Installation officielle de la 5e législature de l’assemblée nationale : Cacophonie et rupture entre IBK et le RPM

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Ibrahim Boabaear Kéka, président da Mali lssa” Sidibé, président de l’Assemblée nationale da Mali

 

 

Avec près de la majorité absolue des sièges   parlementaires, soit 66 députés, dans son escarcelle, il n’est point étonnant que le président de l’institution parlementaire sorte des rangs du Rpm.

 

 

Ce qui était surprenant, en revanche, c’est que le perchoir échappe au candidat

Annoncé sous tous les toits comme la préférence du président de la République. Ce retournement spectaculaire de schémas, au profit d’un proche de la famille présidentielle, apparemment contre le gré du chef de l’Etat, met du coup au grand jour le grand malaise qui caractérise, de­puis un certain temps, les rap­ports entre IBK et sa famille politique.

 

 

115 suffrages pour Issaka Sidibé et seulement 11 voix exprimés en faveur de son concurrent qui n’était autre que le célébrissime Oumar Mariko, le président de Sadi et député réélu à Kolondiéba, dont l’acte de candidature pour le perchoir traduit, pour le moins, une démarcation vis-à-vis de la mouvance pro-pré­sidentielle.

 

 

Pour la circonstance, mer­credi dernier, le public a ré­pondu massivement présent en prenant d’assaut coins et recoins de la Salle Modibo Keïta où s’est déroulée la ses­sion inaugurale de la 5e lé­gislature de l’Assemblée nationale du Mali.

 

Après son installation dans ses fonctions par le bureau d’âge, le nouveau président, beau-père et collègue du fils aîné du chef de l’Etat, a eu pour toute première tâche de conduire la mise en place de la commission de relecture du règlement intérieur de l’institu­tion parlementaire.

 

L’élu de Koulikoro n’en est pas un novice dans les dé­dales de l’hémicycle. Député de la législature 2002-2007, il avait déjà occupé les charges de président de la commission finance, sous les couleurs du Rpm où il a milité avant d’être lié à la famille présidentielle par une alliance matrimo­niale. Et, aussitôt investi dans ses nouvelles fonctions, Issaka Sidibé, qui a vivement remer­cié sa famille politique et ses partenaires, a invité, par ail­leurs, ses collègues à se met­tre immédiatement au travail pour sortir le pays des abysses où l’a plongé la crise politique et sécuritaire.

 

Pour ce faire, il sied d’ac­compagner les actions du pré­sident de la République sans pour autant se complaire dans une caisse de réson‑nance, a-t-il laissé entendre.

 

 

En attendant l’installation définitive du bureau de l’As­semblée nationale, des com­missions spécialisées, ainsi que des différents groupes parlementaires, le sacré d’Is­saka Sidibé aura fait vibrer l’hémicycle d’acclamations et de youyous, nonobstant la bonne vingtaine de suffrages blancs sans doute exprimés par une latente opposition à la majorité présidentielle.

Au-delà, les satisfécits pro­tocolaires de forme, la rela­tive ambiance conviviale ayant marqué la cérémonie d’installation du nouveau pré­sident de l’hémicycle cache mal un réel malaise consécutif aux péripéties ayant précédé l’événement.

 

 

Contrairement aux appa­rences, à ce que pourrait en penser le commun des mor­tels, ce n’est pas au détriment d’Oumar Mariko que le prési- dent Issaka Sidibé ait décro- ché le sésame, mais aux dépens d’un autre député du même bord politique. Il s’agit, bien entendu, du président du bureau d’âge, Abdrahamane Niang, député élu à Ténen­kou, sous les couleurs du Rpm, dont une frange importante s’était déjà opposée à son in­vestiture en tant que candidat. Lorsque sa candidature ait été retenue de justesse à la Cour constitutionnelle, sur interven‑

tion personnelle de la vice-présidente du Bpn, c’est bien sûr parce que ce ancien vice-président de la Ceni figurait au départ dans le schéma de la plus haute autorité du pays comme potentiel détenteur du perchoir et du maillet parle­mentaire. Preuve parmi tant d’autres qu’il y était pressenti, le Premier ministre, Oumar Tatam Ly, en personne, en avait informé ses partenaires politiques de la majorité pré­sidentielle, dans le cadre no­tamment de la convention de législature passée avec les dif­férentes composantes de la­dite mouvance.

 

 

C’était sans compter, vrai­semblablement, avec les habi­lités politiques d’une fronde adverse tapie dans le Rpm, qui ne l’entendait point de cette oreille. Pour faire om­brage à la candidature de M. Niang, ce ne sont pas les ar­guments qui manquaient. Il lui est implicitement reproché d’être comparable à un cou­cou venu récolter les fruits du combat politique sans jamais avoir été un militant visible du parti.

 

 

C’est en tout cas, la princi­pale raison qui se susurrait dans les rangs du Bpn-Rpm largement dominé par la ten­dance favorable à Issaka Si­dibé. Lequel avait en revanche la faveur d’être considéré comme le militant

 

 

bon-teint le mieux adapté à la situation. Mais, l’ancien prési­dent de la commission finance de l’Assemblée nationale dé­tient également un autre atout. Il est le beau-père du fils du président de la Répu­blique, celui-là qui donne l’im­pression de tenir désormais les manettes au sein du Rpm, après que son père ait accédé aux fonctions de président de tous les Maliens. Ou, peut-être, a-t-il seulement tiré les fi­celles pour la circonstance.

 

 

Quoi qu’il en soit, le prési­dent de la République –du moins pour qui est de cet épi­sode- ait été visiblement contrarié dans son schéma par le parti, dont il ne cesse de chercher à se démarquer, répétant à l’envi qu’il ne doit pas son fauteuil de chef d’Etat à ses camarades politique. C’est vrai !

 

Aussi, la cacophonie am­biante ayant présidé au choix du président de l’Assemblée met-elle un peu plus en évi­dence les dimensions réelles du fossé qui sépare IBK de sa propre famille politique. Les­quelles ne soufflent plus dans la même trompette que lui. Tandis que le chef de l’Etat re­fuse les incursions importunes et la présence trop possessive du Rpm autour de sa per­sonne, le Bpn pour sa part lui en veut pour sa démarcation progressive, son refus de prendre langue avec ses an­ciens camarades et de s’en ré­férer à eux pour ses démarches.

 

 

«Il n’a jamais daigné ren­contrer la direction du parti pour partager avec elle ses préférences», a lâché une personnalité proche du Bpn à la veille de la session inaugu­rale du Parlement, avant d’ajouter au passage que lorsqu’il (le président s’en- tend) ne donne pas les indica­tions nécessaires sur sa préférence, le parti prendra ses responsabilités. Et, un autre interlocuteur averti d’ex­pliquer que le président du Rpm a tout simplement craqué devant l’argument d’une ap­partenance d’Issaka Sidibé à la famille politique avant d’avoir son fils pour gendre. Mais, il est tout aussi évident que l’argument a également l’avantage de faire bon mé­nage avec le désir du fils de contribuer à la promotion du beau-père. De quoi justifier alors la crainte de nombre d’observateurs que la suite, la nomination d’un Pm et la for­mation du gouvernement, par exemple, n’obéissent pas à la même règle.

 

Lorsque tout le monde soupçonne Oumar Tatam Ly de n’voir pas sa place au cœur du Rpm, il y a lieu de s’interroger sur son sort.

Abdomakmane KMA

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