IBK, A Tè BèN TEN… Président Ibrahim Boubacar Keita

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Mieux vaut bien user de la parole que d’être bien usé par la parole.

Ibrahim Boubacar Keïta, président de la République malienne
Ibrahim Boubacar Keïta.
REUTERS/Louafi Larbi

Ce titre en Bambara peut-il être bien traduit en français? Ce n’est pas certain. Car la langue de Djéli Baba Sissoko, inimitable auteur malien de contes et celle de Molière, éminent écrivain français, sont  culturellement très différentes.

C’est d’une œuvre remarquable du regretté journaliste talentueux et audacieux, Ousmane Sow, intitulée « ATT, Sabali » qu’est née l’inspiration de ce titre attribué à l’actuel président IBK.

Pour bien analyser des paroles publiques présidentielles, mieux vaut réfléchir dans la langue de Djéli Baba et écrire dans celle tropicalisée de Molière. Expression vocale de la pensée, la parole a été et reste encore le bon moyen de s’adresser au plus grand nombre de personnes. La parole est un art. L’art de transmettre ses ressentiments à travers une langue.

Moulée dans la case de la raison, la parole devient très souvent utile. Mouillée dans la cage de l‘émotion, cette même parole ne produit généralement que des ondes de choc nuisibles. Les traces de ces paroles émises sous le coup de l’émotion restent plus longtemps dans la mémoire des gens que celles faites sous le sceau de la raison. La parole, malgré tout, est un bon outil de communication. Mieux vaut bien user de la parole que d’être bien usé par la parole. Parlons donc de certains propos malencontreux sortis de la bouche de notre président de la République au cours de ces derniers mois :

Ils sont des « hassidi », a lancé, Ibrahim Boubacar Keita, le président de tous les maliens, à l’endroit de tous ceux qui contestent son pouvoir pour n’avoir pas obtenu des postes «  nuitamment » convoités auprès de lui. C’était le 25 avril 2014 lors de sa rencontre avec les maliens du Maroc à l’occasion de son séjour présidentiel dans ce royaume chérifien. Le chef de l’Etat réagissait, entre autres, à une critique très dure du parti PARENA publié sous le titre : « IBK, sept mois après : le Mali dans l’impasse ».

Une tête d’affiche de l’opposition, secrétaire général du PARENA, Djiguiba Keita dit PPR, a répliqué dans un communiqué en ces termes : « …nous mettons respectueusement au défi le chef de l’État de dire aux Maliens les noms des dirigeants du PARENA qui ont effectué cette démarche auprès de lui et d’édifier nos compatriotes sur le jour, l’heure et les témoins de l’audience au cours de laquelle il a été démarché », PPR a ensuite insisté que l’ORTM, la télévision nationale leur donne la parole « …à la même plage horaire (après le JT) un droit de réponse afin de répondre aux allégations du président qui portent atteinte à l’honneur et la crédibilité de notre parti ». Ce fut une erreur monumentale d’un président de la République qui doit accepter de se taire face à une adversité loin d’être une animosité.

Communiqué présidentiel lu à la Télé sur « l’Affaire Michel Tomi ».

Avant que le président ne fasse, au Maroc, cette grave confusion entre la parole qui doit être dite en privé et celle à prononcer en public, une grosse gaffe communicationnelle a été commise à l’échelle internationale par des professionnels qui ont laissé passer un communiqué télévisuel sur l’Affaire Michel Tomi. Dans ce communiqué, à la fois, trompeur et manipulateur de la présidence de la République, aucune phrase, aucun mot n’a porté le moindre démenti des allégations contre IBK faites par le journal Le Monde. Ce jour, l’interruption du journal pour lire, par le porte parole du gouvernement, un communiqué aussi tortueux qui visait à blanchir IBK, n’a servi que de grande publicité gratuite pour un journal français méconnu au Mali. Les conseillers en communication, le ministre de l’Information et le porte parole du gouvernement auraient dû accepter d’être démis de leurs fonctions que de cautionner la diffusion d’un papier semeur de doutes dans l’esprit des téléspectateurs et lecteurs. Lisez ou relisez-le attentivement :

« Communiqué de la Présidence de la République en réaction à un article paru dans le journal français Le Monde

Par Koulouba 28 Mars 2014

Dans un article du journal français “LE MONDE”, daté du 28 mars 2014, sous le titre La justice sur la piste du “parrain des parrains” diffusé sur le site Internet dudit quotidien, les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme affirment que “plusieurs chefs d’Etat seraient impliqués dans le “système Tomi”, en citant le nom du Président de la République du Mali, Monsieur Ibrahim Boubacar KEÏTA.

Cet article vise à salir l’honneur d’un homme, Ibrahim Boubacar KEÏTA, dont les valeurs d’intégrité et de rigueur morale n’ont jamais été remises en cause, et ce par qui que ce soit. Mais au delà de la personne du Chef de l’Etat et de l’institution qu’il incarne, il veut jeter le discrédit sur les efforts inlassables de toute une nation pour sortir d’une crise sans précédent.

C’est pourquoi, ayant pris toute la mesure de cet article, le Chef de l’Etat a pris l’attache d’avocats malien et français, afin d’étudier toutes les suites judiciaires possibles, y compris en termes de mesures urgentes et à titre conservatoire ».

 

Sous le coup de l’émotion et par précipitation, il est complètement imprudent de la part de toute personne ou toute personnalité d’engager une poursuite judiciaire contre un journal pour des cas qui ne constituent pas un flagrant délit. Surtout que les journalistes ne publient jamais la totalité de leurs éléments quand ils dévoilent des relations et informations importantes. Il serait mieux que la présidence de la République, malgré la constitution d’une équipe d’avocats maliens et français, renonce à une telle poursuite dont l’issue lui sera à la fois onéreuse et malheureuse. En juin dernier, nous avions conseillé aux gens dans un article titré à la Une : « Opprimer la presse, c’est exposer sa détresse », d’éviter de s’attaquer à la presse écrite ou parlée.

 

« Dans ce pays, Radio Kankan marche à pleines ondes »

Quelle glissade verbale inappropriée ! Surtout de la part d’un président de la République qui a déploré, dans une entrevue à Jeune Afrique, en mai dernier, le manque de performance de sa cellule de communication. Etait-il nécessaire de s’attaquer à ce monde de la presse parlée qui ne fait que présenter et commenter, avec leurs différents tempéraments, les écrits publiés ? Si ces écrits comportent des rumeurs, ce ne sont pas des commentateurs et commentatrices qui doivent vérifier l’exactitude de leurs contenus.

Dans la mesure où « Radio kankan » signifie, diffusion de rumeurs, il est hasardeux de considérer de colporteurs de rumeurs tous ces gens qui ne disent pas ce que vous voulez entendre. Par ricochet, ceux qui les écrivent sont des producteurs de rumeurs qui ravitaillent des colporteurs.

La totalité de cet extrait enlève tout doute sur votre désir de confrontation médiatique à laquelle vous exhortez les partis de la majorité présidentielle que vous rencontriez ce jour : « Dans ce pays, Radio Kankan marche à pleines ondes. De manière univoque, il serait souhaitable que de temps en temps une voix autre vienne au secours de la vérité. Cette voix devrait être la vôtre. Mais si Radio Kankan arrive à vous abuser, vous, quoi faire ?, que faire ? Là est la question. Une majorité présidentielle n’a de sens que si elle est en soutien intelligent, constant, opposé. Votre volonté politique, je vous le dis en toute franchise, m’a laissé sur ma faim… Si une douleur a été mienne, ces temps-ci, c’est bien celle-là… »

Eh bien, c’est le président défenseur des intérêts de tous les citoyens maliens qui a  ainsi parlé à ses « supporteurs ». IBK, A tè ben ten… Faso bara.

Et certains de ses « détracteurs » de la presse écrite et parlée n’ont pas tardé à répondre au président de la République d’un ton humoristique :

“Billet : Allô Koulouba ? Ici  Radio Kankan émettant depuis  le Dabanani

Mon très cher grand auditeur, j’ai appris avec intérêt que tu m’as cité lors de ta récente sortie sur la bande FM de Koulouba sans mon autorisation. Ainsi, sans ce préalable tu as  osé parler de moi à vos amis et soutiens politiques de la Mouvance Présidentielle. Négativement ! Sauf respect au Cousinage, j’allais dire qu’il y’a eu intrusion dans mon champ d’action et le dire vertement à THEOS et à HERTZ. Ce n’est pas grave, très cher Magistrat suprême. J’encaisse puisque ma plainte n’aura jamais eu de suite. Pourtant nous vivons dans une république. Je m’en remets à SoubahannahWATAllah. Tu as décidé de parler de moi sans remuer ta langue et, en fait, sans rien dire de moi en mal. Heureusement ! Dans mon jargon cela est un aveu. Je suis et reste bien ta cousine malinké née à Kankan.

 Nous buvons à la même eau du grand Djoliba, c’est pourquoi ici à Bamako Coura on m’appelle, affectueusement, Radio Kankan. Tu ne peux pas ne pas le Savoir. Pour la petite histoire, renseignes-toi, je ne suis ni infidèle encore moins porte-malheur. Mon atout, c’est obliger le silence à me vendre son or. Ah, oui! Je ne fais pas non plus pleurer mais mon art est de donner l’insomnie à celui qui se croit plus malin. Mes victimes trouvent que je suis folle, et me qualifient de rumeur. Un  tourbillon quoi ! Ces qualificatifs me font sourire. La preuve est que mes tracts payent toujours… »

Et ce fut le tour de deux voix masculines bien écoutées d’une radio privée :

« Tout est « radio kankan » dans ce Mali »

« …Tiè, nous avons désormais un nouveau nom : Radio kankan, nous l’acceptons.

  • Oui je ne vais pas oublier notre nouveau nom donné par le président
  • Mais il faut savoir que nous sommes des commentateurs kankan, d’une radio kankan, dans un pays kankan, avec un gouvernement kankan dirigé par un président kankan… », ont-ils répété souvent tout au long de leur émission.

Cette parole osée du président IBK à l’endroit de la presse ne rendra pas faciles les relations entre le chef de l’Etat et une bonne partie la presse, détentrice du 4eme pouvoir traitée de porteuse de rumeurs.

Votre journal Option, doté d’archives variées sur la situation sociopolitique, tient à rappeler qu’en matière de rumeurs un cas irréfutable a existé. Il s’agit de la supposée mort de l’ancien président de la transition malienne, Dioncouda Traoré quand il occupait le poste de président de son parti ADEMA.

A l’époque, l’actuel président du Mali, IBK, qui était président de l’Assemblée nationale a cru, à travers un communiqué funèbre, à la mort infondée  de Dioncouda Traoré qui se soignait en France.  Ce communiqué a été signé par le Directeur de Cabinet d’IBK. Après la diffusion de cette folle rumeur tueuse, la chanteuse Oumou Sangaré s’est jointe à la délégation de l’ADEMA pour accueillir, à l’aéroport de Bamako, Dioncounda Traoré revenant de Paris.

Dans quelques trois semaines, le président IBK complétera le quinzième mois d’exercice extrêmement difficile de son pouvoir présidentiel coïncidant au début de l’an 2015. Nous lui faisons ces critiques, certes sévères mais sincères, afin qu’il fasse des efforts sur lui-même pour éviter, au cours de la nouvelle année 2015, des écarts de langage. Des propos infructueux qui ne font qu’exacerber un climat sociopolitique encore tendu par l’occupation inadmissible de notre huitième région par des apatrides armés.

Dans la langue de Djéli Baba, ne dit-on pas que « Tounya fô tériyé o tè tériya sa… ». Et dans celle de Molière on dit « Qui aime bien châtie bien »

Lacine Diawara, Option

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5 COMMENTAIRES

  1. « Tounya fô tériyé o tè tériya sa… ». Et dans celle de Molière on dit « Qui aime bien châtie bien »
    Pourquoi t’as besoin de dire ca Diawara ceni? Soit tu fais du “Nabeleya” ou du “nafiguiya”

  2. Un président doit avoir des bon conseillers or au mali les conseillers ne sont pas capable de dire la vérité à leurs supérieurs pour ne pas perdre leurs place un bon conseillers est un amis d’enfance qui s’en fout que tu soit président ou riche il regarde l’amitié qui est entre vous depuis l’enfance

  3. Le président n’a pas un de conseil en communication.
    Les GAFFES de son ministre de communication sont pires que celles du président.
    Je sais pas sur quelle critèrela présidence recrute
    ses collaborateurs.

    • Ce ne sont pas les conseillers en communication qui font un homme, surtout pas a 70ans. IBK a toujours ete comme ca, c’est a dire hautain, idiot, et par dessus tout il croit avoir pris les gens sur le champ de bataille, lui donnant de facto tout droit sur son interlocuteur. On l’a vote, alors ASSUMONS!

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