Lentement et sûrement le Mali se réveille de ses cauchemars. Cela grâce à l’assistance de l’étranger (France, MISMA, Tchad etc.). Les territoires occupés sont presque libérés et la vie est revenue à la normale; le sud ne souffre plus de l’instabilité institutionnelle. Mais la réussite pour l’organisation des élections présidentielles dans un délai si court, n’est pas acquise. Toute une série de questionnements : le MNLA, les déplacés et réfugiés, le processus d’enrôlement, le manque de ressources financières, délai court et les problèmes de la carte NINA. Toutes choses qui pourraient avoir un impact sur le bon déroulement des élections à venir. Et peut-être un autre cauchemar ne tardera pas à nous rattraper plus tard.
Le Mali souffle pour le moment, après la reprise d’une importante partie de son territoire qui est restée durant plus de dix mois sous la gouvernance des terroristes. L’opérationnalisation de cette reconquête qui était la première phase de la mission assignée aux organes de transition tend vers sa fin avec le retour à une vie presque normale dans l’ensemble des grandes villes reprises.
Malgré le retour à la liberté, l’inquiétude se manifeste chez bon nombre de maliens notamment ceux qui ont été victimes de ces atrocités. Avec la présence de quelques rebelles au sein des populations ; les périphéries de certaines villes minées (Gao), des attentats suicides et tout récemment les menaces émanant de la part des hommes restés toujours fidèles à l’idéologie du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO).
A ces constats, s’entremêlent l’alarmant cas du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad. Celui-là même qui a ouvert les portes du nord à la merci des terroristes cachés aujourd’hui aux flancs de l’Adrar des Ifoghas pour échapper à l’opération Serval et à la MISMA. Par son retour inattendu après que les terroristes aient désertés de leur position confortable. Le MNLA s’installe à Kidal, et Menaka (libéré depuis) tout en tenant des propos illogiques dans un pays Un et Indivisible : nous ne voulons pas de l’armée malienne à Kidal, nous réclamons l’autodétermination etc.
Le sud aussi a sa réalité qui se manifeste concomitamment avec celle du nord depuis la chute du général ATT. Du problème institutionnel enfin résolu grâce à la présence de la France et de la MISMA s’est greffé la situation qui est redevenue tendue entre les bérets verts et rouges avec les affrontements récents au camp para de Djicoroni, faisant des victimes innocentes. Une situation à laquelle des prémices de résolution ont été amorcées par Dioncounda Traoré, président de la République par intérim à travers son Premier ministre. Le Capitaine Sanogo, chef des putschistes, investi président du Comité Militaire pour la Reforme et le Suivi de l’Armée et le cas des bérets rouges dont certains iront sur le champ de bataille ; leur unité ne sera pas supprimée comme prévu auparavant et ils garderont toujours leur camp.
La phase de toutes les craintes
Après évaluation des opérations, les autorités de la transition ont pensé possible d’entamer la seconde phase de la mission qui leur est assignée : l’organisation des élections présidentielles crédibles, et transparentes, en vue d’avoir des institutions fortes.
Ont-elles tenu compte des aspects qui peuvent être des obstacles à la bonne marche de l’organisation de ces élections présidentielles ? Au delà de ces craintes soulignées ci-dessus, s’alignent la contrainte de temps qu’il nous faut gérer pour l’organisation des élections. A cela s’ajoute aussi la préférence du RAVEC au RACE dont le volet électoraliste s’appelle Numéro d’Identification Nationale (NINA). Ce Recensement Administratif à caractère d’Etat Civil(RAVEC) qui était sollicité par certains politiques pour les élections avortée de 2012 avait été refusé pour la simple raison de non finalisation du processus d’enrôlement (cas des maliens vivants en Côte d’ Ivoire).
Ce fichier qui est appelé NINA présente des lacunes dont les visibles sont : Absence d’identification du bureau de vote du détenteur de la carte, le délai de délivrance et d’expiration qui n’est pas déterminé, le délai d’opérationnalisation très court environ 40 jours (20 février au 30 juin). Des remarques qui font que certains politiques grincent les dents vu le coût exorbitant de sa confection (9 milliards).
Des avantages pour un autre mal élu ?
Compte tenu de la situation fragile et très sensible, le Mali n’a plus droit à l’erreur. L’organisation des élections libres et transparentes doit être l’épine dorsale des organes de transition. Les erreurs commises pendant ces vingt dernières années, et qui nous ont conduit vers ce drame sont bonnes à étudier sur tous les aspects (politique, militaire, social et syndical), pour surpasser une telle époque de souffrance des citoyens.
Si elle avait été urgemment sollicitée par les organisations internationales en son temps à cause de l’instabilité au niveau des institutions de la République (agression du président par intérim), aujourd’hui la situation est calme. Le vrai chef est reconnu de tous et les cas alarmants qui nuisaient à la bonne conduite des affaires sont presque résolus. Donc avec cela, il lui faut plus de temps pour solidifier les acquis avant d’aller aux élections. Sinon dans de telles situations, le pire…
Que Dieu assiste le Mali
Boubacar Yalkoué