Le moins qu’on puisse dire est que les honorables députés de cette mandature, souvent jugés d’un niveau pas très élevé, à l’exception de quelques ténors, notamment de l’opposition, ont quant même réussi à « déstabiliser » un gouvernement qui a eu toutes les peines du monde à répondre aux questions brûlantes sur l’insécurité de notre pays. C’était lors de la plénière, consacrée, vendredi dernier, à la question d’actualité. La réaction du gouvernement par rapport à l’attaque du Bar restaurant la Terrasse, les armes découvertes à Bamako, la corruption liée aux passeports et cartes d’identités… ont été entre autres, les points soulevés par des députés qui ont déclaré que des Maliens continuent à avoir peur.
Sur la question des passeports et cartes d’identité, le ministre de la Sécurité et de la protection civile, le général Sada Samaké a expliqué qu’effectivement de grandes fraudes ont été décelées par ses services. Les passeports et cartes d’identité dont les prix sont respectivement fixés à 50.000 et 1000 Fcfa, a-t-il précisé, sont souvent frauduleusement vendus à 500.000 et 10.000 Fcfa. 3000 passeports dont la somme a été versée au trésor public, a-t-il indiqué, ne sont pas faits. 242 policiers, a-t-il dit, ont été sanctionnés. Il a déclaré qu’il n’y avait pas de pénurie de passeports, car, 17000 sont en stock et 112 000 sont confectionnés chaque année dont 500, pour les Maliens de l’extérieur. Il a démenti le manque de réaction des autorités après l’attaque du Bar restaurant La Terrasse. Chaque jour, a-t-il assuré, il y a des patrouilles à Bamako et à l’extérieur de la capitale, dans un rayon de 50 Kms. Il a toutefois demandé l’indulgence des députés, car il n’existe pas d’insécurité zéro. Le ministre de la Sécurité et de la protection civile, le général Sada Samaké, a reconnu que les questions liées à l’insécurité, sont devenues des préoccupations mondiales. « Ce gouvernement, a-t-il martelé, vient de loin, car il a trouvé un pays à terre et il essaye de le redresser. » Concernant la question du manque de moyens des forces armées et de sécurité, il a renvoyé la balle aux députés : « Vous venez de voter la loi de programmation militaire, peut-être qu’avec cette loi, l’armée aura des moyens conséquents ». Même s’il a soutenu qu’il ne répondait pas à la presse, le général Sada Samaké a néanmoins rétorqué aux déclarations faisant état de l’indélicatesse du directeur général de la police dont il a exalté les qualités. Le ministre de la Reconstruction nationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed, a abondé dans le même sens. En effet, il a laissé entendre qu’ils n’étaient pas des ministres « qui s’accrochent », qu’ils faisaient tout pour le retour de la paix dans notre pays et que, par conséquent, ils avaient besoin du soutien de toute la population contre des agresseurs, souvent imprévisibles et à moto. Il a fait savoir que les agresseurs au Bar restaurant La Terrasse étaient à Bamako pendant trois à quatre mois avant de perpétrer leur forfait, sans aucune alerte provenant des populations. Comment cela peut-il se faire ? s’est-il demandé. Or, Sans la vigilance et le soutien des populations, a-t-il ajouté, il ne sera pas possible de contrer les terroristes et leurs alliés dont l’objectif est d’intimider et de dérouter l’Etat malien face à ses objectifs dont la signature de l’Accord pour la paix. Il a demandé à la population de rester « debout et soudée », pour faire face à ces menaces. Quant au Premier ministre Modibo Kéita, il a déclaré : « Si les choses étaient faciles, nous n’aurions eu aucun mérite de dire : nous ferons ça demain, nous ferons ça demain, puisque notre éducation nous enseigne que c’est le temps qui est maître de la démagogie. Vous pouvez dire à telle place : je vous ferai une route, je vous ferai un puits, mais évitez de dire : demain, je vous ferai une route, demain je vous ferai un puits, puisque demain arrive. » Les questions d’insécurité, a –t-il ajouté, sont des problèmes majeurs. Il a appelé à regarder dans trois directions : la première priorité du gouvernement, à savoir, assurer la sécurité des personnes et des biens… la deuxième direction consiste à se demander : que faire pour améliorer le quotidien des Maliens et leurs conditions d’existence… Concernant la troisième direction, le Premier ministre Modibo Kéita a déclaré : « l’injustice est facteur d’insécurité et d’instabilité, c’est pourquoi nous estimons que nous devons tout faire aujourd’hui pour améliorer la gouvernance… que le citoyen malien ne soit pas obligé de courir derrière le droit, car l’Etat doit lui consacrer ce droit sans que l’Etat ne soit obligé de courir derrière le citoyen pour qu’il accomplisse son devoir, c’est cette double face cumulée qui constitue l’Etat de droit. »
Les choses sont difficiles, -t-il dit, mais il faut qu’on ait confiance en nous même. Malgré la faiblesse des résultats, a-t-il soutenu, acceptons de reconnaître que le gouvernement a du mérite.
B.D