Le président de la République du Mali, Ibrahima Boubacar Kéïta met, une fois de plus, de l’huile sur son propre feu par le canal de Jeune Afrique.
Le président de la République a accordé une longue interview à nos confrères de Jeune Afrique pour répondre aux nombreuses critiques qui lui sont faites au plan national. Alors que les Maliens l’attendaient pour s’expliquer sur divers sujets où les interrogations sont nombreuses, IBK (comme le font beaucoup de mauvais dirigeants du continent) a préféré la presse internationale pour défendre ses positions, exposé ses tares et avatars.
Dans cette interview déguisée, IBK répond sur des questions comme l’achat du fameux avion à 20 milliards, l’entrée de son fils Karim en politique, la rébellion au nord, ses relations avec l’homme d’affaires français Tomi, ses liens avec l’opposition, ses prédécesseurs…
Autant de sujets qui préoccupent les Maliens qui aimeraient avoir le point de vue du chef de l’Etat.
On ne sait pas combien d’entre nous ont lu ce papier de Jeune Afrique. Ce qui est certain, c’est qu’une interview via l’Ortm ou L’Essor aurait indubitablement fait exploser et convaincre l’audimat.
Le président de la République a ainsi manqué une occasion de partager avec son peuple.
Malheureusement, ceci n’est pas nouveau. On se souvient des numéros spéciaux dans des revues qui avaient très peu de chance de tomber entre les mains des citoyens moyens avec Amadou Toumani Touré. Chacun sait que les dirigeants africains ont un faible pour les media internationaux au point d’oublier que les plus directement concernés par leurs déclarations sont ceux qui n’ont qu’un faible accès à ces journaux ou chaînes de luxe.
Un entretien avec L’Essor, l’Ortm, avec ou sans «Africable Télévision», ou encore une conférence de presse, les directeurs de publication des journaux privés les plus rectites, a infiniment plus d’impact sur l’opinion publique malienne que ces media que ne lit qu’une certaine élite.
Est-ce parce qu’IBK le mal nommé n’apprécie que modérément la qualité de la presse malienne ? On se souvient après sa déclaration de vouloir aider cette presse à condition d’en exclure les «médiocre». Est-ce parce qu’IBK, comme nombre de ses pairs, n’accorde aucune espèce d’importance à son image sur la scène nationale ? En tout cas, on image mal un dirigeant d’un pays occidental ne pas réagir d’abord via les media nationaux avant de se fendre dans un long entretien à la presse internationale.
Il l’a fait sans savoir qu’il vient une fois de plus de mettre de l’huile sur son propre feu.
Mamadou Diakité