Après l’ouverture de la session d’avril à l’hémicycle, actualité oblige, les honorables députés ont interpellé certains ministres, à venir s’expliquer sur les questions relatives à leurs départements. Il s’agit de la sécurité, de l’éducation et des finances. Ironie de l’histoire, ce sont les députés de la Majorité qui ont mené les débats contre le gouvernement. Est-ce la fin de la lune de miel entre IBK et sa Majorité ? Va-t-il sacrifier son parti sur l’autel de ses intérêts claniques ? Une motion de censure sera-t-elle déposée contre le gouvernement dans les jours à venir ?
Les 3 et 4 Avril dernier, le public sorti nombreux pour assister aux débats entre ministres et élus de la Nation, a été témoin pour une des rares fois à de belles empoignades. En effet, pour la première fois sous IBK, les députés de la Majorité ont porté leurs gants pour descendre sur le ring contre le gouvernement. Ce genre de scène, digne des vieilles démocraties, était rare au Mali où le soutien, souvent à l’aveuglette, était le mot d’ordre de la majorité. Les questions abordées, à savoir la crise sécuritaire et l’école, en valaient certainement la chandelle. Mais, la virulence des propos et les conclusions auxquelles les honorables députés de la Majorité sont parvenues, en disent long sur la profondeur de la crise de confiance entre le Gouvernement de SoumeylouBoubèyeMaiga et les députés de la Majorité.
De l’honorable Mamadou Diarrassouba, à Belco Bah en passant par Mamadou Tounkara, tous ont pointé un doigt accusateur sur le Gouvernement dans les différentes crises auxquelles le Mali est confronté et surtout dans les gravissimes crises de l’école et de la sécurité. Les députés disent ne pas comprendre comment un gouvernement responsable pourrait laisser l’avenir de toute une nation, qu’est l’école, se détériorer sans réagir ? Ils s’interrogent également sur le rôle réel joué par l’Etat pour mettre fin à la tuerie en masse au centre du pays. Ils ont dit ne pas comprendre qu’en dépit des moyens colossaux alloués au secteur de la défense et de la sécurité que le Mali puise se trouver encore à ce stade, c’est-à-dire incapable de mettre fin à la violence et démanteler toutes les milices. Pour Diarrassouba et Tounkara, ce gouvernement a montré toutes ses limites, donc il revient au Premier ministre de tirer les conséquences et de rendre sa démission.
Il n’y a-t-il pas d’autres mains invisibles ?
Beaucoup d’observateurs s’interrogent sur le brusque changement de ces députés de la Majorité, en l’occurrence Diarassouba et Tounkara, qui sont considérés comme des thuriféraires d’IBK. Le Président de la République n’est-il pas derrière cette manœuvre tendant à affaiblir son PM, qui se trouve aujourd’hui dans des beaux draps pour ensuite se débarrasser de lui ? Une deuxième hypothèse n’est pas à écarter, celle du parti, le RPM, qui se sentant lésé durant tout le quinquennat passé, veut récupérer son dû et à juste raison. En cinq ans, le parti Majoritaire à l’Assemblée n’a eu qu’un seul Premier ministre, en l’occurrence Abdoulaye Idrissa Maiga. Sachant bien que le bilan à la fin du règne d’IBK est celui du RPM d’abord, avant d’être le bilan d’une majorité qui ne repose sur rien d’autre que sur le partage de gâteau, les députés RPM veulent récupérer ce qui leur revient de droit d’où le nom du Président de leur parti, BocariTréta comme PM.
En somme, même s’il y a forcément une arrière-pensée politique dans l’acte posé par la Majorité des députés à l’Assemblée, pour la première fois, ils ont non seulement rejoint l’Opposition, mais aussi et surtout, ont compris maintenant que le Mali est sur le point de s’effondrer. D’où leur appel du pied pour la démission du gouvernement.
Youssouf Sissoko