Pour quiconque mesure toute la portée symbolique de l’évènement que Bamako s’apprête à vivre ce mercredi 4 septembre, le silence relatif qui entoure ce dernier, a quelque chose de surprenant. En effet, dans la matinée de ce mercredi, les Maliens investissent le nouveau président qu’ils ont élu lors du second tour de l’élection présidentielle, le 11 août dernier. Un président qui s’est fait élire dans un pays qui a réussi la prouesse exceptionnelle de relever le double défi de se sortir d’une longue occupation islamiste et d’un coup d’Etat militaire. Ce miracle malien aurait mérité qu’on en parle un peu plus. Hélas, selon les informations dont nous dispositions, la cérémonie de ce matin sera essentiellement symbolique parce qu’à dimension quasi exclusivement nationale. Le nouveau président, un peu plus préoccupé par la participation de certaines couronnées de par le monde, a préféré organisé une seconde investiture plus festive. C’est l’unique alternative qui s’est offerte, car l’agenda de certains dirigeants, dont en particulier François Hollande, ne permettait qu’ils soient à Bamako ce mercredi…
Naturellement, on est censé comprendre la position d’IBK. Quand on se rappelle tout le rôle qui a été celui de la France pour permettre que le Mali soit libéré in extrémis des Djihadistes, on peut lui concéder qu’il veuille exprimer sa reconnaissance au président François.
Mieux, c’est encore ce même président français qui a un peu forcé les Maliens à aller aux élections à la date du 28 juillet dernier. Quand on s’est fait élire dans un contexte aussi exceptionnel, il est quasiment naturel de prêter attention à son « bienfaiteur ».
Pour autant, est-on obligé de pousser les choses au point de vouloir torde le cou aux lois de son pays ? Selon nos informations, l’investiture prévue ce mercredi a lieu uniquement parce que le président de la Cour constitutionnelle, n’a pas voulu transiger avec la loi. Autrement, le nouveau président, n’attendant même pas que cette instance rende publics les résultats, avait déjà misé sur le 19 septembre.
En conséquence, ses invités de par le monde avaient réglé leur agenda sur cette date. Sauf que le président de la Cour constitutionnelle, au terme de son arrêt, a laissé entendre que le nouveau président serait investi dans les 15 jours qui suivraient, selon ce qui est prévu par la loi en la matière. IBK essaie alors de négocier. Mais il se heurte à un niet catégorique de la part du juge. Admirable pour le respect de la loi.
Il ne lui reste alors qu’une dernière alternative : l’option d’une investiture à deux phases. Celle de ce mercredi au Centre international de Conférence de Bamako et celle du 19 septembre au stade du 26 mars. En réalité, c’est cette dernière qui sera “la véritable investiture”. Il s’agira alors d’un show auquel une quarantaine de dirigeants africains et d’ailleurs sont conviés. François Hollande sera tout naturellement aux premières loges. Il le sera d’autant plus que ladite cérémonie aura été ainsi différée pour satisfaire à son agenda.
En voilà qui débute pas mal pour le président qui s’était engagé en faveur de la défense de la souveraineté de son pays. Mais encore une fois, il ne faut lui en vouloir. Il a les mains liées par les circonstances qui ont présidé à sa venue au palais de Koulouba. On verra pour la suite.
Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info / 4-9-2013
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