IBK nomme son 5e premier ministre : Soumeylou pour sauver le mandat ?

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Nommé le 30 décembre 2017, Soumeylou Boubèye Maïga (SBM), le cinquième Premier ministre du premier quinquennat d’Ibrahim Boubacar Keïta, a du pain sur la planche. Il doit sauver un mandat qui s’achève dans sept petits mois, en venant à bout de nombreux défis majeurs. Insécurité, terrorisme, conflits sociaux, chômage, retour des investisseurs… Sa première mission: redresser un Mali au bord de l’implosion, rongé par des maux et qui peine à sortir de la crise sécuritaire et économique qu’il vit depuis 2012. SBM est commis à la lourde tâche de réaliser des miracles. Sera-t-il à hauteur des attentes? Les avis divergent au sein de l’opinion nationale.

L’équipe dirigée par Soumeylou Boubèye Maïga, a pris officiellement ses fonctions au moment où les Maliens ont perdu espoir. Il va devoir combattre ce sentiment de désenchantement d’une population lasse des crises sociale, économique et sécuritaire. Les priorités sont connues de longue date, notamment la lutte contre l’insécurité ambiante, le marasme économique, le chômage, la corruption, la forte demande social…

L’une des tâches de la nouvelle équipe sera effectivement de s’atteler à l’apaisement du climat social, caractérisé par des grèves à répétition. Le gouvernement compte en son sein un ancien membre du puissant syndicat Untm (Union nationale des travailleurs du Mali), ce qui, à lui seul, n’est toutefois pas un gage de réussite.

Les enseignants du fondamental avaient déjà annoncé la couleur, aussitôt après l’installation de l’équipe gouvernementale. A cette fronde se sont venues se greffer les manifestations d’humeur des travailleurs compressés de l’Huicoma. Si les enseignants semblent revenus à de meilleurs sentiments, il n’en pas ainsi pour ces compressés et des agents d’autres secteurs. Spécifiquement, le syndicat de l’enseignement supérieur n’a pas totalement rangé les armes.

 

Sortir de l’impasse…

Autre défi majeur est d’assurer la sécurité des Maliens. La menace terroriste reste à un niveau extrêmement élevé au Mali. Ce dossier-là, SBM le connaît. Les forces armées présentes au nord et au centre du pays subissent des attaques répétées, si elles ne sont tout simplement pas victimes d’engins explosifs improvisés. La première mesure à prendre par le nouveau Premier ministre doit être le renforcement véritable des moyens des forces armées et de sécurité maliennes qui manquent encore de matériels adéquats pour faire face aux assauts répétés des groupes armés. Il s’avère impérieux de donner les moyens aux forces de sécurité. Les moyens roulants, humains, matériels sont les tout-premiers problèmes auxquels sont confrontées les forces armées et de sécurité maliennes dans l’exercice de leurs missions.

La nouvelle équipe a également le devoir de sortir le Mali de l’impasse du chômage. C’est connu : la promesse de Ibrahim Boubacar Keïta d’inverser la courbe du chômage avant la fin de l’année 2018 semble bien loin. Le nombre de chômeurs continue de grimper, même si le département en charge de l’emploi assure avoir déjà gagné le pari de créer les 200 milles promis par le candidat du Rassemblement pour le Mali en 2013.

Autre défi à court terme : séduire les bailleurs et investisseurs. Si le pays jouit d’une sympathie certaine auprès de certains partenaires, notamment en Europe, il n’est pas parvenu jusque-là à attirer les investisseurs. Les projets de coopération, eux, se concrétisent au compte-goutte.

Ensuite, le gouvernement devra relever le défi du renflouement des caisses de l’Etat. Les réformes nécessaires pour créer le cadre macro-économique nécessaire à cette fin doivent être engagées au plus tôt. Ainsi, Soumeylou Boubèye Maïga pourra vite améliorer le cadre de vie, sensiblement dégradé, des 15 millions de Maliens. Ceux-ci, en grande majorité, tirent le diable par la queue.

Enfin, le nouveau premier ministre et son équipe ont le devoir, éventuellement, de préparer l’organisation d’une élection présidentielle crédible, mais à remporter en 2018. Chose pas aisée, quand on sait que SBM prend son poste avec la cote de popularité la plus basse du mandat de Ibrahim Boubacar Keïta et des perspectives de succès plutôt réduites.

SBM sera-t-il à hauteur de mission ? Les avis divergent. Pour les uns, il est un fin stratège, parfait connaisseur des hommes et des rouages de la politique malienne et de la question du Nord du Mali. En effet, il a une carrière bien remplie, pour avoir été plusieurs fois ministre mais aussi patron de la Sécurité d’État (1993-2000). C’est là un atout sérieux qui augure le succès dans la résolution de la crise du Nord dont SBM connait parfaitement les protagonistes.

Aussi, le nouveau Premier ministre disposerait d’un riche carnet d’adresse, en clair il serait un homme de réseaux qui finit toujours par obtenir ce qu’il veut. Bon nombre d’observateurs s’accordent à dire que SBM est particulièrement apprécié à Alger, un partenaire stratégique dans la résolution de la crise du Nord.

Pour d’autres, toutes compétences attribuées à SBM ne sont que pur mythe. « Qu’a-t-il réglé dans le problème du Nord, alors qu’il gérait le portefeuille de la Défense ? », interroge un homme politique. D’ailleurs, ajoute-t-il, son étiquette « d’homme d’Algérie » sera son principal handicap dans ses rapports avec d’autres pays, tout aussi incontournables dans la recherche de solutions à la problématique du septentrion.

Personnage plutôt craint qu’aimé, SBM est aussi décrit comme un politique qui ne joue à fond que ses propres intérêts. « C’est un homme d’intérêt que de devoir », assène notre interlocuteur qui se hâte de préciser que l’argent est le faible du nouveau Premier ministre. Il pari que l’opinion nationale et internationale ne tarderont pas à découvrir le vrai visage du natif de Gao.

I B D

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