En trois de pouvoir, Ibrahim Boubacar Kéita a rémanié cinq fois le gouvernement avec, à la clé, trois premiers ministres différents (Oumar Tatam Ly, Moussa Mara et Modibo Kéita).Ces changements incessants traduisent une instabilité politique réelle et ont pour effet d’empêcher toute réforme durable des services publics. Mais pourquoi IBK a-t-il décidé de rémanier à nouveau l’Exécutif ?
Le principal trait marquant de la nouvelle équipe, c’est qu’elle donne une idée nette des forces politiques sur lesquelles le chef de l’Etat, candidat en 2018, entend s’appuyer pour briguer un second mandat.
IBK fait ainsi définitivement main basse sur l’ADEMA, deuxième formation parlementaire du pays, qui s’adjuge la bagatelle de quatre ministères : Abdel Kader Konaté au Commerce, Mohamed El Moctar à la Réconciliation nationale, Kénékéou dit Barthélémy Togo à l’Education nationale et, surtout, Tiémoko Sangaré, président de l’ADEMA et tout nouveau ministre des Mines. Accessoirement, le chef de l’Etat limoge Dramane Dembélé, un homme qui, investi par l’ADEMA à la présidentielle de 2013, avait abandonné le parti au milieu du gué pour rejoindre le candidat du RPM et suscitait, pour cette raison, une sourde hostilité de l’appareil adméiste. En attirant les apparatchiks de l’ADEMA dans son giron, IBK se prémunit contre toute tentative des anciens présidents (ATT et Konaré) d’utiliser à d’autres fins ce parti connu pour ses appétits gloutons et sa soif de prébendes.
Le chef de l’Etat ne s’arrête pas en si bon chemin: à travers Amadou Koita, ministre de la Jeunesse, et Malick Alhousseyni, ministre de l’Energie, il courtise ostensiblement l’électorat proche de l’ancien président ATT. Certes, Koita et Malick ont migré vers la mouvance présidentielle, mais ils n’en restent pas moins proches des amis d’ATT qu’ils peuvent influencer avec succès pour soutenir l’actuel hôte de Koulouba. D’autant que celui-ci mutiplie, ces derniers temps, les hommages vibrants à l’homme du 26 mars 1991 dont le dossier d’accusation pour haute trahison vient, le 30 juin 2016, d’être renvoyé une énième fois par l’Assemblée nationale. En somme, grâce aux actions conjuguées du RPM, de l’ADEMA, de la mouvance ATT, de la CODEM (une énorme machine électorale) et de Me Mountaga Tall (désormais contraint de prendre le micro gouvernemental et donner la réplique aux tonitruants leaders de l’opposition), IBK espère sortir sa majorité de « l’indolence » qu’il lui reproche et la lancer dans la future bataille présidentielle.Deux sûretés valant mieux qu’une, le président hisse au rang de numéro du gouvernement son ancien directeur de campagne et grand manitou des élections: Abdoulaye Idrissa Maiga, ministre de l’Administration territoriale.
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