Dioncounda Traoré a enfin officiellement adressé une requête d’intervention de la force en attente de la Cedeao. Avant la réponse du Conseil de sécurité de l’Onu sollicité pour l’obtention d’un mandat, beaucoup d’obstacles restent à franchir. En d’autres lieux, mais aussi ici-même au Mali.
Il y a une semaine, le président de la République a requis du président en exercice de la Cedeao, Alassane Dramane Ouattara, l’intervention au Mali de la force en attente de l’Organisation sous-régionale pour libérer les régions occupées par des groupes islamistes. Mais, à en croire les experts et les analystes, cette intervention n’est pas pour demain, le chemin étant long et sinueux.
Selon des sources généralement bien informées, les chefs d’état-major des pays de la sous-région se réuniront au cours de cette semaine pour établir un plan d’intervention, un plan qu’ils soumettront à l’appréciation des chefs d’Etat de la Cedeao. C’est seulement après l’approbation de ceux-ci que le Conseil de sécurité des Nations Unies sera saisi pour délivrer un mandat d’intervention. Déjà, les chefs d’Etat et de gouvernement des pays impliqués ont ouvert leurs carnets d’adresse afin d’identifier les amis et partenaires sur lesquels ils peuvent compter pour obtenir une aide en logistique et en matériels.
Les mêmes sources indiquent que les chefs d’état-major et les présidents des pays de la Cedeao ont été priés de ne pas céder encore une fois à la surenchère, et de produire un plan d’intervention raisonnable et réaliste, moins onéreux et mieux détaillé. Toute chose qui augure d’un long processus qui vient à peine de commencer.
En attendant, l’initiative présidentielle divise les forces vives de la Nation et les forces armées et de sécurité. Au sein des anti-putschistes, on se réjouit que le président Dioncounda Traoré ait pris une décision dont ils avaient fait leur cheval de bataille. Ils sont motivés par la perspective de la libération des régions du nord et l’organisation d’élections qui leur permettront d’investir à nouveau la scène politique. Récemment, ils se sont prononcés sur certaines chaines d’information internationales.
Par contre, la Copam qui n’a jamais caché son attachement à la junte militaire qui a renversé le système ATT incapable de bien gérer la crise du nord, la fibre souverainiste a encore vibré. Là, on ne veut pas entendre parler de l’intervention de forces étrangères pour libérer le nord, alors que les militaires maliens peuvent bien faire l’affaire si on leur donnait les moyens adéquats. Eux non plus ne se sont pas privés d’exposer leur préférence nationale aux micros des mêmes journalistes. Un responsable politique, sans doute emporté par son excès de zèle, a même fait dire au capitaine Sanogo ce que celui-ci n’a jamais dit.
Le chef du Cnrdre aurait en ce moment d’énormes soucis à se faire. Passée la fièvre des premiers instants de la libération du Mali de l’emprise du clan ATT, le capitaine Amadou Haya Sanogo a su puiser dans sa sagesse pour éviter un bras de fer inutile avec la Communauté internationale. S’étant retiré du devant de la scène politique, il reconnaît la légitimité de Dioncounda Traoré comme seul président de la République et premier responsable des Maliens. Aussi, la décision de celui-ci de requérir la force en attente de la Cedeao ne peut qu’avoir son adhésion. D’ailleurs, malgré sa formation militaire dont il se prévaut, le président de la République a forcément eu recours à des officiers supérieurs, spécialistes et experts militaires pour motiver sa requête et indiquer clairement ce dont le pays a besoin pour se débarrasser des occupants du nord et rétablir la sécurité et la paix. Il est donc très probable que des chefs militaires aient aidé le président, ce qui démontre qu’ils ne sont pas hostiles à une force d’intervention dans le septentrion. Quel chef militaire est mieux indiqué que le capitaine Sanogo ?
En fait, il semble que du côté de l’armée, malgré les contestations de leurs amis de la Copam qui s’agrippent à une souveraineté perdue depuis longtemps, beaucoup de chefs militaires adhéreraient bientôt à l’idée d’une intervention conjointe armées maliennes et Cedeao.
Les griefs nourris contre l’organisation sous-régionale sont en train de s’estomper avec la perspective pour les forces de défense et de sécurité de récupérer leurs armements et matériels bloqués par certains pays voisins. Une fois ces armes et matériels récupérés, l’armée ne devrait que se réjouir d’être appuyée par la Cedeao. Et se montrer sourde aux hurlements de la meute déchainée.
Abdel HAMY
Des touaregs ont compris qu’il faut prendre les armes pour obtenir des postes juteux, de l’argent, etc. Comme des politiciens et syndicalistes à Bamako ont compris qu’ils sont récompensés en fonction de leur pouvoir de nuisance. On dit qu’il n’est pire ennemi que les ennemis de l’intérieur.
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