Ibrahim Boubacar Keïta, président du RPM : Propos scandaleux, lendemain infernal

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Du haut d’un siège planté au cœur d’un présidium dans une salle de conférence huppée du grand hôtel de Bamako en ce mercredi 15 septembre 2010, le président du Rassemblement pour le Mali (RPM), Ibrahim Boubacar Keïta dans une diarrhée verbale aussi élogieuse à l’endroit de son ami-promotionnaire et président de la Côte d’Ivoire, Laurent Koulou Gbagbo, n’avait pas manqué de tenir des propos aussi scandaleux du genre : « Laurent Koudou Gbagbo n’a aucun sang malien sur les mains ». C’était le lendemain d’une projection de film sur le parcours politique du président ivoirien, réalisé par la cinéaste Anne Tielly. Seulement voilà : IBK en tenant de tels propos entre les 4 murs d’un hôtel, ne savait pas que c’est une bombe politique qu’il venait de larguer dans le marigot politique malien. La tempête qu’il a déclenchée à cet effet fait vaciller sa carrière politique.

Ils étaient nombreux à se prendre la tête parmi l’assistance de la conférence de presse qui se tenait en ce 15 septembre 2010, quand un homme politique qui a des ambitions « pouvoiristes » tranchantes pour le Mali tenait ces propos. Ces partisans n’étaient pas loin de courir pour aller mettre la main sur la bouche de l’homme. En effet, Ibrahim Boubacar Keïta, président du Rassemblement pour le Mali (RPM), après avoir magnifié son ami-promotionnaire (ils sont tous sortis de l’université de la Sorbonne) dans un exposé où il disait en substance que contrairement à un matraquage médiatique, faisant passer le président ivoirien comme un xénophobe, Laurent Koulou Gbagbo est homme saint, doté d’un grand amour pour son prochain.

Ces propos, comme on peut le constater, qui ne pouvaient pas laisser aucun malien indifférent, avaient fait l’objet de réaction de la part de votre fidèle serviteur, qui interrogea l’homme autour de la préoccupation suivante : « Vous dites que Laurent Gbagbo n’a tué personne et n’est pas xénophobe, or, on sait que des maliens ont été victimes des exactions du même président au plein feu de la crise qu’a connu son pays, des étrangers ont été aussi liquidés. Ne pensez-vous pas que des propos de ce genre soient un peu trop osés de la part d’un leader politique comme vous ? ». Il en fallait pas plus pour mettre le prince du Mandé dans ses états, laissant alors libre cours à une diarrhée verbale qui amena l’homme à dire la fameuse phrase : « Laurent Koulou Gbagbo n’a aucun sang malien sur les mains ».

En tenant ces propos, IBK ne pouvait pas s’en rendre compte qu’il venait de lancer une bombe dans le marigot politique. Il ignorait certainement qu’une association des victimes des évènements de la Côte d’Ivoire existait et qui avait des preuves palpables contre des affirmations hasardeuses du Rpm en chef : « A Daloa, après la reprise de la ville par les loyalistes Laurent Gbagbo a envoyé des gendarmes pour la nettoyer. Le jeudi 17 /10/2002, les gendarmes de Laurent, à 8heures, ont enlevé le président de l’Amicale des Maliens, Bakary Touré, son frère Amadi Touré et son ami Mamadou Traoré au domicile des Touré .Leurs corps ont été retrouvés le 20-10-2002 criblés de balles derrière la ville à l’abattoir.

Le même jeudi 17-10-2002, l’imam Gaoussou Sylla a été enlevé à son domicile avec 8 de ses disciples dont ses deux enfants Cheickna et Mohamed Sylla.Ils ont été amenés au commissariat de police d’abord puis tous exécutés sur la route de Issia sà l’exception des deux enfants qui ont échappé miraculeusement. Le lundi 20-10-2002 à 10 heures, les gendarmes se sont rendus au quartier Horly2 et on tiré à bout portant sur les Maliens qu’ils sommaient à leur présenter leurs cartes d’identité. Au décompte n’a dénombré 19 Maliens exécutés parmi un total de 45 personnes. Nous avons fait des constats sur tous ces Maliens exécutés avant de les enterrer dans des fosses communes au cimetière municipal de Daloa.

La boutique de Bakary Touré a été saccagée par les jeunes patriotes et son véhicule 4×4 emporté par les gendarmes. L’ambassadeur du Mali à Abidjan s’est rendu à Daloa à cause des tueries des Maliens et il a rendu visite aux parents des victimes. Nous lui avons remis les photos et les constats effectués. C’est à la suite des constats et le traumatisme des Maliens que le gouvernement du Mali a entrepris le rapatriement volontaire des Maliens qui a commencé par la ville de Daloa. Dans toutes les grandes villes Issia, San Pedro, Gagnoa et même à Abidjan des Maliens ont été enlevés et exécutés par les forces loyalistes de Laurent Gbagbo. Dans les campagnes, les planteurs Maliens ont abandonné leurs plantations sous les menaces des jeunes patriotes de Laurent. Faut-il encore parler du charnier de Monokozoï, avec plus de 200 personnes qui sont tous des Maliens et des Burkinabés ?

Nous rappelons à l’honorable IBK que quand il était Premier ministre et qu’il s’est rendu à Abidjan, Bakary Touré est parti de Daloa pour aller l’accueillir parce qu’il aime son pays. Quand votre épouse s’est rendue à Daloa voir votre camarade Bra Kanon avec l’ambassadeur Lassana Keita, c’est le même Bakary Touré qui a mobilisé toute la communauté malienne pour l’accueillir. Nous demandons à IBK même si l’on dit que les politiciens sont des pyromanes d’avoir du respect pour la mémoire des Maliens que son ami Gbagbo a fait exécuter. Ce n’est pas pour réveiller les démons que nous insistons sur les exactions subies par les Maliens qui, il faut le dire, n’étaient pas les seules victimes de Laurent Gbagbo. Car il y’avait aussi des Ivoiriens, des Burkinabè, des Français…Mais pour restituer une page noire de l’histoire que la Côte d’Ivoire a traversée avec l’avènement de Laurent au pouvoir ».

Le hic, c’est que le président du Rpm venait d’effectuer une visite de mobilisation des troupes dans la région de Sikasso, réputée être la région ayant plus de ressortissants en terre ivoirienne. Quand on sait qu’à peu près un million de maliens vivent dans ce pays et ont été victimes de la grande tuerie organisée par Laurent Gbagbo et sa milice, on se rend à l’évidence que le président du Rpm a à la limite tenu des propos blasphématoires à l’endroit des centaines de milliers de nos compatriotes rapatriés de la Côté d’Ivoire. Et c’est tout à fait logique que ceux-ci demandent aujourd’hui au prince du Mandé de retirer purement et simplement ses propos, sous peine de poursuites judiciaires.

En tout cas IBK n’a pas intérêt que ce scandale dure aussi longtemps. Il faut vite maitriser la tempête dans le verre d’eau, puisque nous sommes déjà à la veille d’une échéance électorale aussi importante : la présidentielle de 2012 qui passionne tant IBK. Et plus la tempête va durer plus le risque de voir IBK désavoué par toute la troisième région sera grand. Et quand on sait que Sikasso représente à lui seul 15% de l’électorat malien….alors il y a danger pour le président du RPM.

Abdoulaye Diakité

 

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