Interpellé sans qu’on ne sache le motif du «crime» qu’il a commis, notre confrère Boukary Daou est actuellement entre les geôles de la Brigade d’investigation judiciaire (BIJ). Mais le plus choquant dans cette histoire, c’est l’intervention du Président Dioncounda Traoré lors de son déplacement en Mauritanie et au Sénégal. En analysant les déclarations du Président intérimaire, on peut dire que c’est lui qui démoralise les soldats maliens au front.
On se souvient qu’après son coup d’Etat improvisé, le Capitaine Sanogo n’a cessé d’appeler à un soutien logistique pour que l’Armée fasse face à son devoir régalien. Mais deux mois après le début de la guerre, le Capitaine semble avoir oublié ses propos d’hier. Plus soucieux de faire de la politique, le putschiste du 22 mars s’est taillé un nouveau «costume» pour museler la Presse malienne.
Depuis des jours, les Maliens subissent une double contrainte : être dans un pays en guerre et ne pas avoir la possibilité de suivre les informations. En effet, suite à l’arrestation d’un des leurs, les acteurs des médias ont décidé d’initier des journées «Presse morte» jusqu’à ce que leur confrère soit libéré. Le malheur de ce dernier vient du fait qu’il a publié une lettre d’un militaire qui s’insurgeait contre les émoluments colossaux versés mensuellement au Capitaine Sanogo et qui avoisineraient les 4 millions de FCFA.
Prime de putschiste ou simple sinécure pour un militaire qui fait peur ?
Toujours est-il que la réaction du Président Dioncounda Traoré n’a pas apaisé la tension. Alors qu’il se trouvait en visite en Mauritanie, il a affirmé qu’en publiant cette lettre, le journaliste Daou «avait dépassé la liberté de presse», ajoutant que la publication de ladite lettre est une incitation à l’abandon de guerre pour des soldats maliens au front. Cette déclaration du Président malien constitue une menace à la liberté de presse dans la mesure où Boukary Daou n’a fait que son travail en publiant une lettre émanant d’un officier malien. L’attitude de Dioncounda s’apparente à celle d’un homme d’Etat sans pouvoir réel et contraint à se montrer bienveillant envers le véritable «homme fort» de Bamako : le Capitaine de Kati. Au moment où des Colonels sont au front pour défendre la patrie avec de maigres moyens, un simple Capitaine se taille la part du lion à Bamako avec des avantages qui, même si on refuse de le dire haut, sont révoltants. De par son comportement, le Président Dioncounda Traoré démoralise les troupes au front plus que notre confrère Daou.
Paul N’Guessan
Cet homme est une marionnette entre les mains de la soldatesque. Il serait prêt à renier ses enfants pour diriger le Mali
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