que le Mali et la France tireront tous les enseignements de la crispation actuelle pour envisager des relations plus apaisées dans le respect mutuel et la préservation de leurs intérêts réciproques. A cet égard, vous observerez que le Mali est resté modéré en ne déclarant pas l’ambassadeur persona non grata.

L.A : Le nœud gordien entre la CEDEAO et le Mali est la durée de la transition, que conseilleriez-vous au gouvernement pour sortir de cet imbroglio ?      

M. TALL : En aout-septembre 2020, nous avions proposé à la CEDEAO de ne pas rester dans le dogme des délais prédéfinis et d’éviter toutes les mesures prêtes à porter. Nous n’avons pas été entendus. Aujourd’hui encore, je pense qu’il faille s’asseoir autour d’une table pour lister les taches qui ne peuvent ou ne doivent être différées et évaluer le temps pour leur mise en œuvre. Ainsi, il y aura un délai consensuel pour une Transition refondatrice qui organiserait des élections dont les résultats seront acceptés par tous.

Propos recueillis par Youssouf Sissoko

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