Incertitude sur la tenue de l’élection présidentielle du 29 juillet : Et si l’on anticipait des concertations nationales

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Rencontre entre l'opposition malienne et la majorité présidentielle (photo archives)

L’élection présidentielle peut-elle bel et bien être organisée le 28 juillet prochain ? Telle est la question que commencent à se poser certains observateurs de la scène politique malienne pour qui il urge d’organiser une concertation nationale dès à présent sur la question, afin d’éviter un chaos au pays.

 maliweb.net Le 1er tour de la présidentielle approche à grands pas, mais les réalités sur le terrain font douter plus d’un plus quand à la tenue effective du scrutin. Primo, vu que la question sécuritaire des localités du Nord et du centre demeure une grosse épine dans l’équation à résoudre. Le plus grand risque avec l’insécurité résiduelle au Nord, ou grandissante au centre, est de voir les djihadistes s’opposer au processus électoral durant la présidentielle de 2018, comme ils l’ont fait avec les municipales de 2017 qui n’ont pas pu se tenir dans toutes les communes du pays.

Or depuis ces élections, le périmètre de l’insécurité s’est élargi et le recul de l’État (administration et forces de sécurité) dans le Nord et dans le centre s’est aggravé.

L’éternelle dispute autour du fichier électoral

 Depuis 1992, la classe politique malienne remet en cause le corps électoral qui lui paraît surévalué par rapport aux pays voisins, qui ont plus ou moins la même taille de population et les mêmes caractéristiques démographiques. Si en 2013, les contestations ont été bien moins vives, on ne peut pas dire qu’un consensus émerge entre les acteurs sur le fichier électoral. Le groupe fidèle à l’activiste Ras Bath, prônant l’alternance en 2018, estime, par exemple, que par la faute de l’administration, des centaines de milliers de jeunes n’ont pas la carte NINA permettant d’être inscrit sur le fichier électoral.

Le parti d’opposition, ADP-Maliba, quant à lui exige dès à présent un audit indépendant du fichier électoral. Dans le même temps, les autorités en charge du fichier déclarent procéder normalement à sa mise à jour.

Selon l’ex ministre Ousmane Sy, l’Accord de Ouagadougou signé en 2013 avec les mouvements armés de l’époque suivi des rencontres que le Président Dioncounda Traoré a eu avec l’ensemble des acteurs politiques, sociaux et institutionnels du pays ont rendu possible la tenue de la présidentielle et des législatives sur toutes les parties du territoire national et au final l’acceptation des résultats par toutes les parties en compétition. Mais en 2018, si les tendances actuelles se poursuivent, l’aggravation et l’extension de l’insécurité et l’exacerbation des antagonismes qui s’aiguisent de plus en plus porteront de grandes incertitudes sur la possibilité de tenir des élections dans des conditions acceptables.

Et de soutenir que l’aggravation des tendances actuelles, que rien ne semble inverser, risque d’élargir fortement la liste des circonscriptions administratives où aucune élection avec des résultats acceptables ne sera possible. Aux régions et aux cercles déjà cités, qui sont loin d’être stabilisés, s’ajoutent de nos jours tous les cercles de la région de Mopti, des parties de plus en grandes des cercles de San, Tominian, Niono et Macina dans la région de Ségou et des parties des cercles de Banamba et de Nara dans la région de Koulikoro.

Au total et en dehors des villes chef-lieu de cercle ou de commune, l’administration d’Etat n’a de présence territoriale effective que sur moins de 50 % des 49 cercles du pays. Rien n’indique qu’une amélioration est envisageable à court terme.

En toute lucidité, l’ensemble des acteurs de la scène politique, partisans et non partisans, devrait envisager le scénario de la non possibilité d’organiser des élections en juillet 2018. Si cette hypothèse se confirmait, que faudra-t-il faire pour éviter à notre pays une nouvelle aventure ?, dira Ousmane Sy.

Seule une transition imposée ou consensuelle peut être envisagée

Sans le mettre au cœur du débat, les promoteurs de la révision constitutionnelle avortée avaient tenté une réponse en mettant dans leur projet la possibilité pour le Président en place de continuer jusqu’à ce que l’élection soit possible (le schéma à la RD Congo). La Constitution en vigueur n’ayant rien prévu en dehors de la tenue à la date de la présidentielle, seule une transition imposée ou consensuelle  peut être envisagée si d’aventure la tenue de l’élection n’était pas possible.

Cependant le réalisme doit nous amener collectivement à envisager le pire et à nous s’y préparer. Pour éviter le scénario catastrophe, qui peut venir, l’ensemble des acteurs politiques et sociaux du pays, partisans et non partisans, devrait travailler dès à présent à rendre possible, même pour un temps, des convergences en érigeant des ponts à la place des frontières qui les éloignent les uns des autres, martela l’ex ministre de la décentralisation.

La présidentielle de 2018 est perçue par tous les acteurs comme un test grandeur nature à la fois de la maturité démocratique du Mali, malgré la grave rupture de mars 2012, et des capacités des pouvoirs publics, ainsi que de la communauté internationale à stabiliser un État, certes résilient mais encore fortement affecté par l’insécurité.

Tous les facteurs influençant le processus électoral sont importants (gouvernance et arbitrage des élections, donne islamique, fichier électoral, etc.) et ils prendront d’autant plus d’importance que la plupart des candidats historiques jouent leur va-tout (tous seront septuagénaires ou presque en 2022).

Cependant, le déterminant principal reste la sécurité et la capacité à tenir la présidentielle dans l’essentiel des communes des régions suivantes : Kidal, Ménaka, Gao, Tombouctou, Taoudéni, Mopti, Ségou. Il s’agit de sept régions sur les douze que compte le pays. Ces zones ne sont certes pas des bassins électoraux en termes de populations, mais elles sont d’une symbolique politique qui n’est plus à démontrer. Il faut donc un dialogue de la dernière chance. L’opposition et le pouvoir ont intérêt à tout faire pour sortir définitivement le pays de cette situation d’instabilité. Et chaque camp doit mettre un peu d’eau dans son vin.

Boubou SIDIBE / maliweb.net

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9 COMMENTAIRES

  1. Face a l’impossibilite et a l’incapacite de son Gouvernement d’organiser les elections, alors IBK doit tirer toutes les consequences, il doit se demettre face a son incapacite., Ne ne comprends pas pourquoi les gens s’inquietent pour ca . Il est incapable. Alors on le met a la touche, le pays continue son chemin.

  2. comrades we all know presidential election scheduled for July 2018 may be timely held. Only condition that would prohibit timely holding of election is IBK plus IBK cronies. If IBK plus IBK cronies determine that condition most likely to exist do exist of it is impossible for IBK to win another term as president IBK is subject to find cause to bar election to later date. However, conditions as understood by all at this time is it is for IBK plus outdated plus ineffective management style to retire so that people of Mali led by a youthful plus mature Moussa Coulibaly may timely in steps plus stages pursue plus achieve Perpetual World Class Modern Living.

    MOUSSA COULIBALY FOR PRESIDENT OF MALI 2018
    Patriotic Movement Platform For Change

    Very much sincere,
    Henry Author(people of books) Price Jr. aka Obediah Buntu IL-Khan aka Kankan aka Gue.
    translationbuddy.com

  3. Merci, le Dr Ousmane SY, sait de quoi il parle. Je suis du même avis que lui, il est impossible de tenir l’élection présidentielle le 29 Juillet 2018. Nous serons en face d’un vide juridique. Avant qu’il ne soit tard, tous les acteurs doivent se concerter afin de prévoir une transition sans IBK. Dans la mesure ou le mandat de celui-ci arrive à terme le 04 Septembre 2018. Le Premier Minustre restera en poste à la tête du gouvernement de large ouverture pour une durée allant d’un a deux ans. Tous ceux qui souhaiteraient être candidats ne doivent pas être membres de cette transition. C’est bien l’instabilité du gouvernement qui nous amene sur ce terrain non souhaité , mais indispensable pour notre pays. Le nouveau gouvernement s’attèlera à résoudre les problèmes du pays avant s’organiser des élections (retour de la Securite dans les régions du nord et du centre, l’audit du fichier électoral , le retour des populations déplacées , la confection de nouvelles cartes d’électeurs etc….), mais je dis bien sans IBK. Tout ce qui se raconte est faux, aucune élection ne peut avoir lieu au Mali tant que ces préalables ne soient remplis.

    • Le Dr Ousmane SY, expert en matière d’élections , ancien Ministre de plusieurs départements dont celui de l’administration territoriale , maitre d’œuvre de la décentralisation au Mali, homme politique , sait de quoi il parle. Depuis l’arrivée d’IBK , il n’a jamais nommé un Ministre a la tête de ce département stratégique , quelqu’un qui connaît et maîtrise les questions électorales . Ils sont tous comme des aveugles largués dans un marché . Si jamais le peuple suit IBK dans sa logique, le pays sera à nouveau plongé dans une crise sans précédent . Il est en fin de mandat, sait aussi qu’il ne sera pas réélu , donc il va créer le désordre dans le pays qui va entraver la résolution de la crise multidimensionnelle qui le frappe depuis 2012. Réfléchissons en responsables et cherchons la meilleure solution qui est la transition .

      • Comment laisser IBK dire ce qu’il y’a lieu de faire ? En 5 ans de gestion il a été incapable de diriger le pays, ce n’est plus à lieu de décider du destin du pays. Le 04 Septembre 2018, il sera un ancien President de la République . Il appartiendra au peuple souverain du Mali de décider de son sort . Face à l’incapacité du gouvernement d’organiser les élections a cause de l’insécurité généralisée dans le pays, ce régime sera évincé et on mettra en place une transition , qui va mettre un gouvernement d’union nationale. Ce Gouvernement de large ouverture sera composee de toutes les sensibilites du pays ( Partis politiques, Societe Civile , syndicats , religieux et autres). Le mandat Presidentiel etant fini , on ne parle plus de majorite . C’est bien cette transition qui va refonder le Mali nouveau. Elle se fera sans IBK et son regime. Aucun Ministre du Gouvernement actuel ne fera parti a l’exception du Premier Ministre, Chef du Gouvernement . Au terme de cette transition, le Mali sortira grandi. Jamais IBK ne decidera de quelque chose apres la fin de son mandat . Il n’est un secret pour personne qu’IBK est le socle du malheur du peuple malien. Il n’a honore a aucun engagement . Ou sont ses allies ? IBK seul sait ou sont ils et pourquoi ils sont partis . En 2018, a defaut d’une alternance, la transition se fera pour le bonheur du peuple . Cette nouvelle transition aura ses exigences qui seront respectees a la lettre. Soyez convaincu qu’IBK appartient desormais a l’histoire du Mali. De quel bord ? Les historiens pourront le dire .

  4. Les élections présidentielles sont fixées vingt et un jours au moins et quarante jours au plus avant l’expiration du mandat du Président en exercice selon l’article 32 de la constitution. La constitution malienne ne précise pas ce qu’il faut faire en cas de force majeur empêchant la tenue des élections dans le délais prévu par la constitution. On voit clairement une des limites de la constitution de 1992 qui avait animées les autorités malienne à faire une révision de la constitution. Et les gens n’ont pas voulu de cela. Si le délai est passé il n’y aura pas de transition et pas de gouvernement d’union. C’est le président IBK qui décidera ce qui a lieu de faire.

    • vous avez raison fb pas de transition et pas de gouvernement d union national, c est le président ibk qui dégage pas d autres commentaires.

        • Justement, IBK sentant qu’il ne peut pas organiser des élections crédibles à la date prévue, voulait s’éterniser au pouvoir en bricolant la constitution, mais le peuple a dit NON et NON et NON. Si les élections n’ont pas lieu et que les acteurs ne se concertent pas avant pour trouver les solutions alternatives, alors le Mali ira au Chaos.

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