Après quatre grandes manifestations (marche du 17 juin dernier, meeting le 1er juillet dernier, marche du 15 juillet dernier, meeting du 3 août dernier) pour exiger le retrait pur et simple du projet de révision constitutionnelle, la Plateforme « An tè, A bana : Touche pas à ma constitution ! » qui regroupe plus des associations de la société civile, des organisations syndicales et des partis politiques, a tenu le samedi 19 août 2017, un grand meeting à la bourse du travail. Ce meeting intervient le lendemain de l’adresse à la nation du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) pour solennellement surseoir à l’organisation d’un référendum sur la révision constitutionnelle. L’objectif de ce meeting, en lieu et place de la marche initialement prévue, était donc de célébrer ce que la Plateforme considère comme « une victoire ». Pour autant, la lutte de la Plateforme n’est pas terminée, car, elle veut continuer à jouer le rôle de sentinelle vigilante pour combattre la mauvaise gouvernance au Mali. Au cours de ce meeting, les responsables de la Plateforme ont non seulement salué le président IBK d’avoir fait preuve de sagesse, mais aussi les notabilités pour leur médiation.
Vêtus en rouge, casquette rouge sur la tête, des milliers de personnes ont pris part à ce grand meeting organisé par la Plateforme « An tè, A bana : Touche pas à ma constitution ! ». Parmi les manifestants, on peut citer la présidente de la Plateforme « An tè Abana », Mme Sy Kadiatou Sow, son vice-président, l’honorables Amadou Thiam non moins président de l’Adp-Maliba, le président de l’Union Pour la République et la démocratie (URD), l’honorable Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition, le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé, Dr Madou Diallo de l’URD, Nouhoum Togo du Pdes, Oumar Mariko du SADI, Djbril Tangara du FCD, Ouma Hammadoun Dicko du PSP, Souleymane Koné des Fare An Ka wuli, Djiguiba Keïta alias PPR du Parena, le secrétaire général de la CSTM, Hammadoun Amion Guindo, le chroniqueur Ras Bath, l’artiste Master Soumi, l’ex conseiller à la présidence, Etienne Fakaba Sissoko, les leaders du Mouvement trop c’est trop dont Amadou Bédi Daou et bien d’autres personnalités.
C’est aux environs de 10 heures que les travaux réels commencèrent avec l’exécution de l’hymne national du Mali. On pouvait lire sur les banderoles : « Non à la diabolisation des opposants, à la révision constitutionnelle », « Le pouvoir est et restera au peuple». Lors de ce grand meeting, il y a eu une quinzaine d’interventions. Le ton sera donné par le vice-président de la Plateforme « Antè Abana, touche pas à ma constitution », l’honorable Amadou Thiam. Selon lui, ce meeting est organisé pour célébrer, non pas, la victoire de la Plateforme « Antè A bana » seulement mais celle du peuple malien. Avant de remercier les chefs religieux, la famille fondatrice de Bamako pour leurs esprits de dialogue et de médiation. A l’en croire, la lutte pour l’abandon de la révision constitutionnelle n’a pas été facile, car, certains membres de la Plateforme ont perdu leur emploi, leur contrat, d’autres ont été agressés. « Une lutte est terminée, d’autres commencent. La Plateforme « Antè A bana » restera pour mener d’autres combats tels que la lutte contre l’insécurité. Elle va veiller pour lutter contre toute dérive », a-t-il précisé. Il sera suivi par le président du Parena, Tiébilé Dramé qui a remercié les uns et les autres pour la lutte. « Ce n’est pas un sursis qu’on a demandé mais un retrait pur et simple du projet de révision constitutionnelle. La majorité des maliens ont combattu cette révision constitutionnelle. La lutte continue jusqu’à la victoire finale. Quatre ans, nous assistons à la mauvaise gouvernance. Rien ne sera plus comme avant. A partir de cet instant, nous ne resterons plus les bras croisés », a-t-il martelé.
‘’Nous allons continuer à jouer le rôle de sentinelle vigilant’’
Quant au chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé, il a salué la bravoure de la jeunesse malienne à travers des manifestations citoyennes. Avant de signaler que le pouvoir appartient au peuple. Par ailleurs, il a déploré l’insécurité qui mine le Mali. Pour sa part, le secrétaire général de la CSTM (Coordination syndicale des travailleurs du Mali), Hammadoun Amion Guindo a fait savoir que la Plateforme « Antè Abana : touche pas à ma constitution » doit être un cadre de veille pour le bien être du Mali. Nouhoum Togo du Pdes, Oumar Mariko du Sadi et l’ancien Premier ministre du Mali, Soumana Sako soutiennent également cette thèse. Ils ont, aussi, salué le président IBK pour avoir fait preuve de sagesse en décidant de surseoir à son projet de révision constitutionnelle. « Nous allons continuer à jouer le rôle de sentinelle vigilant », a déclaré Soumana Sako. Avant de souhaiter l’union sacrée des maliens pour sortir le pays de l’ornière et de faire en sorte que Kidal soit dans les girons de la République. Selon l’artiste engagé Master Soumi, seul la lutte libère. Et d’ajouter que c’est l’engagement patriotique qui est à la base de la création de la Plateforme « Antè Abana ». « On a gagné une bataille et le combat. Le combat, c’est quoi ? C’est la consolidation de la démocratie, le combat, c’est la préservation de nos droits. Le Président IBK sursoit son projet de révision constitutionnelle au bon moment », a-t-il dit. Le syndicaliste Djimé Kanté s’est réjoui en disant que le Président IBK a exécuté ce que la Plateforme « Antè Abana » a demandé. « La Plateforme a poussé IBK à l’écouter », a-t-il dit. Pour sa part, Ibrahim Kébé a non seulement invité le président IBK à ne pas recommencer son projet de révision constitutionnelle, mais aussi, aux membres de la Plateforme « Antè A bana » à rester vigilants. Selon lui, plusieurs écoles restent fermées au nord du Mali à cause de l’insécurité. Aux dires de Amadou Beidi Daou du Mouvement trop c’est trop, la Plateforme « Antè A bana » n’acceptera plus la mauvaise gouvernance. Le chroniqueur Ras Bath a remercié les notabilités pour leur médiation. « On a choqué, le projet de révision constitutionnelle a été suspendu. Le président de la République reconnait sur Aldjazira que 60% de la population malienne n’ont pas accès a l’eau potable, que beaucoup de Maliens n’ont pas accès à la santé à l’électricité, à la sécurité. L’essentiel, c’est la sécurité, c’est l’eau, c’est l’éducation et non de donner 600 millions de FCFA à Me Cecalldi. L’Etat doit être au service du peuple », a conclu Ras Bath.
Aguibou Sogodogo