Ibrahim Boubacar Kéita à Sikasso : « La situation au Nord du Mali me donne des insomnies »

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La conférence des sections du RPM s’est tenue hier à Koutiala. Avant de répondre à l’appel de ses militants déchaînés dans la capitale de l’or blanc, Ibrahim Boubacar Kéita s’est d’abord rendu à Sikasso, chef lieu de région, pour, dit-il, se confier aux sages et aux notables du Kénédougou. C’était le samedi dernier.

Les militants du RPM de Sikasso ont vécu, avec l’arrivée de leur président IBK, l’un de leurs instants d’intense joie. L’accueil qui dépassait le cadre régulier d’une rencontre entre sommet et base a failli prendre des allures de campagne. « Attention ! Ne commettons pas d’erreur ! Nous ne sommes pas en campagne » clamait fort l’hôte du jour lui-même, IBK. Peine perdue. « Il y a trop longtemps que nous attendions cette visite de l’enfant prodige. Aujourd’hui, notre joie est sans limite. Nous n’avons aucune retenue. Nous voulions dire à IBK que tout le Kénédougou lui est dévoué et qu’il pouvait compter sur nous. Nous ne reculerons devant rien pour le porter à la tête du Mali en 2012 ? Nous savons que Dieu aime le Mali. Et donc, il nous donnera comme président en 2012, IBK. C’est notre prière et c’est le vœu des Maliens. » Dramane Ouattara, la cinquantaine révolue, dit n’être ni militant du RPM, ni d’un club de soutien : « Nous savons reconnaitre des hommes de valeur, c’est tout. IBK est un exemple de Chef. Il a le sens du devoir et de la responsabilité. Ça suffit largement pour gouverner. » Notre interlocuteur ne veut rentrer dans aucun autre détail. De son côté, Afou Koné, criant à gorge déployée, nous fait presqu’une confidence : « IBK respecte la femme, il a eu beaucoup d’amour pour ses défunts parents. Il ne peut pas jouer contre la promotion et l’émancipation des femmes.» Nous avons volontairement boudé les responsables locaux du parti qui généralement ont leur traditionnelle musique en pareille circonstance: « IBK Kankélentigui ! IBK, l’homme de la situation ! »

L’ambiance envoutante qui a bercé la délégation, n’a pas fait perdre au président du RPM, IBK l’essentiel qui compte pour lui : Le Mali. Accueilli à l’Hôtel Maïssa (après un cortège de plusieurs kilomètres qui a traversé la ville), par une foule nombreuse de militants et sympathisants, IBK a abordé son propos par la situation catastrophique au nord de notre pays qui, selon lui-même, lui donne quelques insomnies. Comme tout citoyen malien soucieux du pays, IBK éprouve un sentiment d’amertume par rapport à la situation dramatique dans laquelle le nord de notre pays est plongé. Pour IBK, « on aurait pu éviter à notre pays un tel drame » Hélas c’est une question d’autorité et de bonne gouvernance. Deux vertus qui se sont envolées du pays depuis des décennies.

« Là où je suis, je n’ai pas la tête à la campagne présidentielle. J’ai simplement peur pour mon pays. Nous avions dit en son temps qu’il fallait mieux analyser cette situation et trouver des solutions définitives. On nous a pris pour des gens qui n’aiment pas leur pays. Rien ne m’est plus cher que ce Mali. » C’est dans l’amertume la plus totale que IBK a tenu ces propos devant ses militants à qui il a promis que le Mali sortira de ces épreuves très bientôt.

Après un chaleureux bain de foule, IBK et sa délégation voulaient être plus discrets pour la suite de leur programme dans la ville de Sikasso. Malgré son insistance pour éviter les concerts de klaxon, les militants déchainés ont à nouveau envahi toute la ville et ont décidé de l’accompagner durant tout son séjour. C’est ainsi qu’il a été reçu par la famille Traoré, chefferie traditionnelle de la cité du Kénédougou.

Aux sages, IBK expliqua qu’il venait se confier à eux et leur a déclaré qu’il souhaiterait se présenter à l’élection présidentielle de 2012. Par la même occasion, il informa les héritiers de Tièba et Babemba qu’il ne pouvait en aucune manière se rendre à Koutiala pour la conférence régionale de son parti sans avoir au préalable sollicité la bénédiction du « vestibule sacré » du Kénédougou. Sa démarche a été saluée par les représentants de cette famille. « Nous nous attendions à une telle démarche, par ce que nous savons que IBK, que nous avons connu, n’a rien perdu des valeurs cardinales de notre société traditionnelle ». Lui souhaitant plein succès, les héritiers Traoré ont renouvelé leurs bénédictions à IBK et à l’ensemble de sa délégation.

Malgré la fatigue du trajet parcouru, IBK a tenu à rendre visite à toutes les notabilités de la ville avant de rejoindre son hôtel où l’attendaient, intrépides, des militants et sympathisants qui tenaient à lui signifier leur attachement à sa candidature. IBK a poursuivi ses audiences tard dans la nuit du Samedi avant de faire cap sur Koutiala. Dans la capitale de l’or blanc, l’accueil populaire qui lui a été réservé était digne d’un chef : ce qu’est Ibrahim Boubacar Kéita.

Comme à Sikasso, IBK a tenu à lever tout équivoque dans la tête de ses militants : « J’ai banni à jamais le mensonge. Rien ne me fera mentir. Si vous me suivez, venez sur le chemin de la vérité, du contraire je n’en veux à personne. Je n’ai pas d’ennemi parmi les concurrents. Mais ceux qui me prendront pour leur ennemi auront fort à faire. C’est trop périlleux de m’attaquer parce que je n’attaque personne, je ne provoque personne».

Ceux qui attendaient un IBK virulent avec le régime du président sortant, Amadou Toumani Touré, ont été déçus. En tout cas, pour cette première sortie. D’ailleurs, il reconnaitra que « ATT a beaucoup travaillé. Je ne suis pas égoïste. Mais il reste beaucoup à faire. Ne nous leurrons pas, il n’est pas facile de gouverner le Mali d’après ATT » a reconnu le président du RPM IBK.

Que fera-t-il du mandat que ses militants s’apprêtent à lui accorder ? Mystère jusqu’à l’ouverture des compétions. Mais Koutiala semble déjà avoir donné le ton. Nous y reviendrons !

Envoyé spécial à Sikasso et Koutiala

Abdoulaye Niangaly   

 

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