Dans un communiqué en date du 3 novembre 2022, les responsables du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) châtient ceux du Cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel.
Le torchon n’a jamais cessé de brûler entre le M5-RFP et le Cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel. Les responsables du M5-RFP tiennent ceux du Cadre des responsables du terrorisme et des dégâts causés au Mali depuis 2012. En réaction à l’attitude du cadre le 26 novembre, à la veille d’une mission du Médiateur de la Cedeao à Bamako, ils pensent que le Cadre est « en mission commandée » en décidant « de jouer contre son propre pays pour des raisons inavouables ».
Le M5-RFP rappelle au Cadre que les Maliennes et Maliens n’ont pas la mémoire si courte que ces responsables le croient. Selon lui, leurs compatriotes se souviennent que c’est sous la gouvernance de ces hommes politiques que les massacres les plus horribles ont été perpétrés contre des civils désarmés avec des villages incendiés, des femmes éventrées, des vieillards tués, le bétail emporté, les greniers brûlés.
Selon lui, à cause de la mauvaise gestion du pays, l’administration, abandonnée à elle-même, a déserté une bonne partie du territoire nationale, l’insécurité a été fortement aggravée par la corruption et les détournements à ciel ouvert des fonds destinés à l’acquisition de matériels et équipements militaires. Ces faits, dit le communiqué, sont attestés par les affaires dites Paramount, des blindés en carton, des détournements des primes et salaires de militaires, des avions payés mais jamais livrés, des hélicoptères cloués au sol etc.
Le M5-RFP enfonce davantage le clou. A en croire les responsables du Mouvement, les Maliennes et les Maliens se souviennent également que leurs dignitaires déchus, en course pour récupérer leurs privilèges à jamais perdus, étaient en conflit avec toutes les forces syndicales significatives du pays.
Il met sur la scène publique la fermeture des écoles suite aux grèves des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, la fermeture des Cours et Tribunaux pendant deux mois suite aux grèves des syndicats de magistrats et de greffiers, la fermeture des hôpitaux à la suite du scandale du marché de rénovation et équipement des hôpitaux, des marchés etc.
« Malheureusement, pour le Cadre, les Maliens se souviennent des engrais frelatés qui ont compromis des campagnes agricoles et provoqué la faim à large échelle, de l’exposition des Maliens au Covid-19 avec les détournements des fonds dédiés à la lutte contre cette pandémie, du scandale de l’achat de l’avion présidentiel », lit-on dans le communiqué.
Si l’on en croit le communiqué, les responsables de l’ancien régime ont échoué dans l’organisation du Forum social pour apaiser le climat social, l’assurance dans la mise en œuvre du Dialogue national inclusif, la révision constitutionnelle et l’organisation des élections crédibles. « Aujourd’hui, au lieu de demander pardon au peuple malien qui a décidé de reprendre son destin en main, le Cadre se met au service des puissances étrangères pour saborder les efforts de reconquête de notre souveraineté nationale », informe le communiqué.
Le M5-RFP reste donc engagé. Il se dit conscient des difficultés que vivent les compatriotes en raison du lourd héritage légué par le régime défunt et du contexte international pour la réussite de la Transition et pour un Mali digne, débout et prospère.
Les observations du M5-RFP sur l’avant-projet de la nouvelle Constitution
Ces observations sont portées sur trois points essentiels. Il s’agit des innovations à saluer, des enrichissements possibles, des interrogations, contestations et propositions.
Comme innovations, le M5-RFP parlent de discriminations fondées sur la région et l’ethnie, la déchéance du mandat de tout député ou conseiller de la nation qui fait l’objet d’une condamnation pénale définitive à la demande du ministre de la justice ou de tout citoyen, la fin du nomadisme politique. S’y ajoutent entre autres l’impossibilité pour la Cour constitutionnelle d’inverser les résultats publiés par les juridictions inférieures, la création de la Cour des comptes, la prorogation de certains délais, la fin des immunités pour les membres du gouvernement et les députés, l’instauration de la responsabilité pénale du président de la République.
Au titre des enrichissements possibles, il s’agit d’affirmer entre autres le principe de la discrimination positive en faveur des femmes, allonger la durée de la garde à vue dans les cas de présomption de terrorisme, énoncer l’autorité indépendante qui assure la régulation de la communication audio-visuelle, écrite et en ligne, faire référence à la biodiversité et au climat.
En ce qui concerne les propositions, le M5-RFP demande d’uniformiser les prérogatives de la Cour constitutionnelle courant les présidentielles, les législatives et les communales. Il ne veut pas que l’administration, les autorités administratives indépendantes et les forces armées et de sécurité soient instituées en pouvoir. Il ne souhaite pas aussi l’autorisation pour les membres du gouvernement d’assister aux séances des chambres du Parlement, d’intervenir dans les débats sur leur simple demande.
Le M5-RFP plaide pour la suppression de la limitation des membres du gouvernement, l’instauration du renouvellement par tiers des mandats des membres de la Cour constitutionnelle qui seront portés à 9, le maintien du statu quo en matière de Conseil supérieur de la Magistrature, la nationalité exclusive malienne du président de la République du Mali.
A noter que le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) se sent réconforté surtout avec le retour du chef du gouvernement, Choguel Kokalla Maïga dans son bureau. Il ne manquera pas de mot pour fustiger les responsables du Cadre des partis et regroupements politiques pour un retour à l’ordre constitutionnel.
Bazoumana KANE