Ingérence de la France dans les affaires interieures du Mali ? : Le Président Assimi Goïta fait des révélations

2

Le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, a reçu, à Koulouba, le lundi 15 janvier 2024, les vœux de plusieurs couches sociales de la nation. II s’agit des familles fondatrices de Bamako, des autorités religieuses et des forces vives de la nation. Lors de la rencontre, le Président de la transition a fait des révélations sur les relations tumultueuses entre la France et le Mali. Extraits.

En 2020, lorsque la chute de l’ancien régime est intervenue, un Chef d’État d’un pays étranger (Afrique de l’Ouest) a demandé à me parler à travers mon directeur de Cabinet.

Ce Chef d’État m’a transmis la sollicitation du Président actuel de la France (Emmanuel Macron) de s’entretenir avec moi. J’ai donné mon accord et j’ai eu le Président français au téléphone. Lors de cet entretien, après les salutations d’usage, le Président français m’a demandé où nous en étions avec la situation politique au Mali? Je lui ai confié que les Maliens étaient alors en concertations et qu’à l’issue desdites concertations nous aviserons de la suite à donner aux Événements. Le Président français a répliqué qu’il était inutile de perdre du temps parce que la France disposait déjà de trois hommes au Mali parmi lesquels il ordonnait de choisir un Président et un Premier ministre pour diriger le Mali. (Ces trois hommes politiques maliens au service de la France vivent toujours au Mali.) J’ai rejeté cet impératif en répétant que la conclusion des travaux de concertations des Maliens restait le seul passage obligé avant toute prise de décision. Le Président français m’a alors fait cette remarque: « Faites attention ! Le Président IBK tergiversait sans cesse en demandant un temps de réflexion; vous voyez ce qui lui est arrivé ? »

M.K.D

Commentaires via Facebook :

2 COMMENTAIRES

  1. C’est ahurissant, le comportement de la France de Macron dans ses anciennes colonies d’Afrique !

    Voilà pourquoi la France est désormais radioactive et n’a plus aucune crédibilité sur le continent, en particulier auprès de la jeunesse africaine montante, surtout lorsqu’elle instrumentalise la question de la démocratie, de la liberté d’expression et des autres droits de l’Homme. De même que les médias publics de France qui continuent de taire les pratiques coloniales et impérialistes scandaleuses de la France en Afrique. Depuis toujours, de la période de l’esclavage à celle de la colonisation et de la post-colonisation, les Français, pour défendre et préserver leurs intérêts économiques, violent en Afrique et à l’égard des Africains de France les valeurs et les droits de l’Homme dont ils rabâchent les oreilles du monde entier à longueur de journée.

    Au Mali, l’intervention du chef de l’État Assimi Goïta a été excellente. Le choix de la langue nationale bamanakan, une des langues nationales officielles, pour respecter pleinement la Constitution est également excellent. Cette habitude doit être instaurée et suivie au Mali.

    Il faut embaucher et créer au Mali beaucoup d’emplois dans la fonction publique de traducteurs et spécialistes en langues nationales africaines. Tous les documents administratifs et politiques et interventions publiques importants doivent être traduits de la langue nationale africaine officielle ou de la langue française utilisée vers une autre langue nationale africaine du pays ou vers l’anglais ou le français. Il faut cultiver et valoriser au Mali le multilinguisme écrit et parlé pour respecter la Constitution et permettre au maximum de Maliens d’avoir accès à une information de qualité.

    J’ai regardé en ligne, sur la chaîne You Tube de la présidence, l’intervention filmée du chef de l’État du Mali d’une durée d’environ 62 minutes.

    Je traduis ici, de la langue nationale bamanakan vers le français, la partie de l’intervention fracassante du président relative aux ingérences de la France, des USA probablement et de la CEDEAO dans la vie politique intérieure du Mali et la violation de la souveraineté et de l’identité politique du Mali.
    J’ai gardé le style oral de l’intervention pour rester coller le plus fidèlement possible à ce que le chef de l’État a dit en bamanakan.

    Vœux de Nouvel an : familles fondatrices, autorités religieuses et forces vives de la nation (minutes 58 à 62 de la vidéo)

    « Quand le pouvoir a changé, en août 2020, nous avons réuni les citoyens dans le cadre d’une concertation [nationale] pour discuter de l’organisation et de la conduite de la transition. A ce moment, le même président français [Emmanuel Macron] est passé par un autre président pour dire qu’il souhaite me parler. Celui-ci [l’autre président étranger] est passé par mon directeur de cabinet. Cet autre président étranger a pu me joindre et m’a dit que le président français souhaite me parler.

    Effectivement, nous [Assimi Goïta et Emmanuel Macron] avons pu nous joindre au téléphone. Nous nous sommes salués et il a demandé comment va le pays. J’ai [Assimi Goïta] répondu que le pays est dans une phase concertation nationale et que le pays travaillera en fonction des conclusions de cette concertation.

    Il [Emmanuel Macron] a dit qu’il a trois personnes qui sont ses gens et qui sont des bonnes personnes. Un peut être le président de transition, un autre peut être le premier ministre.

    Il [Emmanuel Macron] a demandé si je peux seulement sortir pour faire une déclaration dans laquelle communiquer les noms du président et du premier afin de formaliser tout ça.

    J’ai [Assimi Goïta] répondu : cela est hors de question, les citoyens sont en concertation, quand ils finiront nous travaillerons en fonction de ce qu’ils décideront.

    Je me souviens ce jour-là, il [Emmanuel Macron] m’a dit d’être compréhensif [sabali, en bamanakan]. Il a dit que quand il disait quelque chose à IBK [Ibrahim Boubacar Keïta], celui-ci répondait qu’il allait y réfléchir et qu’IBK est resté dans les réflexions jusqu’à ce qu’il parte. Donc, qu’il faut que moi [Assimi Goïta] cesse cela.

    J’ai répond : non, cela est hors de question, les citoyens sont en concertation, quand ils finiront nous travaillerons en fonction de ce qu’ils décideront.

    Nous ne nous sommes pas entendus. Il est parti de son côté, je suis parti de mon côté.

    Après cela, un autre État, qui est aussi un grand État, a envoyé son représentant [ambassadeur des USA ?] au Mali qui m’a dit qu’il souhaite me parler. Celui-ci [représentant/ambassadeur étranger] aussi est venu avec deux noms disant que ce sont leurs gens et demandant si nous pouvons faire de l’un président de transition et de l’autre premier ministre.

    Nous [Assimi Goïta et représentant/ambassadeur étranger] avons discuté, nous ne nous sommes pas entendus et nous avons laissé tomber les discussions.

    Troisièmement, nos discussions avec la CEDEAO ayant été difficiles ici [au Mali], le président ghanéen nous a invités au Ghana. Ce jour-là, j’étais avec le ministre Wagué, mon directeur de cabinet et mes conseillers. Nous avons été au Ghana.

    Quand nous sommes arrivés au Ghana, nous avons rencontrés ces présidents [africains des États membres de l’UEMOA et de la CEDEAO] pour leur expliquer la situation de sorte qu’ils nous comprennent et que nos aspirations se réalisent.

    Le président avec lequel nous avons parlé est un Maninka. Les Maninka sont des hommes francs et sincères. Ils ne savent pas mentir. Nous lui avons expliqué la situation. Il nous a demandé de ne pas nous moquer de lui. Nous avons répondu : comment ne pas nous moquer de vous ? Il a dit qu’il a appris que nous avions donné le nom d’une personne pour être président de transition du Mali. Nous avons répondu : comment quelqu’un de notre part ? Nous n’avons pas donné pas donné le nom d’une personne !
    Il [le président africain Maninka] n’a pas pu nous donner le nom de la personne.

    Au moment où nous devions commencer les discussions lors de la rencontre, quelqu’un est venu pour dire que non tout est bon maintenant…. Que non, telle personne [désignés par eux, les chefs d’État étrangers] …

    J’ai répondu : c’est non à cette personne. C’est moi-même qui vais conduire la transition.

    Donc, les difficultés ont commencé à partir de ce moment-là.

    Mais, je vais vous dire une seule chose. Pourquoi je vous dis tout cela concernant la France et ses gens ? Je ne vous dirai pas le nom de l’autre grand État. Celui qui réfléchira un peu saura de quel État il s’agit. Toutes les personnes dont il s’agit sont aujourd’hui en vie au Mali.

    La France et ses trois gens, l’autre grand État et ses deux gens, la CEDEAO et ses gens.
    J’ai dit : dans tout cela, quels sont les gens du Mali ?

    J’ai dit : si nous ne prenons pas nos responsabilités, il vont semer le désordre dans notre pays et nous le donner ainsi.

    C’est pour vous dire qu’il n’y a pas de tin [mot en bamanakan, signifiant affection, amitié]. Il n’y a pas de tin. Il faut que les Maliens acceptent que [le Mali, les dirigeants du pays] soient les leurs.

    Que ceux qui entrent dans certains jeux sortent de cela. Personne [de l’étranger] ne viendra parce que les Maliens sont beaux ou ne sont pas beaux. Ils viennent pour leurs intérêts.

    Si quelqu’un [de l’étranger] intronise ses gens à la tête du Mali, ils travailleront pour lui [dans l’intérêt de l’étranger]. Vous travaillerez pour lui [dans l’intérêt de l’étranger].

    C’est pourquoi, il faut que les Maliens eux-mêmes désignent leurs représentants pour réaliser les aspirations des Maliens.

    J’ai dit tout cela pour faire comprendre aux Maliens que concernant ce qui pose problème, il ne faut pas qu’ils se trompent. Tout ce que vous entreprendrez, il faut faire en sorte qu’il le soit dans le cadre de ce qui est voulu et décidé par les Maliens pour que les Maliens ne soient pas livrés au bon vouloir de quelqu’un d’autre [de l’étranger].

    Ils [les Maliens] ne porteront pas au pouvoir quelqu’un qui ne mettra pas en œuvre la volonté des Maliens mais celle des dirigeants d’autres pays [étrangers]. »

REPONDRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

Leave the field below empty!